Genre·s et numérique


 

Dans une société occidentale où les cadres de socialisation traditionnels ont perdu de leur légitimité et les valeurs d’autonomie gagné en puissance (Singly 1993a), quel rôle joue le numérique sur le·s genre·s ? Le numérique – entendu ici comme une réalité théorique, technique (Bouchardon, 2014) et socioculturelle désignant un ensemble d’activités humaines (Doueihi, 2013) et de dispositifs techniques qui concourent aujourd’hui à produire, faire circuler et partager l’information, la connaissance et les sociabilités – contribue, pour le « meilleur » comme pour le « pire », à transformer les frontières du genre. Pharmacologique et disruptif (Stiegler, 2016), l’internet est une arme à double tranchant : il est le remède des paroles minoritaires et contestatrices, mais aussi leur poison (ibid.) quand des régimes de paroles décrédibilisent le genre (Julliard, 2016). Il est un espace de classement qui ordonne une certaine vision du monde (Farchy, Méadel, 2013) ; un lieu qui, dominé par une culture blanche patriarcale privilégiée, produit et reproduit des rapports de pouvoir (Cohn, 2019). Abondant de discours épidictiques, il sert et dessert les genres et le genre. Au pluriel, le mot « genres » est ici pensé comme une réalité identitaire non binaire (Bourcier, 2003) qui se construit par des actes (Butler, 1990). Au singulier, il désigne un concept transdisciplinaire fluide, un outil de pensée et d’analyse, une catégorie sociale, un rapport de pouvoir, un espace social multiple (Beaubatie, 2020), un outil de classement (classe de sexe) et de différenciation sexuelle, un principe d’organisation qui précède le sexe (Delphy, 1991), ou encore une norme (ou anti-norme), etc. En effet, l’acception du genre et les enjeux ou usages que charrie ce concept varient selon les écoles de pensée, épistémologies, ères ou contextes politiques et socioculturels…

Tweets et publications sur Instagram.

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Marqué du sceau de la domination masculine, le numérique ouvre de plus en plus de possibles pour le·s genre·s. D’un côté, il contribue à façonner des pratiques, représentations et expériences sociales qui s’extirpent de l’ordre du genre. De l’autre, il fait l’objet d’usages qui matérialisent une conception essentialiste de la masculinité et de la féminité à l’origine d’une hiérarchisation des sexes, des corporalités et des sexualités.

 

Le numérique a-t-il un genre ?

 

L’histoire des sciences et des techniques a montré que les objets étaient, depuis leur prototype jusqu’à leur commercialisation et consommation, empreints de normes de genre (Chabaud-Rychter, Gardey, 2002). Qu’il s’agisse du monde matériel, logiciel, virtuel ou usager, le numérique est imprégné du système du genre qui s’impose, malgré des tentatives pour « démasculiniser » la technologie (Collet, 2019). Souvent conçus par des hommes, les jeux vidéo mainstream (Lignon, 2015), applications ou supports de quantification de soi (Scarcelli, 2020), données massives, constructions des systèmes, etc., tendent effectivement à renforcer le partage du genre. Perçue comme une « nouvelle ingénierie du pouvoir » (Crawford, citée par Guillaud, 2019), l’intelligence artificielle classe les individus et les discrimine. Ainsi les biais de genre imprègnent-ils aussi bien les systèmes de langue (Garg et al., 2018) que de reconnaissance faciale (Uzun, 2020). Or, ces biais sont étroitement liés à la masculinisation (en Occident) de ce secteur (Collet, 2019) ; en France, par exemple, les hommes occupent 77 % des emplois du numérique (Institut national de la statistique et des études économiques, 2019). A contrario, ce secteur est significativement plus féminisé dans plusieurs pays d’Asie et au Proche-Orient (Alghamdi, 2016 ; Unesco, 2016). Le « genre du numérique », qui varie selon les sociétés, évolue aussi au gré des époques. Ainsi l’informatique fut-elle pendant longtemps féminisée en Occident : les femmes y ont joué un rôle central jusqu’aux années 1970 (Collet, 2019). Ce n’est que lorsque le secteur a joui de prestige que les femmes ont été « oubliées » et qu’il s’est masculinisé (ibid.). Infusées de valeurs sui generis (possession, compétition, etc.), les machines informatiques ont alors fait l’objet d’un rejet par les femmes (Turkle, 1986).

