Imaginaire social et historique


 

« L’imaginaire, c’est la possibilité de rendre compatibles entre elles des formes obtenues selon des découpages du réel différents. » (Livet, 1988 : 81)

La notion d’imaginaire est fréquemment associée à celle d’imagination, mais aussi aux domaines de la création artistique, littéraire, publicitaire, aux industries culturelles et créatives. Depuis quelques décennies, ces deux notions connaissent une expansion de leurs usages sociaux et professionnels ainsi qu’un regain d’intérêt épistémique pour les chercheurs. Elles acquièrent une épaisseur sociale et cognitive en circulant dans les différents médias (presse, réseaux sociaux, la numérosphère, etc.). Tout particulièrement en temps de crise et en période de « transitions », elles font l’objet de contributions et commentaires nombreux dans les médias au sens large, mais aussi par des publics-auteurs diversifiés, configurant et disséminant des fragments d’imaginaire collectif. Par exemple, la presse invite les publics à exprimer leur vision « du monde d’après » (Collectif, 2020b). Ainsi celui-ci pourrait-il être plus résilient, plus sobre, plus solidaire… ; un après-Covid qui ne séparerait plus santé et environnement serait possible (Garric A., Mouterde P., Wakim N., 2020) ; « ne pas reprendre comme avant » (Collectif, 2020a). Cela fait l’objet d’un appel à initiatives : « Le monde d’avec », « le retour à l’anormal », « le monde d’avant en pire », « un chaos annoncé », etc., sont autant d’expressions qui circulent dans les médias pour qualifier « le monde d’après ». Par ailleurs, celles-ci traduisent et façonnent le scepticisme et les désillusions de certains publics : les internautes projettent et partagent leurs désirs, rêveries et peurs concernant le futur proche et plus lointain.

Pour mieux comprendre la construction de la notion d’imaginaire social et historique ainsi que les processus de circulation qui la nourrissent via l’implication et l’intervention de publics – définis comme hétérogènes et actifs –, nous opérons d’abord un retour sur quelques-unes des nombreuses définitions du mot imaginaire ayant fleuri au XXe siècle. Ensuite, nous nous interrogeons sur les relations entre imaginaire, technicisation et écologisation afin d’explorer, en partie, l’imaginaire social et historique et ses reconfigurations tel qu’il peut être saisi dans les premières décennies du XXIe siècle.

 

L’imaginaire : construction et circulation d’une notion

Nous considérons que la notion d’imaginaire, naturalisée dans les langages ordinaires mais aussi dans nombre de productions académiques, d’écrits et de discours médiatiques, est relativement peu questionnée tout en étant de forte actualité. Dans le monde vécu, les sphères publiques ou professionnelles, la notion est augmentée par des usages thématisés et diversifiés : imaginaire de la consommation, imaginaire urbain, imaginaire de l’internet, des jeux vidéo, du télétravail, de la nature, du paysage, de la décroissance, de la finitude, du bien commun, de la liberté, de la solidarité, etc.Ces blocs d’usages langagiers et de narrations ‒ ordinaires et savants ‒ peuvent être confrontés à la littérature. Il apparaît que la notion acquiert une nouvelle épaisseur conceptuelle au cours du XXe siècle, et ce, dans plusieurs disciplines. En renonçant à toute visée exhaustive, nous pointons certains apports, consacrés d’abord à la notion d’imaginaire principalement en philosophie, nous proposons aussi une comparaison issue de la psychologie sociale.

Notre sélection porte sur des définitions qui nous semblent aidantes pour affronter certains des défis conceptuels et pratiques du XXIe siècle. En outre, notre enquête rappelle combien l’exercice de définition pluridimensionnelle d’une notion, dès lors que plusieurs disciplines, courants et auteurs sont mobilisés, repose sur le présupposé du caractère fructueux de connexions textuelles, rendues possibles par l’activité de collectifs publiant (et lisant) qui constituent autant de publics-récepteurs-auteurs. Là aussi, le présupposé est que seule la rencontre entre des contenus ‒ en l’occurrence théoriques ‒ et des publics actifs est susceptible de donner une existence sociale à des propositions qui se poursuivent et s’émancipent, au-delà du cercle de leurs concepteurs et énonciateurs, y compris dans le cercle ou plutôt la spirale de la recherche.

