Selon l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD, s.d.), le dopage est décrit comme : « La présence d’une substance interdite dans un prélèvement effectué chez un sportif et qui donne lieu à un rapport d’analyse anormal. [Cela] suffit à constituer la violation d’une règle antidopage, sans qu’il soit nécessaire de prouver l’intention d’amélioration des performances sportives. Dès lors, il incombe au sportif de s’assurer qu’aucune substance interdite ne pénètre son organisme ». Pour le dictionnaire Larousse, le dopage est « le fait d’administrer, d’inciter à l’usage, de faciliter l’utilisation, en vue d’une compétition sportive, de substances ou de procédés de nature à accroître artificiellement les capacités physiques d’une personne ou d’un animal ou à masquer leur emploi en vue d’un contrôle ».
En lisant ces deux seules définitions, on s’aperçoit tout de suite de la complexité à cerner précisément ce qui est de l’ordre du dopage de ce qui ne l’est pas : intentionnalité ou non du sportif, démarche rationnelle mise en place par un encadrement ou décision individuelle, augmentation de la performance, dimension masquante des produits, aide pour supporter de grosses charges d’entraînement ou prise d’un produit juste avant une compétition, rapport à l’humain ou à l’animal (équitation), dimension chimique ou chirurgicale (pose de prothèses notamment), mécanique ou électrique (sports instrumentalisés) etc. ? Ici, l’objet n’est pas de trancher sur ces différentes questions, mais de présenter d’abord une typologie des formes de dopage, afin de monter que sa dimension polymorphe concerne un large public : médecins, soigneurs, chirurgiens, entraîneurs, pratiquants, mécaniciens (motocyclisme, course automobile, cyclisme), vétérinaires (équitation), fédérations, gouvernements… De fait, notre objectif principal est de retracer, brièvement, une histoire du dopage comme problème public. À partir de quand, en raison de quels faits, le dopage est-il devenu une affaire d’État qui conduit les gouvernements à agir, notamment par un arsenal juridique ? En suivant la perspective d’Érik Neveu (2021), pour qu’un fait devienne un problème public, il convient d’abord d’en vérifier l’existence objective, puis de diffuser l’information via différents médias et groupes influents et, enfin, de repérer les mesures prises par les autorités politiques et/ou ici, fédérales, pour endiguer ce qui devient un phénomène.
La phase d’objectivation du phénomène dopage est définitivement posée. La diffusion par les médias – télévision, réseaux sociaux, presse spécialisée, presse généraliste, etc. – n’est que partielle, parce qu’elle dessert les intérêts des chaînes, des fédérations, des gouvernements, et du sport lui-même. Cependant, dans la mesure où ce dernier a une dimension agonistique, il y a toujours moyen de parler du dopage de l’autre, de l’étranger, de l’adversaire qu’il faut battre. Mais ce qui fait du dopage un problème public est surtout l’arsenal juridique mis en place pour l’endiguer à tous les échelons : politique, sportive, institutionnelle et autres qui sont en lien avec le secteur public. Depuis la première loi de 1965 en France jusqu’à nos jours, il ne se passe pas une année sans qu’un nouveau texte vienne coercitivement s’insinuer dans le sport. L’Agence mondiale antidopage (AMA), l’AFLD, le Comité international olympique (CIO), la Fédération internationale de football association (Fifa), le ministère des Sports, le ministère de la Santé et de la Prévention, entre autres institutions, saturent le champ de mesures et en font donc un problème public. Mais pour lutter contre quel dopage ?
Typologie du/des dopage(s)
Il faut avoir conscience que nous ne pouvons plus parler du dopage, mais des dopages. Ce passage du singulier au pluriel explique, pour partie, que le phénomène devienne un problème public, au sens où il touche de nombreux acteurs, quel que soit leur statut et recouvre une diversité des pratiques (Neveu, 2021).
Le dopage le plus courant, durant les années 1960-1970, est celui que nous appelons conjoncturel ou circonstancié. Le produit est ingéré peu avant les compétitions les plus prestigieuses et le sportif en attend une amélioration immédiate des performances. Il s’agit généralement d’un dopage individuel et informel, comme c’est le cas en 1956 pour le cycliste Jacques Anquetil (1934-1987) sur lequel nous reviendrons. Le deuxième, que nous nommons dopage structurel ou d’entraînement, est arrivé durant les années 1980-1990. La prise doit permettre de supporter des charges d’entraînement de plus en plus lourdes. C’est grâce à cela que l’amélioration de la performance est possible et moins par la prise directe de produits. Ce type de dopage est souvent collectif, structuré et concerne plusieurs sportifs d’une même équipe. C’est le cas de l’affaire Festina, lors du Tour de France 1998, qui a particulièrement impacté le représentant le plus populaire du cyclisme français de l’époque : Richard Virenque.