 

Usages : rapports de pouvoirs et prolongement des rôles sociaux

En France, la sociologie des usages a particulièrement relevé l’importance du genre dans les modes d’appropriation de l’informatique et des technologies de communication (Jouët, 2003 : 55). Les premiers travaux mettent l’accent sur la fracture numérique en termes d’accès et d’équipements (Granjon, 2009) et sur la sexuation des usages comme prolongement de la construction des rôles de genre. Les divergences d’appropriations résultent notamment dans le rapport noué avec les premières machines informatiques, symboles de puissance pour les hommes qui s’adonnent à des usages plus techniques (i.e. la programmation). Ils leur assignent un statut de sujet quand les femmes, qui développent des usages plutôt fonctionnels, leur allouent un simple rang d’objet (Jouët, 2003 : 71).

Non figés, les usages évoluent toutefois avec la massification et la miniaturisation du micro-ordinateur et des objets numériques ainsi qu’avec l’essor de l’internet grand public à la fin des années 90. Les technologies s’éloignent de la culture informatique et deviennent plus proches de la communication (ibid.). Sur le plan symbolique, l’avènement de la culture numérique engendre une rupture dans les usages : elle altère le statut de domination de ces outils qui ne nécessitent plus d’habileté particulière (ibid. : 81-82). Pour autant, si la culture numérique favorise une appropriation féminine, elle ne saurait gommer les rapports sociaux de genre. Les usages de l’internet reproduisent effectivement la sexuation des usages de l’informatique (ibid. : 71), et ce à plusieurs égards : dans le choix des vocables, l’attribution de compétences ou la répartition des rôles de genre. Ainsi le qualitatif « technique », valorisant et qualifiant, est-il associé à une « caractéristique masculine » (on ne saurait parler de compétences techniques pour la couture, considérée comme une activité liée à un apprentissage relevant de l’identité féminine). Cette observation rejoint la théorie féministe qui montre que la technique désigne ce que les hommes produisent et maîtrisent (Cockburn, Ploux, 2004). Ainsi est-il enjoint aux hommes de maîtriser la technique alors que, dans bien des cas, cette assignation de compétences peut se lire davantage comme une idéologie que comme une compétence effective (Le Douarin, 2004). Les stéréotypes de genre sont effectivement négociés au travers des usages des technologies, mais selon un jeu complexe qui s’inscrit dans l’équilibre des relations familiales (ibid.). Les femmes peuvent nier leurs compétences et afficher une dépendance technique envers le conjoint en vue de préserver et reproduire la différence des sexes (ibid.). Par exemple, bien que compétentes en informatique par le biais d’une pratique professionnelle, elles n’en relèguent pas moins la charge informatique dans l’espace domestique au conjoint ou au fils quand d’autres – mères au foyer qui ne voient pas forcément leur statut sous un angle positif – cherchent à contrôler cet objet qui leur échappe (ibid. : 158).