Dans le champ de la philosophie, la notion a longtemps été dévaluée ; elle a principalement servi à qualifier le prérationnel et à désigner la faculté de produire des images. Ce sont principalement les contributions des philosophes du courant phénoménologique qui renouvellent ce point de vue en accordant à la notion, une dimension de synthèse liée à la reconnaissance d’un ensemble d’activités imaginaires. Gaston Bachelard (1884-1962 ; 1943) oriente les définitions dans la direction de l’imprécis, du songe, voire du merveilleux ou du poétique avec, pour l’imagination susceptible d’ouvrir sur l’avenir, « une fonction d’irréel ». Le philosophe tente de relier imagination et imaginaire en proposant la notion « d’auréole imaginaire » : « La valeur d’une image se mesure à l’étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l’imaginaire, l’imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l’expérience même de l’ouverture, l’expérience même de la nouveauté » (Bachelard, 1943 : 7). L’auteur attribue à l’imaginaire un rôle de dynamisme organisateur coordonné à la pensée (Vieillard-Baron, 1990).

S’inspirant de l’idée « d’un monde flottant » héritée d’Edmund Husserl (1859-1938 ; 1913), Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), attaché à établir une philosophie de l’existence, avait défini « le mode d’être imaginaire » comme étant accompagné de fluctuations, d’ambigüités, d’inachèvements, d’évanescence, d’ubiquité… L’auteur présuppose une imbrication entre imaginaire, perception et réel faisant émerger l’édifice du réel ‒ et du réel de l’Être ‒ comme tourbillon tissé d’imaginaire. Le philosophe attribue à la notion un statut de « principe premier » conduisant à l’idée que le réel dérive de l’imaginaire (Merleau-Ponty, 1945 ; 1951). En résumé, l’imaginaire serait le dépassement du perçu et possèderait une véritable chair donnant au réel sa texture (Dufourcq, 2012). Paul Ricœur (1913-2005 ;1986) propose également une contribution importante consacrée aux pouvoirs de l’imaginaire. En s’inspirant des thèses de M. Merleau-Ponty, il définit « une anthropologie des capacités » (Foessel, 2014 : 242) qui associe action et imaginaire.

Avec une autre orientation, Jean-Paul Sartre (1905-1980 ;1940) a joué un rôle pour la reconnaissance de cette notion sur les scènes de la philosophie et de la littérature. Le philosophe avait inscrit sa réflexion dans une filiation relative avec les travaux d’E. Husserl (de Coorebyter, 2012), J.-P. Sartre définit l’activité imageante comme un mode original et fondamental d’intentionnalité par lequel s’opère la liaison du sujet et du monde (Sabot, 2012).

Quant à Gilbert Durand (1921-2012 ; 1996), spécialiste de la notion d’imaginaire, il reprend les perspectives développées par G. Bachelard tout en s’inspirant aussi de l’œuvre de Carl Gustav Jung (1875-1961) en particulier avec la distinction entre ordre symbolique et ordre rationnel. Il définit ce qu’il nomme « les régimes de l’imaginaire » et la matrice « séparer, inclure, dramatiser » auxquels il attribue une portée anthropologique universelle (Jarrig, Morera, 2006). Le projet de G. Durand est large et ambitieux puisqu’il s’agit de remettre l’imagination et l’imaginaire au centre de la compréhension de l’anthropos (Άνθρωπος) et de ses constructions culturelles tout en présumant que cette production symbolique relève d’une science de l’homme (Durand, 1960). La réflexion de G. Durand nous oriente doublement, d’une part, vers l’anthropologie, et d’autre part, vers la psychanalyse. L’anthropologue Maurice Godelier (2015) définit les mondes de l’imaginaire d’abord présents au cœur des mythes fondateurs de religions, mais aussi légitimant les systèmes politiques et les pouvoirs, acquérant ainsi un statut de « réel ». Pour compléter ce balisage, il semble difficile de ne pas faire référence aux apports de la psychanalyse. Depuis Sigmund Freud (1856-1939), l’image mentale est associée à la notion de fantasme, de rêve et d’inconscient comme création continue de scènes. L’imaginaire est à la fois une ressource et une pression psychologiques qui s’épanouissent dans les coulisses de la scène, régulée par le conscient et l’adaptation au réel (Widlöcher, 2012).

