L’école de Constance (Konstanzer Schule) désigne un groupe de recherche interdisciplinaire qui avait évolué en Allemagne de l’Ouest au siècle dernier et dont les activités – qui s’étalaient sur trois décennies (1963-1994) – avaient abouti à la publication de 17 volumes dans le cadre d’une série intitulée « Poetik und Hermeneutik » et figurant dans deux maisons d’édition munichoises : Eidos (1964) et Wilhem Fink (de 1966 à 1998). Le terme d’« école » que la communauté universitaire internationale attribue désormais à cette entité s’avère toutefois refléter une réalité à multiples facettes. Tandis qu’il est moins fréquent dans l’espace universitaire allemand, où l’on parle plutôt de Poetik und Hermeneutik – un groupe de recherche co-fondé, en 1963, par Hans Robert Jauss (1921-1997), Hans Blumenberg (1920-1996) et Clemens Heselhaus (1912-2000) –, le mot s’est imposé à l’échelle internationale comme un outil familier pour désigner le rattachement de la « Rezeptionsästhetik [esthétique de la réception] » à l’université de Constance, où le romaniste et théoricien allemand H. R. Jauss avait établi les bases de cette théorie lors de son discours inaugural et prononcé à la suite de sa nomination à la chaire des littératures romanes. En revanche, ces événements (la fondation, en 1966, de l’université de Constance et la tenue du discours inaugural de H. R. Jauss en avril de l’année suivante) s’observent tardivement dans l’histoire d’un groupe dont les activités se déroulaient depuis l’été 1963, à l’époque où les « Gründerväter [pères fondateurs] » (Amslinger, 2017 : 10) se rassemblaient autour de 17 participants dans les locaux de l’université de Giessen, à l’occasion d’un colloque ayant pour thème « Nachahmung und Illusion [mimétisme et illusion] » (Jauss, 1964). Entre 1963-1966, trois colloques eurent lieu respectivement à Giessen, à Cologne et à Lindau, sans que la notoriété publique du groupe n’ait pu dépasser le cercle étroit d’experts, d’assistants et de doctorants qui l’avaient initialement formé, d’autant plus que les participants à ces rencontres menaient « eine merkwürdige Doppel-Existenz zwischen Öffentlichkeit und eines in sich geschlossenen, […] Zirkels [une double existence étrange entre le public et un cercle fermé] » (Wagner, 2010 : 56), ainsi que le soutient Julia Wagner dans son enquête sur les circonstances entourant la constitution du groupe. Or il peut paraître que cette « double existence étrange » entre l’espace public et le « cercle fermé » des membres se déroule également à Constance, lorsque H. R. Jauss fit son « Schritt von Gießen nach Konstanz [pas de Giessen à Constance] » (cité dans Amslinger, 2017 : 331), comptant, avec Wolfgang Preisendanz (1920-2007), parmi les huit premiers professeurs titulaires à cette université nouvellement fondée en 1966. Des déplacements accélérés s’étaient alors effectués : des membres actifs du groupe de Giessen – le germaniste W. Preisendanz (de Münster), l’angliciste Wolfgang Iser (de Würzburg, 1926-2007), le linguiste Wolf-Dieter Stempel (de Bonn), le philologue et latiniste Manfred Fuhrmann (de Kiel, 1925-2005) et le slaviste Juri Striedter (de Berlin, 1926-2016) – furent nommés à des chaires professorales à l’université de Constance. Les discours inauguraux que H. R. Jauss (1967) et W. Iser (1970) avaient prononcés à Constance sur les théories de la réception et de l’effet n’ont fait que consolider l’image d’un programme théorique clos et abouti au sein du groupe, et l’école de Constance devint dès lors une appellation consacrée et renvoyant à un lieu public défini comme étant le principal centre d’intérêt pour les études de réception. Une tension interne s’était alors émergée : entre l’attribution, propagée par la culture scientifique ouest-européenne des années 1960 et 1970, du terme « école » à cette entité de recherche d’un côté, et la réalité à laquelle les membres du groupe voulaient faire correspondre leurs activités de l’autre.