La même logique vaut pour des activités dites masculines : des filles peuvent s’adonner à des jeux vidéo prétendus virils, mais à la dérobée, pour mieux se conformer au modèle de la socialisation sexuée différenciée (ibid.). Révélateurs de rapports de pouvoir et de relations conjugales, les usages domestiques des technologies de l’information et de la communication prolongent dès lors des rôles sociaux de genre (ibid. ; Jouët, 2003), qui s’affirment d’ailleurs d’autant plus au sein des classes populaires (Granjon, 2009 ; Bourdeloie, 2020). Attestant d’une asymétrie avec la construction sociale du genre, les premières recherches qualitatives et quantitatives sur les usages de l’internet abondent dans ce sens : les femmes utilisent davantage l’internet à des fins utilitaires – pour la santé, la prise en charge des domaines relevant du foyer ou de l’éducation des enfants ou pour communiquer – quand les hommes se livrent surtout à des plaisirs récréatifs (Granjon, 2009 ; Fallows, 2005) tels que la consultation d’actualités politiques (Harp, Tremayne, 2006), sportives ou économiques (Knobloch-Westerwick, Alter, 2007). En 2005, une enquête statistique américaine du Pew Research Center (Fallows, 2005 : 12) montrait ainsi que les femmes étaient respectivement plus nombreuses à consulter le web pour des informations médicales (74 % vs 58 %) ou pour communiquer par courriel (94 % vs 88 %), et les hommes plus nombreux à parcourir les informations sportives (59 % vs 27 %), financières (56 % vs 33 %), les « sites adultes » (21 % vs 5 %), l’écoute de radio (38 % vs 20 %) ou à télécharger un programme informatique (48 % vs 31 %) (Fallows, 2005). Il n’en reste pas moins que la composante communicationnelle de ces technologies et leur mobilité (Lanson, Larissa, 2020) ont indéniablement bouleversé le « genre des usages ». De fait, le prolongement des rôles n’est pas irréversible et la plasticité de la technologie (Jouët, 2003) a permis, par un double mouvement, de déplacer les lignes de partage entre le féminin et le masculin (Bourdeloie, Julliard, Quemener, 2014). Au sein du foyer, c’est par la technologie que les hommes ont pris une nouvelle place dans la sociabilité domestique (Cardon Smoréda, Beaudouin, 2005) et c’est souvent par la communication et l’écriture – « territoires féminins » (Lacoue-Labarthe, Mouysset, 2012) dans le monde occidendal – que les femmes se sont appropriées l’internet et les objets numériques. Les premières enquêtes confirment effectivement des différences significatives en matière de sexuation des usages pour ce qui concerne les réseaux socionumériques : les femmes (occidentales) sont plus actives et y consacrent plus de temps (Comscore, 2010 ; Anderson, 2015). En 2010, 68 % des femmes internautes américaines étaient utilisatrices de réseaux socionumériques (vs 53 % d’hommes) (Anderson, 2015). Mais ces écarts se sont aujourd’hui considérablement réduits ; il n’est plus que de 7 points aux États-Unis en 2015 (80 % de femmes américaines vs 73 % des hommes ; ibid.) ; et de quatre points en Europe (65 % des femmes et 61 % des hommes en Europe ; Eurostat, 2020). Idem pour les usages du web qui, dans le monde occidental, se distinguent de moins en moins par les catégories de sites consultées ; si ce n’est pour certains domaines comme les comportements en matière d’achats, notamment de produits électroniques (32 % d’hommes vs 16 % de femmes) ou de films (28 % d’hommes vs21 % de femmes ; Eurostat, 2020). À une échelle régionale toutefois, on observe des réalités plus contrastées : les femmes (occidentales) sont toujours plus actives sur les médias socionumériques (78 % vs 69% pour l’Amérique du Nord ; 75 % vs 70 % en Amérique du sud ; 81 % vs 76 % en Europe du Nord) et utilisent davantage Snapchat (57,4 % vs 40,9 %) et Instagram (50,8 % vs 49,2 %), plutôt que Twitter (31,5 vs 68,5 % ; Statista, 2021). Elles le sont beaucoup moins en Afrique du Nord (34 % vs 55 %) ou en Asie du sud (27 % vs 73 % ; Kemp, 2021 : 87). En réalité, ces études qualitatives et quantitatives enseignent surtout que l’accès au numérique ne constitue plus une pierre d’achoppement pour les femmes. Ces recherches montrent aussi que, mouvants et évolutifs, les usages du numérique font apparaître une redistribution des cartes en matière de partage du genre, qui ne peut toutefois s’observer qu’à condition de surpasser les biais de binarité sous-jacents à ces approches en termes de sexuation (Julliard, Quemener, 2014).