« Richard Virenque et l’équipe Festina abandonnent le Tour de France 1998 | Archive INA ». Source : INA Sport sur Youtube.
Durant les années 2000, nous avons plutôt affaire à un dopage que nous qualifions d’addictif. Il s’agit tout simplement de la prise de produits sans véritables effets sur la performance, mais dont l’usage intra ou extrasportif est interdit. On pense en particulier au cannabis et à la cocaïne. L’un des premiers à avoir été contrôlé positif au cannabis est l’ex-passeur de l’équipe de France de volley-ball, Laurent Chambertin, en 1991 ou encore le gardien de football, Fabien Barthez, la même année. Ce dopage addictif n’intervient pas seulement au cours de la carrière, mais aussi après son terme. De nombreux sportifs ont souffert de dépression et de dépendance à la performance et aux produits ; c’est le cas de nageurs tels que Michael Phelps, Ian Thorpe, Pieter Van Den Hoogenband mais aussi de cyclistes comme « Il diablo », Marco Pantani (1970-2004), ou Frank Vandenbroucke (1974-2009). À l’inverse, F. Barthez et L. Chambertain ont consommé ces mêmes substances interdites de façon « festive » et non addictive.
Depuis les années 2010, on constate la prise de mixtures soignantes qui était considérées comme dopantes à l’origine. Cette pratique peut être nommée le dopage thérapeutique. Il s’agit notamment de la prise de cortisone ou de bronchodilatateurs qui augmentent le volume d’air expurgé ou limitent la douleur. À ce titre, Chris Froome, cycliste anglais, a inhalé 37 bouffées de Salbutamol (Ventoline) en 2017, vraisemblablement en aval et non en amont de compétitions. Enfin, depuis les années 2020, on assiste à l’élargissement du dopage à caractère chirurgical qui vise à consolider ou à modifier les insertions tendineuse, musculaire, ligamentaire pour se prémunir de certaines blessures dont la plus redoutée de toutes : la rupture des ligaments croisés du genou que le corps médical soigne assez bien, mais ne parvient pas à éradiquer. Le taux de récidive est important du fait du phénomène de compensation latéralisée.
La taxonomie en question
Bien sûr, cette typologie chronologisée du dopage est discutable, parce que toutes ces formes de dopage ont été usitées, quelles que soient les périodes (Brissonneau, 2003), sauf le dopage chirurgical que l’on maîtrise seulement depuis quelques années. C’est ainsi, qu’à l’époque de la guerre froide, la pratique du dopage structurel et d’entraînement, que l’on avait décrite comme exemplaire des années 1980-1990, est aussi monnaie courante durant les années 1960-1970, notamment de l’autre côté du rideau de fer, mais encore aux États-Unis. De la même façon, ces types de dopage concernent tous les sportifs et touchent tous les sports. Pendant longtemps, ce sont le cyclisme, l’athlétisme, le ski de fond et la natation qui ont été pointés du doigt. On sait désormais que les cas de dopage sont certes plus élevés dans ces disciplines considérées comme bioénergétiques, mais que les contrôles y sont plus fréquents (de Mondenard, 1991). De plus, les progrès pharmacologiques ont permis de déterminer, qu’à chaque type de discipline, une famille de produits particulièrement efficaces existe. Le cas des bêtabloquants est significatifs, leurs prises aident à la concentration dans certains sports : course automobile, golf, tennis, volley-ball…
Secret, discrétion vs le dopage, problème public
À la fin des années 1950, les sportifs ne se cachent guère de l’usage de pratiques illégales, mais non sanctionnées. J. Anquetil reconnaît s’être « chargé » pour battre le record de l’heure à Milan dans le vélodrome Vigorelli en juillet 1956 avec plus de 46 km parcourus et refuse de se plier au contrôle. Il est le coureur français le plus populaire (ou le plus détesté) derrière Raymond Poulidor dit « Poupou » (1936-2019), l’éternel second avec pas moins de cinq Tour de France, trois Giro (Tour d’Italie), une Vuelta (Tour d’Espagne), le Paris-Nice, le Dauphiné Libéré, etc. Dans le milieu du cyclisme, on parle alors « d’aller à la soupe », de « faire chauffer la chaudière » (dans les classiques ardennaises et flandriennes), de « taper dans la Topette ou la boîte à lait » ou bien plus tard de « faire le métier » (Menthéour, Blanchard, 1999). Dans ce cas, on sent bien que s’opère une contrainte collective, comme si l’on faisait preuve de solidarité vis-à-vis de l’ensemble de l’équipe. L’athlète sacrifie partiellement son individualité au profit de sa « team ».