Un « chapitre de l’histoire contemporaine des sciences humaines » ou une « école » : la représentation du public
Par ailleurs, H. R. Jauss n’avait de cesse d’atténuer le sens de cette notion d’« école » en l’encadrant par l’emploi de guillemets, que ce soit dans ses articles rédigés en allemand ou en français, laissant entendre que l’expression aurait pu susciter quelques réticences dans l’esprit public et incitant peut-être ses lecteurs à la considérer avec une certaine méfiance. Dans le collectif d’articles traduits que le romaniste fit paraître, en 1978, chez Gallimard (Jauss, 1972), H. R. Jauss n’emploie guère le terme d’« école » pour se référer à ses propres travaux ou bien à ceux de ses collègues à Constance ; en revanche, il attribue l’acception d’une école aux théories de ses analogues à Prague (« École de Prague », trois occurrences), à Moscou et à Saint-Pétersbourg (« École formaliste », huit occurrences), évoqués tous sans guillemets, sans compter l’emploi qu’il fait des notions d’« école positiviste » et d’« école marxiste », évoqués également sans guillemets. La seule occurrence de la notion d’« école de Constance » se décèle dans la préface, rédigée par Jean Starobinski (1920-2019) : en note de bas de page, le critique suisse encadre cette « école » par des guillemets et la rattache aux noms de J. Striedter, W. Preisendanz, M. Fuhrmann, Karlheinz Stierle et Rainer Warning.
Couverture de Pour une esthétique de la réception (Kleine Apologie der ästhetischen Erfahrung, Jauss, 1972 ; Literaturgeschichte als Provokation, Jauss, 1974 ; Rezeptionsästhetik, Warning, dir, 1975).
D’une manière analogue, et même quand il s’agissait de modérer ces réticences exprimées sur le plan formel, leur effet se prolongeait dans un grand nombre d’écrits allemands et donne à lire une certaine acceptation tacite des réserves qui auraient pu se formuler par la communauté scientifique autour de cette notion. Dans sa contribution au collectif co-dirigé par Horst Sund (1926-2021) et Manfred Timmermann (1936-2004) et dédié au ministre-président du Bade-Wurtemberg (1958-1966), Kurt Georg Kiesinger (1904-1988), à l’occasion de son 75e anniversaire, H. R. Jauss écrit : « Die Rezeptionsästhetik der sogenannten Konstanzer Schule hat sich seit 1966 mehr und mehr zu einer Theorie der literarischen Kommunikation entwickelt [Depuis 1966, l’esthétique de la réception de l’école dite de Constance s’est de plus en plus développée en une théorie de la communication littéraire] » (Jauss, 1979 : 387). H. R. Jauss ajoute une note immédiate de bas de page à la suite de l’expression « der sogenannten Konstanzer Schule » (littéralement, « de ce que l’on appelle école de Constance » ou « de l’école dite de Constance ») : dans cette note, le théoricien réfère son lectorat aux écrits pouvant servir de base à quiconque s’intéresse à parcourir l’ensemble des partisans de cette « école » (Iser, 1976 ; Jauss, 1977 ; Weber, 1978 ; Warning, 1975). Ce dernier contient pourtant des textes de penseurs ayant évolué et travaillé dans le monde universitaire slave, en ancienne Tchécoslovaquie et en Pologne, et n’ayant pas entretenu des liens directs avec la communauté universitaire de Constance : Felix Vodička (1909-1974) et Roman Ingarden (1893-1970 ; 1976). Il n’est toujours pas aisé de cerner les lignes de force qui traversent l’œuvre d’une école qui se définit par son indétermination structurelle, et notamment si l’on garde présent à l’esprit le fait que la notion elle-même d’« école » fut bel et bien habituelle dans le cercle constancien : largement impliqué dans les activités assidues de traduction et d’importation de l’héritage théorique est-européen qui se déroulaient à l’université de Constance, H. R. Jauss co-dirigeait, chez Wilhelm Fink, une série qui constituait un projet pilote de rattrapage de ce que l’Europe orientale avait produit au cours de la première moitié du siècle, donnant lieu à des traductions des textes des formalistes russes (édités par son collègue J. Striedter, en 1969 et 1972) et de F. Vodička (deux éditions : Warning, 1975 ; Vodička, 1976). Des slavistes (assistants et doctorants) à l’université de Constance avaient également participé à la traduction des textes de l’école de Tartu-Moscou, et l’on voit par exemple que le terme « Moskauer und Tartuer Schule » figure dans le titre même d’un collectif d’articles traduits, en 1974, par Karl Eimermacher, un slaviste qui poursuivait à l’époque ses études supérieures à l’université de Constance.