 

Au-delà du binaire : les possibles du numérique en termes identitaires

Favorable aux possibilités d’agentivité (capacité d’agir) offertes par le numérique (Seddighi, Tafakori, 2020), la perspective cyberféministe propose d’autres lectures en s’interrogeant sur les fluidifications des identités. Les dispositifs numériques y sont considérés comme des artefacts qui abrogent les divisions normatives, autant que les clivages entre le social et la technique (Haraway, 2007). Postulant la diversité des identités de genre et des orientations sexuelles, ce courant disloque le système du genre. Dans ce sillage, plusieurs travaux ont mis en exergue les transformations des normes de genre qui, ancrées dans de profonds changements sociaux et structurels (Singly de, 1993a), trouvent un terrain fécond avec le numérique venant transcender les frontières. En effet, l’internet est un espace favorable à l’expressivisme et à la performance identitaire (Allard, 2009) ; un espace qui donne de la visibilité aux normes de genre alternatives et qui concurrence le modèle essentialiste de la division sexuée (Beaubatie, 2020) ; un espace qui brouille la séparation des identités de genre socialement construites. Les travaux sur les usages de la télématique l’ont d’ailleurs montré : l’expression de pulsions ou fantasmes et l’invention de codes sexuels y sont encouragées par l’anonymat et la « protection de l’écran » (Jouët, 2003 : 79) qui permettent de se libérer de toute assignation de sexe (ibid.). Les écrans connectés créent une distance qui, en dehors du poids des conventions sociales, désinhibe les femmes en les plaçant dans un climat de confiance tout en leur donnant la possibilité de s’adonner à des jeux identitaires (ibid. : 78). Plusieurs recherches voient dans l’internet un espace d’hybridation qui trouble le genre (Butler, 1990) et dans lequel l’anonymat permet à celui-ci de se dissocier du sexe, et de produire et de propager des identités plurielles (Turkle, 1995).

 

Expressions des genres et des minorités : mobilisations et participations en ligne

Plusieurs travaux mettent également en avant les potentialités en termes d’émancipation, d’expression des minorités, de mobilisation politique ou de diffusion des féminismes… offertes par le numérique. Dans des sociétés traditionalistes, les technologies numériques mobiles offrent aux femmes la possibilité de réinventer et négocier leur statut social (Fogue Kuate, 2020) ou de contourner les normes de l’invisibilité féminine (Bourdeloie, Gentiloni Silveri, Houmair, 2017). Dans les pays où les minorités de genre et sexuelle sont menacées, elles offrent des moyens d’expression inexistants dans les médias traditionnels et ébranlent les hiérarchies de genre et de race dominantes ; en tant que catégories historiquement et socialement construites (Seddighi, Tafakori, 2020). Propice au militantisme (Blandin, 2017 : 13), l’internet a donné un souffle nouveau à d’anciennes revendications féministes et en a fait naître de nouvelles à l’instar du mouvement « #Me Too » qui a donné de la force aux paroles dominées (Frau-Meigs, 2018 ; Ruffio, 2020). De nombreux espaces (blogs, comptes de réseaux sociaux, hashtags…) défendent le genre féminin, libèrent les paroles féminines, échappent aux rôles de sexe/genre, rompent avec les tabous sui generis et favorisent l’éducation sexuelle. Pour se libérer des carcans de la partition du genre, certains de ces espaces n’hésitent d’ailleurs pas à tirer parti de registres discursifs et visuels « impudents » (i.e. comptes Instagram Jemenbatsleclito ou T’as joui ?).

Exemple de publications des comptes Instagram Jemenbatsleclito et T’as joui ?