En somme, jusqu’à la fin des années 1960, le dopage n’est certes pas totalement public, mais pas non plus totalement caché entre sportifs d’une même discipline. On pourrait qualifier cette période de discrète, mais pas de secrète. Il s’agira alors une phase d’objectivation du fait qui, par la suite, sera diffusé par les médias et deviendra un problème public dès lors que les autorités politiques et fédérales prendront des mesures pour l’endiguer. En France, la première loi importante est celle impulsée par Maurice Herzog (1919-2012), alpiniste et secrétaire d’État au ministère de la Jeunesse et aux Sports sous la présidence du général de Gaulle (1890-1970), et promulguée le 1er juin 1965. Si la France est un pays précurseur en matière de lutte contre ce que l’on appelle alors le « doping », cela tient en partie à des acteurs prestigieux qui ont institutionnalisé le sport, lui ont donné ses soubassements éthiques et les ont confortés dans l’Hexagone : Pierre de Coubertin (1863-1937), côté olympique, ou encore Robert Guérin (1876-1952), premier président et initiateur de la Fifa. La place qu’ils ont tenue a consolidé le fair-play et permis de combattre précocement et durablement le fléau en France. En revanche, côté soviétique comme côté américain, peu de dispositions sont prises en matière de lutte contre le dopage… La guerre froide a justifié le pire. Une partie de la presse sportive étrangère ou française explique ce zèle français par un palmarès bien pauvre des sportifs tricolores qui trouvent là un moyen de se dédouanner de leurs piètres résultats de l’époque. Mais si le palmarès était si clairsemé, c’était peut-être parce que, effectivement, le sport français était l’un des plus propres… et donc des moins performants.
Le décès de Tom Simpson ou le dopage comme problème public
En revanche, le dopage se propage aujourd’hui dans une situation d’omerta. Toutefois, il devient un problème public, puisque les autorités en charge du sport et les gouvernants tentent de l’endiguer, notamment dans les pays développés. Le véritable déclic a été la mort de Tom Simpson (1937-1967), au cours du Tour de France dans le Ventoux (Charroin, 2005). Pour la première fois, lors de la plus prestigieuse des compétitions cyclistes, un grand champion décède devant les caméras de télévision.
« Tom Simpson : sa mort a changé le Tour de France ». Source : Le Monde sur Youtube.
À l’époque, l’Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF) ne prend l’antenne qu’à la fin des étapes ; or, l’ascension du mont Ventoux était encore loin de Carpentras, la ville d’arrivée. Ce sont donc des images en différé qui montrent le calvaire du cycliste. Certes, il y avait eu des décès de coureurs, mais ils ne réunissaient pas ces trois conditions : épreuves peu prestigieuses, absence des médias ou décès de coureurs de niveau modeste. Néanmoins, on peut mentionner la mort du pistard danois Knud Enemark Jensen (1936-1960) aux Jeux olympiques (JO) de Rome en 1960. Or, T. Simpson, lui, a un palmarès époustouflant : médaillé plusieurs fois sur la piste aux JO, vainqueur du Tour des Flandres, de Paris-Nice, de Milan-San-Remo et surtout champion du monde en 1965. Il a presque tout gagné… sauf le Tour de France. Il est plutôt l’homme d’un jour ou de courses à étapes n’excédant pas une semaine. Le gain de la « grande boucle » est devenu obsessionnel pour ce coureur. Un peu malgré lui, il incarne le prototype du cycliste « chargé ». Toutefois, l’autopsie conclut à un accident cardiaque du fait de la fatigue, de la chaleur et de la prise d’Onidrine (amphétamine). Sa mort est alors plurifactorielle et ne peut être simplement imputée à la prise d’un produit dangereux. De plus, après la tragédie, la presse spécialisée se divise en deux camps (Charroin, 2007). Durant les deux jours qui suivent le décès, les journalistes observent un recueillement et adressent des condoléances convenues et unanimes. Mais, par la suite, lorsque l’on commence à s’interroger sur les raisons et les responsabilités, la belle unanimité vole en éclats. L’affaire devient un problème public dont les journalistes s’emparent (Diana, Meyer, 2004).
