Du privé au public, une pensée des interrelations
Auteur d’une œuvre ample, multiple et difficilement réductible aux carcans disciplinaires, Norbert Elias est aujourd’hui considéré comme l’une des figures majeures des sciences humaines et sociales (SHS). Mais cette reconnaissance fut longue à venir. Contemporain des auteurs majeurs du siècle dernier dont les œuvres ont marqué la pensée politique et philosophique de l’espace public telles Hannah Arendt (1906-1975) avec La Condition de l’homme moderne (1958) ou Jürgen Habermas avec L’Espace public (1962), il partagea avec eux la recherche du sens de l’Histoire, prenant néanmoins ses distances avec l’approche philosophique.
Né en 1897 à Breslau [Vratislava] en Allemagne et mort à Amsterdam en 1990, la trajectoire de N. Elias illustre les épreuves qu’ont eues à traverser, au cours du dernier siècle, un certain nombre d’intellectuels ayant dû fuir le nazisme, contraints de vivre, comme tant d’autres après l’horreur, au-delà de la séparation et de la mort de leurs proches. Cette traversée du siècle et de ses difficultés ont sans aucun doute durablement imprégné son œuvre car « on peut comprendre, au regard de sa trajectoire, qu’il n’ait jamais cessé d’être hanté par la question du lien social et de la violence qui [le] mine » (Delzescaux, 2016 : 30). Tout comme elle en marquera sa réception à propos de laquelle Nathalie Heinich (1997 : 3) parle de « destin tourmenté ». Selon la sociologue, cette tardive et difficile réception n’est pas seulement due au contexte sociopolitique, mais également au contenu même d’une œuvre qui s’intéresse à une grande diversité de sujets et, par là, se montre rétive au travail de catégorisation qu’imposent les disciplines. Dans son autobiographie, retraçant son itinéraire d’intellectuel dans le siècle, N. Elias (1990) témoigne paradoxalement d’une grande persévérance, d’une grande confiance en soi et se montrera assez discret sur sa vie privée et ses affects, alors que la question des liens entre vies privée et publique irrigue une grande partie de son œuvre.
Parcours de la reconnaissance
Le travail inaugural de N. Elias (1969a), une thèse d’habilitation sur l’étiquette de cour rédigée en Allemagne dans les années 1930, ne sera publié que près de 30 ans plus tard, sous le titre La Société de cour tout comme son premier ouvrage, Über den Process der Zivilisation (1969), traduit en français dans un premier volume sous le titre La Civilisation des mœurs, paru en 1973 aux éditions Calmann-Lévy sous l’impulsion de Raymond Aron (1905-1938), alors directeur de collection dans cette maison d’édition. Un deuxième volume fera suite chez le même éditeur en 1975, sous le titre La Dynamique de l’Occident (1969c). Avec la Société de cour, ce diptyque forme le creuset d’une œuvre riche en concepts et analyses des formations sociales dont s’empareront d’abord les historiens héritiers de l’École des Annales tels Roger Chartier qui préface plusieurs des traductions françaises des textes majeurs du sociologue, puis les sociologues grâce au travail de Pierre Bourdieu (1930-2002). Ainsi, dans la très grande diversité de ses sujets (les marginaux et les phénomènes d’exclusion, la société de cour au XVIIe siècle, la condition de mourant, le sport, Mozart et bien d’autres encore) et la force de ses concepts, les chercheurs en SHS trouveront-ils matière à alimenter leurs terrains et à en approfondir les cadres d’analyse. Néanmoins, l’œuvre est marquée par le sceau d’incompréhensions nées de lectures partielles ou partiales d’une pensée foisonnante et d’une grande densité. Non exempte de contradictions internes, elle a fait l’objet de controverses, en particulier sa théorie de la civilisation (Delzescaux, 2002), cible d’une double critique d’universalisme et d’évolutionnisme. À partir des années 1990, de nombreux historiens et sociologues (Mennell, 1992 ; Garrigou, Lacroix, 1997 ; Heinich, 1997, 2013 ; Bonny, Queiroz, Neveu, 2003 ; Lartillot, 2009) mais aussi anthropologues (Chevalier, Privat, 2004) s’emploient à faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre du sociologue. Parmi eux, N. Heinich (2015) s’est attachée à combattre un certain nombre de malentendus et confusions, en particulier sur le sens, l’usage et la portée des concepts éliasiens. Ici, le propos est d’éclairer l’apport spécifique de certains d’entre eux à l’analyse des processus de publicisation en ce qu’ils constituent précisément des moments de dépassement des États, des frontières et des disciplines.