Pas toujours compatibles entre elles, ces approches contribuent à définir et problématiser la notion d’imaginaire. Nous proposons alors de considérer que l’imaginaire peut être défini comme activité substantialisant les relations entre sensible et pensée. Elle permettrait d’éclairer ce qui se tient à distance du logos tout en contribuant à la fabrication de l’instance du réel dans les cultures humaines. Cependant, les exercices de définition conceptuelle, au-delà de la qualité et de la rigueur des grands auteurs ou de leurs commentateurs/continuateurs, créent pour le récepteur, le sentiment diffus que ce terme prend le relais là où les autres notions révèlent leur incomplétude, il s’agit d’une deuxième étape de notre réflexion.

Dans le champ de la psychologie sociale, les relations que l’on peut établir entre notions de représentations sociales (RS) et d’imaginaire social retient notre attention. Le concept de RS, – riche d’enseignement pour comprendre certaines logiques de construction d’une notion –, est un exemple réussi de socialisation d’un concept, à ce titre aussi elle intéresse notre réflexion portant sur la circulation d’une notion savante qui séduit et conquiert des publics au-delà des sphères académiques. En France, la notion de RS est associée, depuis les années 1960, aux travaux conduits par Serge Moscovici (1925-2014). Celui-ci reprend la distinction établie par Émile Durkheim (1858-1917 ; 1897) entre représentations collectives et représentations individuelles, tout en œuvrant pour son dépassement. Le terme de RS permet d’établir un pont entre psychologie individuelle et tendances culturelles et sociales à une période donnée. Selon S. Moscovici, une RS est à la fois performative et constructive, elle contient une « dose d’imaginaire » et favorise les liens entre réalité psychoaffective et réalité extérieure. Les RS se présentent comme un réseau de concepts et d’images reliés de diverses façons. Elles sont marquées par des tendances à conserver et à renouveler. La théorie des RS permet de penser la société comme « système pensant » et pas seulement comme système économique ou politique (Moscovici, 2013). Dans son champ disciplinaire, S. Moscovici avait aussi apporté une contribution aux problématiques de la construction d’un public et de la socialisation de savoirs avec le cas de la psychanalyse (Moscovici, 1960). Il avait étudié le rôle des minorités actives dans la création de normes et valeurs sociales (Moscovici, 1996). Ces études confortent les spécialistes de la communication dans la conduite d’une analyse fine, d’une part, de la place et du rôle des valeurs et normes partagées dans la constitution des publics, et d’autre part, des dynamiques portées par des publics, plus ou moins provisoirement minoritaires, marginaux ou périphériques, dans l’espace public. Les psychologues sociaux ont aussi formulé et étudié l’hypothèse selon laquelle les RS s’inscrivent nécessairement dans des cadres de pensée préexistants et « dépendants de systèmes de croyance ancrés dans des valeurs, traditions, des images du monde et de l’être » (Moscovici, Vignaux, 1994 : 26). Des chercheurs (Abric, 2003) étudient les RS dans leurs dynamiques cognitives, émotionnelles, événementielles, comportant des reconfigurations de l’imaginaire défini comme stabilisateur de sens. Distinguant pour la structuration des RS un noyau central au sein d’un ensemble d’autres éléments organisés en couches périphériques (ibid.), les travaux représentent une piste pertinente et féconde pour comprendre l’architecture d’un imaginaire social et historique.

Si la notion d’imaginaire reste vassalisée dans le cadre théorique des RS, ce cadre interprétatif, par emprunt et déplacement, peut permettre de comprendre comment l’imaginaire devient socialement agissant. Au-delà des disparités entre contributions relevant de ce courant, la notion de RS a été forgée selon des lignes de force convergentes que connaissent moins les travaux consacrés à la notion d’imaginaire. Les étapes de la construction théorique de la notion de RS sont aussi portées par des stratégies et activités d’édition, d’institutionnalisation et de publicisation. Par comparaison, cette composition théorique et médiologique questionne la relative fragilité de l’étayage portant la notion d’imaginaire. En contraste avec la notion de RS, la notion d’imaginaire social semble échapper, en partie, aux tentatives de définition. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que les gouvernants, dirigeants mais aussi experts et influenceurs divers ont recours aux applications qu’elle induit. Son potentiel de plasticité interprétative se conjugue avec l’une des composantes des processus d’adhésion des publics, celle qui est fondée sur l’art de cultiver l’imprécis et favoriser les processus de déplacement et d’identification psycho-cognitifs. Le cas des artefacts publicitaires (De Iulio, 2016 ; Sacriste, 2018) est de ce point de vue instructif. Pour aller plus loin, nous mobilisons d’autres disciplines et auteurs, mais aussi d’autres terrains d’observation.