Ainsi, pour la presse sportive proche de la Société du Tour de France (aujourd’hui appelée Amaury sport organisation [ASO]) et de l’Union cycliste internationale (UCI), c’est la personnalité du coureur qui est sur la sellette. Médiatiquement, T. Simpson est un homme pingre (d’origine écossaise), attiré par le gain, cherchant sans arrêt le cachet et qui s’est installé en Belgique pour éviter de payer trop d’impôts. Globalement, c’est la ligne éditoriale du journal L’Équipe qui s’appuie, entre autres sources, sur le livre Cycling is my life de T. Simpson (1966) lui-même et à l’intérieur duquel l’auteur ne cesse de se targuer d’une surmotivation pour son métier. D’un autre côté, la presse proche du Parti communiste français – le Miroir des Sports, Miroir Sprint et le Miroir du Cyclisme – s’en prend au « système » et aux « cadences infernales » : courses toujours plus nombreuses et toujours plus difficiles avec davantage d’enchaînements de cols et d’étapes contre la montre toujours plus longues. Tout cela montre que l’affaire T. Simpson a subi un fort traitement public et politique de. Nous sommes encore dans une période où les sports de force ou d’endurance, comme le cyclisme ou la boxe, sont aussi populaires que le football, ce qui fait de cette affaire un problème public. D’ailleurs, cet épisode a surtout inauguré l’internationalisation des politiques antidopage, notamment du CIO en 1984 qui fait référence aux affaires de l’athlétisme, mais aussi du cyclisme sur route, majoritairement professionnel, donc loin de l’idéal amateur coubertinien encore bien vivace au début des « eighties ». Le « troisième étage », à savoir la prise de décision par le biais législatif et/ou règlementaire intra ou extrasportif des autorités sportives et politiques, conforte le fait que le dopage soit un véritable problème public. Mais le contrôle est à ce point contraignant que son coût est exorbitant pour des pays en voie de développement. L’exemple du dopage des athlètes de fond et de demi-fond de l’Afrique de l’Est (Kenya, Éthiopie) est particulièrement illustratif.
Le dopage : une affaire strictement sportive ?
On entend souvent que le sport est le seul secteur à être dans le collimateur en matière de lutte antidopage et que selon l’expression consacrée : « On ferait bien de s’occuper de ça dans la politique, l’économie et l’éducation ». Or, la politique, tout comme l’économie (la professionnalité) ou encore l’enseignement supérieur ont certes une éthique, une déontologie, mais en aucun cas, la prise de produits ne peut être l’objet d’un contrôle quelconque, sauf évidemment l’usage de la drogue qui relève d’un délit de droit commun. Le problème du sport doit son existence et sa popularité justement au fait de l’engagement des athlètes à ne pas recourir à des subterfuges pour « performer ». Cependant, même lorsque des cas de dopage sont avérés, ils n’endiguent pas la popularité du sport, en tant que pratique et spectacle. Personne n’est dupe, les autres sports sont touchés. Ainsi, Rafael Nadal a pu jouer (et gagner) à Roland Garros en 2022, grâce à l’injection de xylocaïne, produit anesthésiant autorisé au tennis, mais pas dans le cyclisme.
« Roland-Garros : Rafael Nadal s’est-il dopé ? ». Source : Europe 1 sur Youtube.
Nous ne souscrivons tout de même pas à l’idée selon laquelle le cyclisme serait plus particulièrement visé, parce qu’il serait populaire au double sens du terme quantitatif et qualitatif, donc éloigné de la sphère médiatique convenue qui ferait preuve de mépris vis-à-vis d’une discipline pour la « populace ». Le football ou la boxe le sont aussi, sans pour autant avoir cette image, à moins qu’il soit plus difficile, diplomatiquement parlant, de jeter le doute sur des sports incarnant des villes ou des pays que sur celui qui incarne des marques.