 

Des mouvements s’intéressent également à la reconnaissance des minorités sexuelles et à l’expression de modèles alternatifs. Par le biais des réseaux sociaux, des individus normalisent leur·s pratique·s sexuelle·s ou genrée·s minoritaires et facilitent le changement de leur·s identité·s de genre·s. Des vlogues (blogues s’appuyant sur la vidéo) contribuent à développer des savoirs alternatifs permettant une transition (processus de changement de rôle de genre), la reconnaissance sociale d’une identité transmasculine ou la possibilité de vivre en congruence avec son corps (Bosom, Medico, 2020). Contrant les représentations (dominantes) souvent pathologisantes de la transidentité, les plateformes numériques ouvrent la voie à une autre image du vécu et de l’expérience des minorités sexuelles (Dame-Griff, 2020). Du point de vue des corps « minoritaires » – non pas sur le plan statistique, mais sur celui des canons hégémoniques de l’apparence du corps –, les dispositifs numériques reconfigurent les standards. Contre les idéaux de la féminité promus par les médias traditionnels, des femmes se positionnent comme expertes de leur propre look (Quemener, 2015) et, ce faisant, développent des mouvements qui, comme le body positivisme (i.e. #bodypositive sur Instagram), visent à accepter des corps hors normes et à y apporter un regard positif (Afful, Ricciardelli, 2015). Contre les violences sexistes et sexuelles, des collectifs en ligne (i.e. #NousToutes) se sont organisés et éduquent les regards sur la construction sociale de la prétendue identité masculine de la violence. Le « féminisme connecté » permet l’émergence d’une « conscience collective » (Frau-Meigs, 2018). Dans cette mouvance, des sites web, blogues, chaînes Youtube, émissions de baladodiffusion (le nombre de podcasts sur le·s genre·s et les sexualités est en progression constante) se positionnant contre le modèle hétéronormatif dominant contribuent à démocratiser les savoirs féministes et à faire connaître des conceptions alternatives du genre ou des genres.

 

Refaire le genre avec le numérique

Pour autant, les mondes en ligne regorgent aussi de discours qui émaillent la déconstruction du système de genre. Ainsi plusieurs travaux tempèrent-ils le pouvoir qu’aurait l’internet de subvertir les stéréotypes de genre (Bergström, Pasquier, 2019). L’internet est un outil qui peut servir à contrôler et surveiller les femmes dans des sociétés régies par une culture de l’honneur (Pearce, Vitak, 2015). Il est un espace social où s’exposent des polémiques, guerres ou mouvements « anti-genre·s » (Julliard, 2016 ; Prearo, Garbagnoli, 2017) et des conceptions qui ont intérêt à défendre le privilège de la norme hétérosexuelle (Beaubatie, 2020) et de la masculinité (i.e. la « manosphère) ; un espace qui prend part au renforcement des normes hégémoniques de la féminité (cas de Youtubeuses beauté qui, en vertu de la banalisation de stigmates, reproduisent des injonctions à la beauté du corps féminin) ; un espace saturé de propos misogynes (Bartlett et al, 2014 ; Wikigender, 2015). Dans les mondes en ligne (et hors ligne), ce sont en effet les femmes qui, plus que les hommes, sont victimes de harcèlement : 21 % des femmes âgées de 18 à 29 ans, vs 9 % pour les hommes de la même catégorie d’âge (Duggan, 2017). Ce sont elles qui sont davantage exposées à des messages sexuels : 57 % des utilisatrices de sites web de rencontres âgées de 18 à 34 ans disent que quelqu’un leur a envoyé un message ou une image sexuellement explicite qu’elles n’ont pas sollicités (vs 28 % pour les hommes du même âge ; Anderson, Vogels, 2020). Ce sont les femmes et les minorités sexuelles qui sont particulièrement affectées par le body-shaming (« humiliation du corps ») désignant le blâme que subit une personne en raison de l’apparence de son corps. Il en va de même pour les pratiques de sexting ou deproduction de « nudes » (terme désignant dans l’emploi populaire une photographie dénudée de soi prise par soi-même) qui font l’objet d’un traitement sexiste. Soumis à l’ordre moral, le corps et la sexualité des femmes exposées en ligne sont effectivement jugés pornographiques quand ceux des hommes sont davantage légitimés car naturellement associés à une attitude prédatoire (Salter, 2016). Pour les femmes, même lorsque l’exposition de soi en ligne est une arme politique pour défendre une cause (i.e. vente de « nudes » pour soutenir des causes ou mouvements), une telle intention peut se voir opposer une conception traditionaliste selon laquelle la cause politique sert uniquement de faire-valoir à l’industrialisation du corps. Au demeurant, le slut-shaming (« humiliation des salopes ») ‒ qui consiste à stigmatiser les comportements sexuels « déviants » ‒ porte essentiellement préjudice aux femmes (Sweeney, 2017), également les premières à faire les frais du revenge porn (Stassin, 2018) ; selon les études, 60 à 95 % des victimes seraient des femmes (Davidson et al., 2019).