 

Imaginaire social et historique : techno-imaginaires et éco-imaginaires

Dans le cadre de la démarche d’hétérogénéisation que nous avons choisie dans cette notice, nous formulons l’hypothèse que des imaginaires thématisés composent pour partie un imaginaire social et historique plus large. Ces imaginaires thématisés circulent, s’entrelacent et se heurtent. Stables et instables à la fois, ils sont co-créés à l’occasion de leurs déplacements ; ils sont aussi modelés dans les flux des échanges inter et transmédiatiques, mais aussi plus largement dans les interactions sociales. Ils peuvent mobiliser les publics et sont pétris par les publics. Par ailleurs, ces imaginaires contribuent à l’acceptation des nouvelles manières de penser, d’agir, d’interpréter. Ils font l’objet d’études par des chercheurs : par exemple la notion d’imaginaire est réhabilitée et étudiée en sociologie en particulier pour son rôle créatif dans les processus d’interprétation (Legros et al., 2006). Les imaginaires sont fréquemment saisis à un moment de l’histoire des collectifs, dans ce cas leur approche est synchronique. À cette étape de l’enquête, l’apport des historiens est précieux en mettant en œuvre une approche diachronique. Leurs travaux éclairent la question des traces et des adhérences du temps long dans les mutations des imaginaires, au-delà des ruptures apparentes. Parmi l’ensemble des travaux disponibles, nous privilégions les historiens médiévistes qui, dans les années 1970-1980, ont apporté des contributions abouties, étayées par la méthode historique et la distance épistémique. Cette génération d’historiens (Duby, 1978 ; Corbin, 1982 ; Le Goff, 1985) étudie et problématise la notion d’imaginaire au Moyen-âge en la reliant à un ensemble de considérations politiques, sociales, économiques et/ou esthétiques. Leurs travaux contribuent également à une distinction et à une mise en relation entre images physique et mentale, entre matérialité, textualité et assemblement de significations. Ils proposent un dépassement de l’histoire des mentalités. Mentalités, qui, trouveraient leur source dans le terreau de l’imaginaire. Jacques Le Goff (1924-2014) analyse tout particulièrement la circulation des images collectives et de ses effets sociocognitifs ; il étudie, par exemple, l’image de l’espace de la forêt (Le Goff, 1985). Avec la notion d’imaginaire, les médiévistes montrent comment l’unité d’un imaginaire historique prend ensemble les contradictions et tensions entre ses composants, les expériences du présent et récits du passé en proposant une configuration stabilisatrice de significations.

L’imaginaire du progrès ‒ scientifique, technique et social ‒ issu de la philosophie des Lumières, constitue de toute évidence un autre domaine riche d’enseignements. Ce méta-imaginaire est soutenu par les vagues successives des innovations technologiques et leurs conséquences dans les mutations des modes de vie et de leurs significations. Dans ce cadre, nous retenons l’étude de l’imaginaire industriel proposée par Pierre Musso (2014). Ce chercheur considère que cet imaginaire est nourri par les représentations de la rationalité et du progrès, en même temps que l’industrialisation propose des « méta-industries » de l’imaginaire. Forgée au XIXe siècle, l’expression « âge des machines » se mue au XXe siècle en « âge des machines intelligentes » en même temps que les industries créatives s’épanouissent. À ce stade, la notion d’imaginaire social peut être représentée comme un réservoir où s’engrangent images, récits, discours, rites collectivement construits et dans lequel les contemporains d’un âge historique donné puisent afin de donner sens à leur quotidien. Ainsi la notion d’imaginaire socio-historique apparaît-elle marquée par une visée totalisante qui, selon les périodes historiques, conforte certaines positions et compositions sociocognitives et en entrave d’autres. Les imaginaires accompagnent les rapports au temps ‒ présent, passé, avenir. L’étude des techno-imaginaires et des éco-imaginaires, deux galaxies de l’imaginaire contemporain, permet de préciser certaines des logiques de composition de l’imaginaire social et historique.