Dans tous les cas, les sports restent populaires, le Tour de France qui attire plusieurs millions de spectateurs et téléspectateurs en est le parfait exemple. Dans la bouche des afficionados de la petite reine, on entendait sur le bord des routes, des cols, des secteurs pavés, notamment avant l’affaire Festina : « De toute façon, ils sont tous chargés, donc celui qui gagne est le meilleur » ; l’égalité de départ ayant été respectée dans le cadre d’une « triche » équitablement répartie (Voet, 1999). Au point que certains, notamment le skieur Bode Miller, des physiologistes américains ou encore les acteurs du bodybuilding (seul sport autorisant le dopage), prônent une politique contrôlée du dopage. Ils considèrent que les exploits à accomplir sont toujours plus extraordinaires, qu’il paraît impensable de les réaliser sainement, sauf à remettre en cause le fonctionnement de la société concurrentielle. Il s’agit là d’un problème politique et comme le sketch des Inconnus le révélait dans leur parodie de journalistes sportifs interposés : « Cela ne nous regarde pas… ! » (La télé des inconnus, 1993). Une affirmation qui n’est pas si certaine…
Et on en sort comment ?
Certaines épreuves sportives n’ont pas pour vocation de battre l’autre, mais plutôt de combattre contre soi-même. Ainsi, durant les Gay Games qui réunissent tous les quatre ans les sportifs et sportives « LGBétistes », des médailles sont certes remises, mais à un ou des individus qui ne « compétitionnent » pas pour leur nation, mais pour eux-mêmes ou contre eux-mêmes. Évidemment, aucun hymne n’est joué au moment de la cérémonie du podium. De nombreux témoignages expliquent que des athlètes atteints du sida se paient un défi, comme faire le marathon (Liotard, 2019). Au demeurant, de nombreux jeux alternatifs existent, on en compte plus de 150 faisant concourir des sportifs qui ont comme point commun une identité unique : Jeux indiens (Delsahut, 2018), Jeux Inuits, Jeux de l’Océan Indien, Gouren (compétition de lutte bretonne), etc. Le problème demeure dans le fait que le sport « conventionnel » a, comme certaines religions, vocation à l’universel, donc sans revendication de particularismes, alors que ces jeux alternatifs sont fondés sur l’exaltation d’identités singulières. De plus, rien ne dit que ces épreuves ne soient ou ne seront pas, elles aussi, touchées par le dopage ?
Ce dernier est-il voué à demeurer un problème et plus exactement un problème public ? Oui sans doute, puisqu’il touche à la légitimité, à l’éthique, à l’équité d’une pratique qui se veut un sanctuaire de l’exemplarité, dans des sociétés qui n’en sont pas. Mais le sport est un métier et plus un passe-temps aristocratique grâce auquel on peut (bien, voire très bien) gagner sa vie. Il suffit pour cela d’être un tout petit peu plus performant que l’autre (de l’ordre de quelques grammes, quelques dixièmes, quelques millimètres).
« La loi anti-dopage : projet de loi anti-dopage ». Source : INA Sciences sur Youtube.
Agence française de lutte contre le dopage, s.d., Les Violations aux règles antidopage. Accès : https://sportifs.afld.fr/les-violations-aux-regles-antidopage/
Brissonneau C., 2003, Entrepreneurs de morale et carrières de déviants dans le dopage sportif. Prises de position et témoignages vécus dans la médecine du sport et dans deux disciplines sportives, l’athlétisme et le cyclisme sur route (1960-2003), thèse en sociologie, Université Paris 10 Nanterre.
Charroin P., 2005, « L’affaire Simpson de 1967 : une rupture médiatique dans l’appréhension du dopage », Éthique Publique, 7 (2), pp. 9-19. Accès : https://doi.org/10.4000/ethiquepublique.1921.
Charroin P., 2007, « Le décès de Simpson en 1967 Approche comparée du traitement de l’événement par la presse écrite », pp. 309-321, in : Combeau-Mari E., dir., Sport et presse en France (XIXe-XXe siècles), Paris, Éd. Le Publieur.
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Liotard P., 2019, « Les Gay Games 1968-2018. Cinquante ans d’innovations pour un sport inclusif », Corps, 17 (1), pp. 291-299. Accès : https://doi.org/10.3917/corp1.017.0291.
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