Refuser les catégories, analyser les processus
De prime abord, la sociologie de N. Elias ne semble pas s’intéresser spécifiquement à la question des publics. Cette question lui est-elle pour autant étrangère ? Certes, le sociologue ne l’aborde pas de front, mais elle est sans doute à rechercher dans la lecture croisée d’une œuvre multiple et d’une trajectoire personnelle et professionnelle contrariée. Derrière l’hétérogénéité des sujets et l’élaboration de concepts qui ont pu susciter interrogation et méfiance dans le monde académique au cours du siècle dernier, l’œuvre de N. Elias exprime le rejet à la fois des assignations (identitaires, professionnelles) dont le sociologue a pu avoir à souffrir et des oppositions binaires classiques (individu/société, singulier/collectif) comme des clivages disciplinaires qui s’en font l’écho. La curiosité de N. Elias couvre un spectre très large d’expériences humaines, passant de sujets aussi intimes que la fin de vie (Elias, 1982), la pudeur (Elias, 1969b) à des pratiques sociales qui reposent sur un habitus (le concept est déjà présent chez l’auteur), une intériorisation à la fois des normes et des usages (Elias, 1969a) et qui, dans le rapport au monde et au collectif qu’elles construisent, impliquent le corps et les affects dans des formes de violence plus ou moins maîtrisées (Elias, Dunning, 1986 ; Elias, 1986). La particularité de la sociologie de N. Elias réside ici dans la façon dont il s’empare de ces questions pour relier l’intime à l’extime, passer d’une psychogénèse de l’individu à une sociogenèse de l’État et des pratiques sociales, pour explorer non pas des changements mais des continuités observables dans les processus de transformation. Cette hypothèse de travail fait de l’opposition privé/public une figure jugée peu pertinente pour penser les formations sociales. À travers son dépassement, que tentent notamment les grands concepts éliasiens de civilisation, configuration, interdépendance, se dessine clairement la volonté de penser non pas des essences ou des catégories stables (telles la culture ou encore le public), mais bien des processus de mise en public (ou non) de la pensée et des actes, du corps et des émotions, en s’efforçant de mettre au jour les interactions continues et complexes qui se jouent entre espaces privé et public, psyché et corps social.
Les concepts éliasiens : un outillage pour penser les interactions entre espaces privé et public
Dès sa première étude historique sur la société de cour, N. Elias (1969a) propose un jeu de concepts destinés à élucider les interactions sociales et les rapports de domination qui s’y exercent. Ils sont autant de clés pour comprendre comment se forge une pensée de l’espace public, à travers l’étude du rapport au lieu et au temps vécus, celle des gestes, opinions, usages et pratiques, intériorisés et mémorisés à l’échelle de l’individu comme de la société, qu’ils affectent la vie privée ou l’espace public (individu en société), le temps court ou long (une pratique culturelle dans un espace-temps donné ou un procès de civilisation en tant que dynamique propre à un groupe inscrite dans une histoire). Arrêtons-nous ici sur deux de ces concepts, les notions de configuration et d’interdépendance, particulièrement fécondes pour l’approche des publics.
Le concept de configuration que propose N. Elias a pour ambition de dépasser l’opposition entre individu et société. Sans en donner une définition précise, N. Elias indique qu’il s’agit d’un concept « à l’aide duquel on peut desserrer la contrainte sociale qui nous oblige à penser et à parler comme si “l’individu” et “la société” étaient deux figures différentes et de surcroît antagonistes » (Elias, 1970 : 158). L’auteur l’illustre par une métaphore célèbre, celle des joueurs de cartes :
« Quatre hommes assis autour d’une table pour jouer aux cartes forment une configuration. Leurs actes sont interdépendants […]. Ce qu’il faut comprendre par configuration, c’est la figure globale toujours changeante que forment les joueurs ; elle inclut non seulement leur intellect mais toute leur personne, les actions et les relations réciproques […]. L’interdépendance des joueurs, condition nécessaire à l’existence d’une configuration spécifique, est une interdépendance d’alliés mais aussi d’adversaires » (ibid. : 157). Ainsi, dans une formation sociale, le but est de « saisir les particularités de ces configurations complexes par l’analyse des chaînes d’interdépendance » (ibid. : 159).