Le retournement de sens que risque une telle double acception du terme « école » et les susceptibilités qui semblent également s’y rattacher offrent au public une réalité protéiforme de l’école de Constance, et il s’agit d’ailleurs d’une problématique qui s’était énoncée en France depuis les années 1980 et 1990, les années 1970 étant plutôt marquées par les traductions qu’on retrouve dans les collectifs d’articles ou bien dans les périodiques, tels que ceux qu’on repère dans les livraisons de la revue Poétique : no 1 (1970), no 10 (1972), no 31 (1977), no 32 (1977), no 39 (1979). On interroge les concepts nodaux de l’esthétique de la réception et de l’« école de Constance » (Bessière et al., 1986 ; Ibsch, 1989 ; Jurt, 1989), mais aussi on nuance la notion elle-même d’« école » (Gsteiger, 1978 ; Dällenbach, 1979 ; Kalinowski, 1997 ; Pillet, 2016). Il convient toutefois de noter que Manfred Gsteiger (1930-2020 ; 1978) et Lucien Dällenbach (1979) avaient contribué à clarifier cette terminologie dès la fin des années 1970 : dans sa contribution à la deuxième livraison de la revue Œuvres & critiques, M. Gsteiger (ibid. : 21) retient « Henrich (sic) Iser et Hans Robert Jauß, tous les deux travaillant à l’université de Constance (ce qui a amené certains à parler d’une “Konstanzer Schule”) », et réfère le lecteur, en note de bas de page, au Reader édité par R. Warning (1975) comme source primaire. D’une manière analogue, et dans ses efforts de familiariser le public francophone avec les travaux de sept penseurs de l’université de Constance (auxquels une livraison spéciale fut consacrée dans la revue Poétique), L. Dällenbach (1979 : 21) attire l’attention du lectorat sur une « appellation » qui fut à l’époque neuve et la justifie par le lieu public auquel appartenait un nombre limité d’universitaires :
« L’université où enseignent H. R. Jauss et W. Iser a été le creuset de l’“esthétique de la réception” – d’où cette appellation. Aujourd’hui, la Konstanzer Schule a exporté plusieurs de ses membres dans d’autres universités allemandes. »
L’auteur procède par la suite à une répartition triadique des « générations » de l’école de Constance, explicitant les intérêts théoriques de chacune de ces « trois générations » (ibid. : 259).
Il peut sembler que les efforts déployés dans l’espace universitaire francophone en vue de dresser quelques traits définitoires de l’école de Constance tournent autour d’une théorie distincte et de l’ensemble des disciples ou des collègues proches du cercle d’un penseur, ce qui situerait forcément, aux yeux du public, le commencement d’une école dans la théorie et son déroulement ultérieur dans le mouvement qui est issu, donc en 1967 et après 1967. Or, l’inscription d’un nombre limité d’universitaires dans l’image plus large et imprécise d’une école et les circonstances historiques particulières qui entouraient leurs carrières universitaires respectives – étant, pour la majorité des cas, des exilés, des vétérans ou des persécutés de la Seconde Guerre mondiale – n’ont fait qu’interroger les chercheurs en ces dernières vingt années en Allemagne, au point de lancer des projets de recherche financés par le gouvernement fédéral et axés sur les questionnements historiques relatifs aux penseurs allemands qui avaient repris leur carrière universitaire après 1945. Par le biais des méthodes d’analyse de la Wissenschaftsgeschichte (histoire de la science), de la recherche archivistique et biographique et des entretiens menés avec des membres vivants (Boden, Zill, 2017), on s’efforce de réinterroger l’histoire intellectuelle d’un regroupement de penseurs que les étiquettes commodes avaient enraciné dans l’imaginaire du public en Allemagne et, désormais, en dehors de l’Allemagne, sans qu’il ne soit envisageable de faire apparaître les liens problématiques entre un lieu public donné (Constance) d’une part, et le cercle plus large que les intellectuels de Constance avaient préalablement fondé à Giessen de l’autre, entre les parutions respectives des membres et l’ensemble des 17 collectifs d’articles publiés chez Wilhelm Fink.
Couverture de Poetik und Hermeneutik im Rückblick. Interviews mit Beteiligten (Boden, Zill, 2017).