Les techno-imaginaires comme notion peuvent être pensés à partir des travaux consacrés aux questions techniques depuis fort longtemps en SHS. Les historiens, depuis 1935 avec l’appel de Marc Bloch (1886-1944) et Lucien Febvre (1878-1956), sont invités à s’emparer du fait technique. Le message a été reçu, les générations suivantes travaillent sur les relations entre techniques et imaginaire, montrant notamment que la première fonction de l’imaginaire est de faciliter l’invention technique et la seconde est de favoriser l’acceptation de cette invention (Garçon, 2006).

En socio-anthropologie, Marcel Mauss (1872-1950) considère que l’histoire des industries humaines se confond avec l’histoire de la civilisation, et inversement. L’étude de la technique est alors proposée comme « fait social total » (Mauss, 1902). Une anthropologie de la technique s’est développée, André Leroi-Gourhan (1911-1986 ; 1945) en est le plus célèbre représentant en défendant, dans la relation milieu-technique-sociocognition, l’importance de l’impulsion du matériel. Il apparaît que les faits techniques influencent la production des imaginaires en même temps que les imaginaires influencent la fabrication de faits techniques. L’imaginaire contemporain est habité par de nouvelles générations d’objets techniques. Cette perspective évoque, pour les spécialistes de la communication au tournant des années 2000, notamment les travaux consacrés à l’imaginaire de l’internet (Flichy, 2001) qui sont publiés au moment où « le culte de l’Internet » (Breton, 2000) est étudié comme une menace potentielle pour le lien social. L’étude de la relation entre technique et imaginaire est présente dans la plupart des disciplines des SHS : en histoire, en anthropologie, en sociologie, en littératures, en arts, en philosophie… Parmi un ensemble de définitions de la technique, retenons la définition suivante : « La technique est un processus complexe qui insère le geste dans un ensemble cognitif plus vaste, qui créée cet ensemble cognitif en conjuguant l’action, la réflexion et la mémorisation » (Garçon, 2006 : 2). Cette définition présente un schéma de récursivité intéressant ‒ produite par l’humain, la technique produit l’humain. Les relations entre numérique et culture sont explorées dans leurs contradictions. Le numérique est défini comme force d’émancipation et de domination, comme promesse et défi (Rieffel, 2014 : 269). Le lien avec la culture est établi pour une classe d’âge, les nouvelles technologies numériques seraient le support d’une culture juvénile (ibid. : 111). L’imaginaire individuel et collectif associé aux usages numériques agit sur les normes sociales en modifiant les relations entre sphères publique et privée. La sphère publique est largement investie par les imaginaires et langages privés.