Tweets dénonçant des harcèlements et insultes.

 

Les dispositifs numériques sont tantôt perçus comme des espaces qui reconfigurent les normes et expressions de genre·s, tantôt dénoncés comme des espaces qui, traversés de rapports de pouvoir (Bergström, Pasquier, 2019), servent le genre féminin autant qu’ils l’affaiblissent (Amnesty international, 2017). Les cultures numériques et mobiles sont ainsi perçues comme des moyens qui favorisent l’empowerment et l’autonomisation des femmes, en particulier des pays du Sud (Pei, Chib, 2020). Les cultures numériques permettent de rendre visibles et de légitimer les minorités sexuelles ou de genre·s, de choisir son identité ou ses identités de genre·s. Elles contribuent à redessiner la sexuation des territoires (i.e. la parole masculine se laisse aujourd’hui davantage aller à des confidences sur Facebook ; Pasquier, 2018 : 18), à disqualifier les stéréotypes sexistes et, en un mot, à « déclasser » le genre. Pourtant, d’autres travaux proposent une lecture qui met l’accent sur la pérennisation de l’ordre du genre, dans les dispositifs comme dans les usages. Ainsi, quoique « déprogrammé » de certaines plateformes numériques – Facebook propose désormais 71 options de genre –, le binarisme de genre y est en réalité maintenu et le·s genre·s des individus contrôlé·s (Bivens, 2017). Du point de vue des usages, les rôles domestiques de genre se perpétuent avec les technologies (Wajcman, 2015). En ligne, des Youtubeuses reproduisent le modèle différencialiste et hétéronormatif en exacerbant leur appartenance à un genre (Balleys, 2016). Par ces performances de genre réalisées dans un style populaire, elles se sentent reconnues et exister auprès de leurs publics (ibid.). On pourrait d’ailleurs se demander si ce besoin de « refaire » le genre ne viserait pas à revaloriser ce que le numérique a érodé : la répartition des rôles de genre.

Ainsi le trouble dans le·s genre·s permis par le numérique (Turkle, 1995) servirait-il différemment les publics : il pénaliserait les classes populaires pour lesquelles le partage du genre est source de valorisation (Schwartz , 1990 : 206 ; de Singly, 1993b ; Pasquier, 2018). En fin de compte, le numérique exercerait un rôle libérateur, mobilisateur et émancipatoire à géométrie variable (Mattelart et al., 2015) ; le genre étant un rapport social à articuler avec d’autres rapports de pouvoir qui, comme l’âge, la race ou la classe sociale… contribuent à façonner les usages et à produire des inégalités numériques (Normand et al., 2020).

 


Bibliographie

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Auteur·e·s

Bourdeloie Hélène

Laboratoire des sciences de l’information et de la communication

Citer la notice

Bourdeloie Hélène, « Genre·s et numérique » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 05 mars 2021. Dernière modification le 20 mars 2024. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/genre-s-et-numerique.

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