Les questions fréquemment posées étant pour la majorité des cas à dominante théorique, on opte pour une approche historienne et sociologisante en vue d’élucider les circonstances socio-culturelles et institutionnelles qui avaient marqué le fusionnement interdisciplinaire établi par le « Gründungstrio [trio fondateur] » (Wagner, 2010 : 67) de Poetik und Hermeneutik : H. R. Jauss, H. Blumenberg et C. Heselhaus. S’y illustre la complexité caractéristique de l’attribution de la notion d’« école » à un groupe de « Wissenschaftsnomaden [nomades scientifiques] » (ibid. : 75) et, par extension, de la perception que le public avait façonnée d’un rassemblement que la communauté scientifique allemande des dernières décennies du siècle dernier avait initialement compris dans le cadre de colloques annuels. Or, s’ils furent, jusqu’en 1972, « nomades », pour reprendre le vocabulaire de J. Wagner, ce fut notamment pour la raison que voici : aucune des 17 rencontres coorganisées par H. R. Jauss et ses collègues à Constance n’avait eu lieu à l’université de Constance ; la liste des lieux publics sélectionnés par les fondateurs du groupe se présente ainsi : à Giessen (I), à Cologne (II), à Lindau (III), au château de Rheda, en Westphalie (IV), à l’île de Reichenau (V) et, enfin, à Bad Homburg (de VI à XVII). Dès lors, l’appellation d’une « école » attribuée à Constance devient pour certains une problématique à soulever, ainsi que le note Marcel Lepper (2007 : 746-747) lorsqu’il propose de repenser « die Konstituierung dessen, was es trotz Etikettierungsdementi als “Constance School”, als “école de Constance”, zu internationaler Handbuchtauglichkeit brachte », précisant donc « le refus d’étiquetage » à l’égard des appellations anglaise (« Constance School ») et française (« école de Constance »), jugées désormais propices au « manuel » à l’échelle internationale. Dans une optique analogue, on invite à repenser l’histoire de Poetik und Hermeneutik et de son rattachement à l’université de Constance comme une « Rezeptionsgeschichte [histoire de la réception] » (Wagner, 2010 : 76), dans l’objectif de saisir les raisons pour lesquelles la culture scientifique avait propagé une image qui correspond peu à la réalité, au moins d’un point de vue spatial, ce qui avait amené certains à reconsidérer cette histoire comme une « Faszinationsgeschichte [histoire de fascination] » (Spoerhase, 2010 : 122), laquelle évoque le sentiment d’« eine gewisse Irritation [une certaine irritation] » liée à l’enquête de la « Wirkungsgeschichte [histoire de l’efficience] » de Poetik und Hermeneutik, faisant par là l’importante remarque selon laquelle le peu de références faites, dans la recherche scientifique, aux volumes de Poetik und Hermeneutik n’est que le signe d’un fossé profond creusé par la réception des membres du groupe. Les discussions collectives du groupe ont par contre attiré l’attention de la jeune génération des germanistes et des comparatistes en ces vingt dernières années en Allemagne, en ceci qu’elles témoignent d’un ancien regain d’intérêt pour les théories herméneutiques de la réception-lecture et pour l’histoire des valeurs esthétiques de la modernité. Épaulés par les fonds devenus désormais accessibles dans les Archives littéraires allemandes de Marbach, où des membres du groupe avaient déposé leurs successions respectives (Nachlass), ces chercheurs (Lepper, 2007 ; Boden, 2010 ; Spoerhase, 2010 ; Amslinger [née Wagner], 2017) ont pu aborder la terminologie de l’esthétique de la réception, étant la théorie clé de l’école de Constance, sous des angles d’enquête historien, critique et sociologique, engageant plusieurs points de vue et entamant l’histoire des controverses et des convergences qui se déroulaient au sein du cercle. Parmi celles-ci, l’influence exercée par H. Blumenberg, le « Meisterdenker [maître-penseur] » (Amslinger, 2017 : 41), et par les séminaires donnés par ce dernier sur l’œuvre de Paul Valéry (1871-1945) demeure largement significative dans l’histoire elle-même de l’esthétique de la réception. À l’université de Giessen, que l’on peut considérer comme un certain berceau de l’école de Constance, H. R. Jauss rédige un texte (Jauss, 1992) datant, ainsi que le relève Margarita Kranz (2011) et J. Amslinger, de 1965 et dans lequel il « stilisiert Valéry und Blumenberg zu zwei zentralen Stichwortgebern einer Theorie der Rezeption [fait de Valéry et de Blumenberg les deux maîtres d’œuvre d’une théorie de la réception] » (Amslinger, 2017 : 194). Là où l’esthétique de la réception aurait pu se formuler, aux yeux du public, comme étant une théorie aboutie, comme le noyau d’une école, la réalité à laquelle elle correspondait au cours des années 1960 se définit par la perspective herméneutique, dialogique et interdisciplinaire plus large qui avait, seule, pu réunir autour de trois collègues un nombre croissant de participants, témoignant d’une besogne de « bricolage » (Amslinger, 2017 : 40), d’un « Laboratorium [laboratoire] » (Erhart, 2010 : 85), et donnant à lire « ein Kapitel der jüngsten Geschichte der Geisteswissenschaften [un chapitre de l’histoire récente des sciences humaines] » (Jauss, 1998 : 526). Or, la réussite de ce travail collectif n’aurait pas pu être favorisée par une théorie, et n’est pas non plus le fruit d’une école : dans un texte signé par H. R. Jauss en août 1996 – quelques mois seulement après la disparition, en mars 1996, de son collègue H. Blumenberg et six mois avant son décès (en mars de l’année suivante) –, le romaniste clôt le dernier volume de Poetik und Hermeneutik et emploie le terme « Schule » ; celui-ci ne désigne point l’esthétique de la réception ou le rattachement d’une entreprise donnée à une institution universitaire unique, mais la tradition scientifique et dialogique qu’un groupe de plus de vingt participants avait pu cultiver à une époque marquée par des innovations institutionnelles et socio-culturelles rapides : l’« Arbeitsweise [méthode de travail] » de quarante ans d’activité érudite, et c’est cette méthode-là qui « inzwischen hat Schule gemacht [entre-temps a fait l’école] » (ibid. : 526).