Deux caractéristiques peuvent d’ores et déjà être soulignées. La première concerne l’adossement de la notion d’imaginaire à une matérialité objectale, technique ; la seconde porte sur l’indétermination et les tensions paradoxales entre composants et orientations d’un imaginaire collectif. Les mouvements et tournants de l’histoire des sociétés sont souvent appréhendés à partir d’un changement. Un imaginaire du changement scande la périodisation historique. L’idée du progrès portée par la raison philosophique, scientifique et technique a caractérisé cet imaginaire depuis le XVIIIsiècle. Cette idée est soutenue par l’émergence, la généralisation et le renouvellement des générations d’objets techniques, elle infuse ainsi dans le monde vécu d’une majorité de sujets-consommateurs-usagers au plus près de l’expérience quotidienne. Cependant, le récit des promesses d’un progrès continu et linéaire est entré en crise de manière visible et médiatisée au cours du XXe siècle provoquant une fragmentation des interprétations du changement. Selon certains auteurs, l’imaginaire de l’innovation aurait pris le relais (Martuccelli, 2016) offrant l’avantage d’un contournement de la nécessité d’une rupture comme marqueur de changement. Le techno-imaginaire résiste et mute. Les vagues successives des innovations technologiques comme réponses aux problèmes humains ombrent la part du politique dans les changements sociaux et culturels. De nouvelles questions émergent ayant aussi à voir avec les dynamiques (décomposition – recomposition) affectant l’espace public (au singulier ou au pluriel) et avec les représentations des publics. Prenons l’exemple de la figure des publics actifs sur l’internet qui accompagne l’imaginaire thématisé de l’empouvoirement des individus par le numérique et d’une horizontalité d’évidence dépourvue de médiations instituées, mais néanmoins rendue possible par une médiation sociotechnique qui, elle, est peu interrogée. Cette figure croise d’autres figures (Assogba et al., 2015), par exemple celles des publics prescripteurs ou encore des « professionnels » de l’internet qui déploient une approche persuasive. Au-delà des divergences, des malentendus, des ambiguïtés, tous ces protagonistes sont rassemblés autour d’un consensus portant sur la question de la crédibilité de la source qui est reconfigurée dans cet imaginaire. Désireux d’expression directe, les participants accordent crédit aux points de vue et univers sociocognitifs de leurs pairs en ligne ; ce crédit est étendu au canal numérique redéfini comme source légitimante. Dominent alors le critère de familiarité (dans les usages, les croyances…), mais aussi la performativité des chiffres (quantité de connexions, de likes, etc.), autant de paramètres qui sont par ailleurs utilisés par les professionnels. D’autres sources, dont celles qui maîtrisent des savoirs et expertises susceptibles de les éclairer, ne retiennent pas l’attention de ces publics, voire provoquent des rejets liés au soupçon d’« aura » institutionnelle, méfiance généralisée aux médias institués. Ces manières de faire, de penser, d’être ensemble et à distance occultent bien souvent d’autres (pré)formatages puissants liés à la médiation sociotechnique (hardet soft ; standardisation des modalités d’usages, des langages ; prescription automatisée…) et à ses effets sociaux et cognitifs dont on peut considérer qu’ils composent désormais une tradition culturelle. Une question est plus rarement posée : quid de l’internet comme institution à prétention totalisante, socioculturelle ou encore économique ? Le caractère fusionnel et immersif du dispositif socionumérique tend à masquer les processus d’institutionnalisation de l’internet et plus généralement de la numérosphère. Par ailleurs, la relation d’écran recouvre une hétérogénéité, une équivocité des réceptions, des positionnements, une instabilité du lien social, une volatilité des publics, autant de dispositions accompagnant les « carrières » des publics des réseaux du numérique. Autant de tendances qui conduisent à des reformulations de la notion même de public que n’épuisent pas les études à caractère ethnographique ou diachronique et que nous invitons à associer à la notion d’imaginaire social et historique. Ainsi le technocentrisme et le solutionnisme technique gagnent tous les domaines de l’activité humaine, y compris aussi celui de l’écologisation.

Le cas des éco-imaginaires s’articule pour d’aucuns ‒ et s’oppose pour d’autres ‒ avec celui des techno-imaginaires. L’émergence des éco-imaginaires advient au sein d’un imaginaire institué et hérité de plusieurs révolutions industrielles, globalement investi par l’économisme et le technicisme. L’actualité offre de nombreux exemples, on peut citer les plans de relance économique de « l’après-Covid » qui intègrent certaines propositions créatives relevant de la transition écologique (Garric, Mouterde, Wakim, 2020). Les éco-imaginaires bousculent également certains courants de pensée en sociologie, ceux qui tendent, d’une part, à minorer la composante économique ‒ et technique ‒ de toute forme sociale (Sainsaulieu, 2008), mais aussi les interrelations entre les composants du vivant et de la terre, et d’autre part, à majorer l’importance et la (sur)détermination du « social ». Les rapports entre techno-imaginaires et éco-imaginaires deviennent un enjeu de débats, de controverses, de projets de société. L’étude de ces rapports permet d’éclairer, au moins partiellement, comment les groupes sociaux acceptent de se rallier, massivement et de manière renouvelée dans le temps, à des procédures techniques (Jarrige, Morera, 2006 : 16).