De Giessen à Constance : la trajectoire d’un groupe de recherche
Dans ce texte clé du dernier volume de Poetik und Hermeneutik, H. R. Jauss situe l’apparition de l’idée d’un « manifeste » et d’un « changement de paradigme » à une époque bien ultérieure à celle où il avait entamé les premiers travaux collectifs avec les « Archonten [archontes] » (ibid.) du groupe : H. Blumenberg, C. Heselhaus et W. Iser, parmi les plus notables des premiers 12 participants. Le romaniste distancie dès lors le groupe qu’il a co-fondé avec H. Blumenberg – celui-ci ayant perçu, dans une « spöttischen Widmung [dédicace narquoise] », le pas franchi par H. R. Jauss vers Constance comme un « Konstantianische Wende [tournant constancien] » (cité dans Amslinger, 2017 : 331) – d’une appellation qui fut à l’époque constitutive de la représentation de ce groupe dans l’imaginaire du public, ce qui continue de paraître problématique à quiconque enquête la préhistoire de l’esthétique de la réception, donc de l’école de Constance, au moment où les chercheurs disposent d’une précieuse voie d’accès aux fonds déposés aux Archives. Par ailleurs, dans une lettre datant du 9 avril 1993 et adressée à H. Blumenberg au sujet de sa succession, H. R. Jauss écrit qu’une telle entreprise « [rendra] la vie difficile aux auteurs des nécrologies » :
« In aller Naivität glaubte ich, es genüge meine Vorlesungen zur Verbrennung bereit gelegt zu haben, was wir aber wohl schwerlich unseren Erben überlassen dürfen » (cité dans ibid. : 321).
« En toute naïveté, j’ai cru qu’il suffisait de préparer mes cours à l’incinération, ce que nous pouvons difficilement laisser à nos héritiers. Vous allez rendre la vie difficile aux auteurs des nécrologies qui vous sont destinées. »
Il peut dès lors paraître aisé d’anticiper une telle mise à distance, et notamment si l’on garde présent à l’esprit la « Disparatheit [disparité] » (Wagner, 2010 : 61) d’expériences liées à des universitaires que l’esprit public avait perçus comme étant des penseurs revenant « aus dem Desaster [du désastre] » (Warning, 1999 : 6). J. Wagner le précise dans une note de bas de page : entre les « Verfolgte des NS-Regimes [persécutés du régime nazi] » (H. Blumenberg et Werner Krauss [1900-1976]), les « Exilanten [exilés] » (Siegfried Kracauer [1889-1966] et Herbert Dieckmann [1906-1986]) et les « Frontsoldaten [soldats du front] » (H. R. Jauss, Reinhart Koselleck [1923-2006], W. Preisendanz) (Wagner, 2010 : 61), un dialogue des disciplines humaines et des approches théoriques qui s’y rattachent s’était instauré d’abord à Giessen, où H. R. Jauss fut nommé, en 1961, à la chaire des littératures romanes. Les premières rencontres du groupe avaient réuni, ainsi que l’écrit H. R. Jauss dans ses Memorabilien Wissenschaftsgeschichtliche, Jacob Taubes (1923-1987) et Erich Köhler (1924-1981), les « alten Heidelberger [anciens heidelbergiens] » (W. Preisendanz, W. Iser, J. Striedter et R. Koselleck) tout aussi bien que la « Generation der Autoritäten [génération des autorités] » (H. Dieckmann, W. Krauss, Dimitri Tschizewskij [1894-1977], Max Imdahl [1925-1988] et Dieter Henrich [1927-2022] ; cité dans Amslinger, 2017 : 13).
Aux yeux de H. R. Jauss, la base sur laquelle cette entreprise s’appuyait fut humboldtienne, une « neue Form von Akademie [nouvelle forme d’académie] » :
« Manchmal hatten wir den Eindruck, eine neue Form von Akademie gegründet zu haben, sehr im Unterschied zu den altväterlichen Institutionen dieses Namens » (cité dans ibid. : 11).
« Nous avons parfois eu l’impression d’avoir créé une nouvelle forme d’académie, très différente des anciennes institutions du même nom. »
Il revient toutefois à C. Heselhaus le mérite d’avoir largement œuvré à la fondation structurelle du groupe ; dès 1962, le germaniste prépare une demande de financement pour jeter les premières bases du groupe et ce, sous forme de « zwischenfachlichen Forschungsinstituts für Poetik, Hermeneutik und Literaturkritik [institut de recherche interdisciplinaire pour la poétique, l’herméneutique et la critique littéraire] » (Wagner, 2010 : 34). C. Heselhaus entendait par là suivre l’exemple de l’Institut Warburg à Londres et assignait au projet envisagé un ensemble de tâches axées sur la littérature comparée, les disciplines interprétatives, la critique de l’art et la théorie des genres. Petra Boden (2010 : 110-113) a pu en effet répartir les phases constitutives du groupe en trois phases distinctes : la première s’étend de 1957/1958 à 1970, où l’ouverture, initiée notamment par S. Kracauer, E. Köhler et W. Krauss, aux perspectives extra-esthétiques et sociologiques s’observe largement dans les discussions des colloques ; la seconde recouvre les années 1970, où le travail du groupe fut marqué par des questions esthético-poétiques et herméneutiques, ainsi qu’une inclusion graduelle des domaines de la sociologie, de l’anthropologie et de la théologie ; quant à la troisième phase, elle se caractérise, le soutient P. Boden, par une « Orientierungskrise [crise d’orientation] » sur le plan méthodologique. L’importante implication de H. Blumenberg prit fin lors de la seconde phase, avec une lettre datant du 25 janvier 1974 que le philosophe avait adressée à H. R. Jauss et dans laquelle il lui annonce la fin de son engagement de dix ans dans l’entreprise de Poetik und Hermeneutik (Wagner, 2010 : 59), ainsi que le rappelle J. Wagner (ibid.) lorsqu’elle fait noter que le philosophe fut « [f]rüh […] desillusioniert von den Möglichkeiten des zwischenfachlichen Austauschs [tôt désillusionné des possibilités de l’échange interdisciplinaire] ». H. Blumenberg se prononçait sur le « P-H-Laster der Überabstraktion [vice de la surabstraction de P-H] » (Amslinger, 2017 : 17), tout comme J. Taubes, qui écrit à Peter Szondi (1929-1971) en relatant l’intérêt prédominant que les participants aux discussions du groupe avait pour l’historicité des concepts et leur évaluation historique, ce qui entraînait souvent à faire des détours significatifs des questions d’esthétique à des perspectives propres à la philosophie de l’histoire, courant par là le risque d’évoquer « Verwunderung und vielleicht auch Empörung der gelehrten Philologen [la surprise et peut-être aussi l’indignation des philologues érudits] » (cité dans ibid. : 15), ainsi que l’écrit le théologien.
De telles convergences de perspective entre les 17 volumes de Poetik und Hermeneutik d’une part, et les carrières universitaires respectives de ses membres de l’autre soulèvent ainsi une problématique majeure en matière de réception : même si l’on peut situer la base des travaux du groupe, et notamment ceux de ses co-fondateurs, à la croisée des disciplines herméneutiques, de leurs concepts et notions nodaux d’une part, et de la poétique et de l’histoire de la littérature de l’autre, il serait difficilement envisageable d’en donner une définition faisant consensus dans le discours critique contemporain, où l’on réinterroge désormais non seulement l’étiquette qui continue d’être sujet à controverse, mais aussi les références mêmes sur lesquelles le public peut s’appuyer. Une remarque curieuse faite par H. Blumenberg à l’égard du rôle du lecteur et des publics dans la réception de cette entreprise théorique paraît fort significative. Dans un texte conservé dans la succession de H. Blumenberg au sein des Archives littéraires allemandes de Marbach, J. Amslinger repère une remarque faite par le philosophe à l’égard du « titre approprié » qu’il faudrait attribuer à la documentation laissée par le groupe :
« “Ein Leser” – wäre der angemessene Titel für die Mitteilung punktueller Erfahrungen aus einem mit Lesen verbrachten Leben » (Amslinger, 2017 : 9).
« “Un lecteur” – serait le titre approprié pour le partage d’expériences ponctuelles d’une vie passée à lire. »
J. Amslinger élucide le problème que pose une telle méthodologie proposée à la postérité en matière de réception : il détermine une configuration particulière du lecteur, d’un lecteur conscient de la matière riche à laquelle il est confronté, mais aussi d’un lecteur compétent : un « Meister des Zwischenfachs [maître de l’entre-deux] ».
Le public de l’École de Constance : un public implicite ?