Les changements dans le domaine des énergies, de la mobilité, etc. sont argumentés à partir de solutions techniques avec, par exemple, les énergies alternatives (solaire, éolien…), les véhicules « propres » (électrique, hydrogène…), etc. Des ingénieurs travaillent à proposer des solutions technologiques « vertes » pour nombre de problèmes environnementaux. C’est ainsi que le réchauffement climatique est traité de manière segmentée par des experts en géo-ingénierie (Aykut, Dahan, 2015). D’autres ingénieurs dénoncent l’illusion de la croissance verte et proposent le chemin des « basses technologies », sobres et durables notamment en matières premières et en métaux (Bihouix, 2014). Parallèlement et plus radicalement depuis 2010, un imaginaire de la collapsologie se diffuse. Il annonce l’effondrement systémique de la civilisation thermo-industrielle et la rupture des grands équilibres des écosystèmes (Servigne, Stevenc, 2015). Associé à cette perspective, un imaginaire thématisé, celui du survivalisme présent par exemple en littérature, au cinéma, dans les jeux télévisés, prend forme également aux États-Unis, puis en Europe. À une échelle historique large, émergent donc des éco-imaginaires qui peuvent être catégorisés selon leur degré de proximité ou d’éloignement avec « l’ancien régime climatique » (Latour, 2020) : développement durable, écoproduction, croissance verte vs décroissance, sobriété et convivialité, etc. Ces imaginaires sont associés à des manières de faire, d’organiser et de narrer les relations entre humains et non-humains dans une culture donnée (Descola, 2004). Par exemple, l’intégration des non-humains, parmi les parties prenantes avec un pouvoir délibératif, en devenant une composante de l’éco-imaginaire, présente un fort potentiel de réorientation culturelle en mettant en cause le point de vue anthropocentré. Des notions émergent : celle d’anthropocène, forgée dans le champ de la rationalité scientifique pour désigner une époque géologique, est reprise pour son potentiel de cristallisation d’une prise de conscience, celle des effets cumulés de l’activité humaine et de « la force anthropologique des sciences » (Latour, 2017). La nature, placée en arrière-plan pendant des siècles, « monte sur la scène », la crise sanitaire est elle-même encastrée dans une mutation écologique majeure (Latour, 2021). L’anthropologue des sciences contribue à réactualiser la notion de « Gaïa » (γαῖα, qui signifie littéralement « La Terre Mère » ) et appelle à bousculer les modes de penser, d’agir, de gouverner.

À cette nouvelle étape de notre réflexion, nous souhaitons faire référence aux travaux éclairants et structurants de Cornelius Castoriadis (1922-1997). Regrettant que l’imagination n’ait jamais acquis la place centrale qui lui revenait dans la pensée philosophique (Castoriadis, 1986 : 327-331), il donne dans ses travaux une place structurante et centrale à la notion pour analyser les mouvements de l’histoire, les formes et mutations sociales : « Les significations imaginaires et sociales sont celles qui tiennent la société ensemble » (Castoriadis, 1996 : 251).