Que le profil supposé du récepteur-lecteur de cette entreprise co-dirigée, à partir des années 1970, par H. R. Jauss, W. Iser et leurs élèves soit celui d’un « Meister des Zwischenfachs [maître de l’entre-deux] », cela implique la nécessité de développer une conscience aiguë des références interdisciplinaires en question, ainsi qu’en témoignent les volumes II, VI et XI : philosophie, philologie, linguistique, théologie, sociologie, jurisprudence, anthropologie et histoires de l’art et de la littérature (Jauss, 1998 : 527). Mais J. Amslinger attribue également au récepteur-lecteur le concept, développé par W. Iser (1972), de « lecteur implicite » ; celui-ci est positionné au croisement de deux exigences de lecture. D’un côté il est censé disposer d’une compétence de lecture interdisciplinaire, et, de l’autre, tenir les contributions des membres du groupe telles qu’elles se voulaient initialement, c’est-à-dire une « conversation non achevée » :
« Der implizite Leser der Bände wiederum musste nicht nur ein Meister des Zwischenfachs sein, also philosophische genauso wie kunsthistorische oder slawistische Ausarbeitungen verstehen können, sondern auch über die Kompetenz verfügen, die Beiträge sowohl als abgeschlossene Forschungen als auch als Teil eines im Band zwar arretierten, aber nach Selbstaussage der Verfasser nicht abgeschlossenen Gesprächs zu lesen » (ibid. : 12).
« Le lecteur implicite des volumes, quant à lui, devait non seulement être un maître de l’entre-deux, c’est-à-dire être capable de comprendre aussi bien les travaux philosophiques que les travaux d’histoire de l’art ou de slavistique, mais aussi avoir la compétence de lire les contributions à la fois comme des recherches achevées et comme faisant partie d’une conversation certes arrêtée dans le volume, mais non achevée selon les propres dires des auteurs. »
À cela s’ajoute une autre caractéristique, non moins exigeante, de la réception prévue du public : à savoir cette structure complexe d’influences qui s’étaient exercées sur plus de trois décennies d’activité érudite. Depuis la fondation esthétique de l’herméneutique philosophique de Hans-Georg Gadamer (1900-2002) (Jauss, 1998 : 527-528) et du projet présidé par celui-ci sur la Begriffsgeschichte jusqu’aux séminaires donnés, au cours des années 1960, par H. Blumenberg sur P. Valéry, tout en passant par l’importante occurrence des concepts liés à l’esthétique de la réception lors du second colloque (tenu en 1964) de Poetik und Hermeneutik – où H. Blumenberg invite par ailleurs à repenser une « Unterscheidung in Produktions und Rezeptionsästhetik [distinction entre l’esthétique de la production et l’esthétique de la réception] » (cité dans Erhart, 2010 : 97) –, les concepts nodaux de l’esthétique de la réception de l’effet s’observent déjà depuis la fin des années 1950, et expliquent l’intérêt pour la modernité littéraire et l’équivocité poétique ; celle-ci justifie l’attention accordée par les philologues du groupe à la notion du lecteur, à la perception esthétique, aux « nicht mehr schönen Künste [arts qui ne sont plus beaux] », ainsi qu’on lit dans le titre de la troisième rencontre de Poetik und Hermeneutik, un titre que H. R. Jauss attribue à S. Kracauer (Jauss, 1998 : 532). W. Erhart suit la circulation des concepts nodaux de l’école de Constance dans les premiers volumes de Poetik und Hermeneutik, et fait remarquer que les termes « effet » et « réception » apparaissent dans cette troisième rencontre :
« plötzlich als Antworten an auf die Frage, wie der historischen Auflösung ästhetischer Geltungsmaßstäbe zu begegnen sei » (Erhart, 2010 : 97).
« soudain comme des réponses à la question de savoir comment faire face à la dissolution historique des critères de validité esthétiques. »
En plus de ces remises en question liées aux influences exercées d’un point de vue théorique, se posent souvent les problèmes liés au rôle joué par le projet de la Senatskommission für Begriffsgeschichte (1956-1966) – présidé par H.-G. Gadamer et financé par la Deutsche Forschungsgemeinschaft – sur le déroulement des discussions, compte tenu du fait que H. Blumenberg fut l’un des participants aux sessions de ce projet. P. Boden revient sur les remarques faites par Hans Ulrich Gumbrecht sur ce sujet : ancien membre du groupe, le théoricien, tout comme Anselm Haverkamp, « verortet […] die Gruppe in jener “begriffsgeschichtlichen Bewegung” der 1960er/1970er Jahre [situe… le groupe dans le “mouvement de l’histoire des concepts ” des années 1960 et 1970] » (Boden, 2010 : 104-105).
Dans l’« Épilogue » qu’il avait rédigé en guise de conclusion au dernier volume du groupe (co-édité par Gerhart von Graevenitz [1944-2016] et Odo Marquard [1928-2015]), H. R. Jauss précise en effet le « dialogue interdisciplinaire » et l’« histoire des concepts » comme les deux bases fondatrices de Poetik und Hermeneutik. Le romaniste accorde par contre à la philosophie herméneutique de H.-G. Gadamer une place plus déterminante : c’est grâce à la refondation esthétique que H.-G. Gadamer avait instaurée dans l’herméneutique qu’il fut possible de procéder à une « provokative Verknüpfung von Unvereinbaren [association provocante d’inconciliables] » (Jauss, 1998 : 527) : entre la poétique qui, ainsi que l’avait abordé Paul de Man (1919-1983), réfère plutôt à la « linguistique structurale », et l’herméneutique comme « esoterische Lehre der Theologie [enseignement ésotérique de la théologie] ». À partir de cette base, H. R. Jauss souligne les « éléments théoriques » que l’on mettait à l’épreuve au fur et à mesure de l’évolution des discussions : le concept de Wirklichkeit de H. Blumenberg, les catégories réflexives de l’art moderne de D. Henrich, la philosophie de l’histoire d’O. Marquard, les notions historiques de R. Koselleck, les théories iconographiques de M. Imdahl et la dichotomie isérienne entre fiction et réalité furent des principes directeurs de la discussion théorique et de la « restaurative Tendenz der Nachkriegsjahre [tendance restauratrice des années d’après-guerre] ». Néanmoins, pour le « groupe des philologues », écrit H. R. Jauss, Poetik und Hermeneutik présentait « ein besonderer Anreiz [un attrait particulier] » ; il a offert « die Chance […], eine moderne Konzeption ihrer Wissenschaft zu entwickeln, für die es an den Universitäten noch keine Stätte gab [la chance… de développer une conception moderne de leur science, pour laquelle il n’y avait pas encore de place dans les universités] » (ibid. : 531). Et c’est le façonnement institutionnel de cette « conception moderne » qui s’observe justement à Constance : alors que le groupe des linguistes (W.-D. Stempel et Harald Weinrich [1927-2022]), s’occupaient de poursuivre cet objectif au département de linguistique dans l’université nouvellement fondée à Constance, le « groupe des philologues » (H. R. Jauss, W. Iser, W. Preisendanz, J. Striedter et M. Fuhrmann [noms précisés par H. R. Jauss]) œuvrait sur une « nouvelle science de la littérature » et ce, « nach ihrer Berufung an die Universität Konstanz auch institutionell mit der Gründung eines Fachbereichs Literaturwissenschaft (bekannt geworden als “Konstanzer Schule”) [en 1966, après leur nomination à l’université de Constance, avec la création d’un département de science de la littérature (devenu connu sous le nom d’“école de Constance”)] » (ibid.). À Constance, H. R. Jauss s’employait à instaurer un dialogue entre « Theorie und Geschichte der Literatur und der Schönen Künste […], von Ästhetik und Hermeneutik, von Tradition und Innovation in den Relationen von Produktion, Rezeption und Kommunikation [théorie et histoire de la littérature et des beaux-arts, entre esthétique et herméneutique, entre tradition et innovation dans les relations entre production, réception et communication] ».
Par son rôle médiateur entre la structure de recherche plutôt « fragmentaire » (Wagner, 2010 : 64) qu’elle en constitue un certain aboutissement et le projet théorique auquel elle renvoie, l’appellation de l’école de Constance se prête dès lors à une interprétation plus large et pourrait servir ceux qui écrivent l’histoire de la science allemande d’après-guerre. La problématisation des catégories de description reste pourtant l’élément qui prédomine le discours critique en ces dernières années, et notamment en Allemagne, où les termes « Mitglieder [membre] », « Beteiligten [participants concernés ou impliqués] » et « Teilnehmer [participants] » sont employés pour renvoyer aux intellectuels qui avaient composé ce cercle, ce qui pousse certains chercheurs à réinterroger la structure interne du groupe, laquelle reste distincte, le note J. Amslinger (2017 : 28), de la conception idéologique que le public avait, au cours des années 1960 et 1970, forgée des écoles théoriques :
« Man war kein Mitglied von Poetik und Hermeneutik, sondern Teilnehmer an einem Kolloquium [On n’était pas membre de Poétique et herméneutique, mais participant à un colloque] ».
Reste donc à savoir si l’idée qui se rattache à l’appellation d’une « école de Constance » est une forme d’appropriation du public : si elle représente simultanément le foyer d’une théorie, et le non-lieu d’une école.
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