Pour simplifier et en renonçant à toute prétention de synthèse, trois propositions fortes, marquées par une tension dialogique interne et externe, peuvent être retenues. Premièrement, concernant l’articulation de la notion d’imaginaire avec l’étude des dynamiques institutionnelles, C. Castoriadis définit l’imaginaire comme source des institutions. N. Poirier (2003) rappelle que C. Castoriadis appelle social-historique le champ d’action indéterminé (un faire institué vs un faire instituant) au sein duquel les hommes créent en les modifiant sans cesse les institutions qui structurent leur être-collectif. « L’institution, au sens fondateur, est création originaire du champ social-historique – du collectif anonyme » (Castoriadis, 1990 : 113). L’imaginaire socio-historique du XXe siècle, selon lui, est marqué par l’expansion illimitée de la maîtrise rationnelle (ibid. : 97), en même temps que « la démocratie est le régime de la réflexivité politique » (ibid. : 168). Deuxièmement, C. Castoriadis étudie également les relations entre imaginaires du présent et du passé : « L’ancien entre dans le nouveau avec les significations que lui confère le nouveau » (Castoriadis, 2005 : 76). C’est ainsi que fleurissent les propositions de « croissance verte ». Est distingué le temps institué comme identitaire et le temps institué comme imaginaire. L’imaginaire institué du temps présent efface en quelque sorte les anomalies, les accrocs introduits par l’expérience, par l’événement, il lisse et homogénéise les effets de sens, l’altérité irréductible du faire et de la pensée est ainsi neutralisée : « Tout se passe comme si le temps du faire social, essentiellement irrégulier, accidenté, altérant, devait toujours être imaginairement résorbé par une dénégation du temps » (Castoriadis, 1975 : 293). Par exemple, dans le grand récit techno-imaginaire, les limites de chaque technologie sont censées être réparées par d’autres technologies et par les technologies qui suivent. La stabilité d’un imaginaire institué est provisoire, des évolutions ont lieu inévitablement, C. Castoriadis analyse le pouvoir instituant d’un imaginaire comme manifestation du faire humain en constante création et recréation. Troisièmement, l’auteur propose d’articuler imaginaire social et imaginaire individuel. C’est à ce carrefour que la notion d’autonomie est également opérante. Seul un individu autonome ‒ un sujet exerçant sa faculté de réflexivité dans la compréhension de soi et de son monde, un sujet qui sait que les institutions sont des autocréations ‒ est en capacité de construire des institutions autonomes (vs hétéronomes), c’est-à-dire soumises à un travail régulier de remise en cause, de reprise perpétuelle par l’action et la décision humaines. Ainsi peut-on mieux comprendre les dynamiques qui conduisent des penseurs et scientifiques à inventer de nouvelles façons d’habiter la terre (Truong, 2021), mais aussi des individus et collectifs à imaginer, dans l’anonymat, de nouvelles manières de faire, d’interagir et de vivre au quotidien sur leurs territoires.

Cette synthèse partielle et succincte de l’apport de C. Castoriadis (2008) montre combien la notion d’imaginaire a acquis une épaisseur théorique. D’autres auteurs apportent également une contribution approfondie. Charles Taylor (2004) définit l’imaginaire social comme « arrière-plan », comme ce qui rend possible les pratiques sociales en leur donnant sens.

À l’issue de la présente analyse, nourrie par un ensemble d’auteurs, de définitions, de réflexions, nous proposons de considérer que l’imaginaire devient social et historique dès lors qu’il se transforme en « idées ordinaires » qui organisent les interprétations communes et banales pour les membres d’une société donnant sens à leurs actes. Par ailleurs, nous montrons que la notion d’imaginaire social semble résister – en partie – aux tentatives de définition. Il y a en quelque sorte un imaginaire de la notion d’imaginaire qui cultive et nourrit une incomplétude systémique, ontologique du mot. Cette notion émerge à la frontière du pensable et de l’impensable, du sensible et du cognitif, du privé et du public. L’imaginaire social et historique est une composition qui peut immobiliser et clôturer ‒ mais toujours provisoirement. Cette composition peut aussi transporter, ouvrir, engager, tisser matérialités, actions, significations et devenirs. L’imaginaire social et historique peut être figuré comme une clairière où se croisent les chemins des concepts, des pratiques, des espaces et temporalités, des publics, où s’épanouit la figure de l’homo imaginans par sa participation à des significations et expériences collectives, où s’opère « le suintement perpétuel du nouveau » (Castoriadis, 1996 : 95). Parmi ces expériences collectives, celle de « faire public » est formée et informée dans la matrice de l’imaginaire social et historique. La sociabilité, la performance et la réflexivité associées à cette expérience puisent dans l’imaginaire tout en contribuant à lui donner forme. Là aussi, il s’agit d’une activité collective qui suppose à la fois stabilité relative (langages, significations, rituels partagés…), engagement des participants et créativité continue produisant de la différence, notamment pour attirer le regard des autres publics indispensable à la définition identitaire et à la durabilité d’un public dans un contexte général de mouvements et de circulations entre publics. Ainsi formulons-nous le présupposé d’interdépendances entre logiques d’expériences, dynamismes de l’agir et reconfigurations socio-historiques des imaginaires, cette proposition appelle d’autres développements, d’autres écrits…


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Auteur·e·s

Bernard Françoise

Institut méditerranéen des sciences de l’information et de la communication Aix-Marseille Université

Citer la notice

Bernard Françoise, « Imaginaire social et historique » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 20 octobre 2021. Dernière modification le 21 octobre 2022. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/imaginaire-social-et-historique.

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