À travers ces deux concepts étroitement associés, N. Elias tente d’ouvrir une alternative aux deux propositions méthodologiques fondatrices de la sociologie moderne que sont l’individualisme wébérien et le holisme d’Émile Durkheim (1858-1917). Cette proposition ambitieuse a ouvert de nombreuses perspectives pour les études culturelles et a apporté une contribution décisive aux études de réception sur plusieurs plans : d’abord, elle incite à ne pas focaliser le regard sur un des pôles de l’échange (émetteur-producteur versus récepteur-consommateur, artiste versus public, élite versus masse) mais à considérer plutôt les circulations (interdépendances) qui s’opèrent entre et à travers eux. Ensuite, elle invite à ne pas sous-estimer pour autant les tensions dont ces interdépendances sont porteuses. En effet, la notion d’interdépendance qualifie le jeu des sujétions réciproques de tous ordres (économique, technique, politique, etc.) qui relient les différents acteurs (individus, groupes, institutions) sans que ce jeu soit toujours parfaitement conscientisé de part et d’autre. De même que les interdépendances constituent la trame de la société, elles sont également à rechercher dans ce qui fait tenir ensemble des individus déjà socialisés, qu’ils soient partie prenante (établis), à la marge (exclus) ou indifférents à ce qu’il est convenu de nommer publics, des formations sociales historicisées, construites à l’épreuve d’un événement, d’une représentation ou encore d’une performance, que ceux-ci se déroulent dans le champ politique, économique ou culturel.
Loin de tout relativisme culturel, ces concepts aident à penser dans les relations, les modes de différenciation sociale et leurs transformations ; et ce, à condition de les inscrire dans la très longue durée, comme le rappelle R. Chartier dans un entretien accordé à la revue Espaces Temps (1993). Dans une perspective complémentaire, N. Heinich (2015 : 73-96) propose de reconsidérer la notion d’élite à la lumière du concept de configuration pour en examiner à nouveaux frais les conditions de possibilité. Alors même que la notion traverse les discours des acteurs et alimente dans l’espace public les débats sur la démocratisation culturelle, la sociologue rappelle le flou dont s’entoure le terme aussi bien du côté des chercheurs que des acteurs. Selon elle, la notion de configuration permet de dépasser une conception essentialiste de l’élite que forgent tout autant les approches monistes que pluralistes, et dont d’autres catégories telles le public ou la masse ou encore le peuple, est-on ici tenté d’ajouter, fournissent les contrepoints. Pour N. Heinich, l’apport du concept est décisif car il permet « une observation pragmatique des sociabilités effectives entre détenteurs de ressources importantes (fortune, culture, pouvoir, notoriété, etc.) de façon à en déduire les critères pertinents pour les acteurs eux-mêmes » (ibid. : 88). Appliqué à l’examen de la notion de public, l’apport de ce travail empirique, inductif que N. Elias avait proposé avec la société de cour et auquel s’est référée N. Heinich dans son travail sur l’élite artiste (2005) montre ici toute sa fécondité pour observer et interpréter les recompositions en cours au sein d’une catégorie et, partant, les conditions de sa validité et de sa persistance dans l’espace social.
Le public, une figure implicite des terrains et des objets de recherche
Observateur attentif au monde et à ses manifestations, à travers la diversité de ses objets d’étude, N. Elias revendique une curiosité inlassable pour ce qui construit le rapport des individus à leur théâtre intérieur comme à la scène du monde dans laquelle ils évoluent. Néanmoins dans Qu’est-ce que la sociologie ? (1970), il défend sa vision de la mission du sociologue « chasseur de mythes », soucieux de porter tout autant attention que méfiance à l’égard des objets étudiés. Le public fait-il partie de ces mythes ? N. Elias semble le traquer au détour de terrains et d’espace-temps aussi divers que la société de cour de l’Ancien Régime, le sport ou encore la musique. Dans ces configurations, qui produisent la formation de groupes ou de communautés, ce sont moins les individus et les identités qui retiennent son attention que les processus d’appartenance dont les déterminations ne peuvent, selon N. Elias, se réduire à l’échelle de l’individu mais sont à rechercher dans les chaînes de générations dans lesquelles ils s’inscrivent.
Une postérité inégale
Dans son autobiographie, Norbert Elias par lui-même (1990 : 93), le sociologue rapporte une anecdote : « J’ai encore une sorte de fantasme que je nourris depuis longtemps : je parle au téléphone et la voix, à l’autre bout du fil, me dit : “Pouvez-vous parler un peu plus fort, je ne vous entends pas”. Je me mets alors à crier, et la voix répète constamment : “Veuillez parler plus fort, je ne vous entends pas” ». Pourtant, son œuvre est marquée par l’invention de concepts dont la fortune est aujourd’hui presque inversement proportionnelle à la première réception de l’œuvre : derrière l’apparent paradoxe, se profile le jeu des migrations conceptuelles en SHS, auxquelles les concepts de N. Elias semblent particulièrement aptes à se prêter. Les historiens ont trouvé dans les travaux du sociologue, en particulier dans son approche des affects et des émotions, matière à se détacher de l’histoire factuelle pour s’intéresser aux mentalités et aux représentations, ce qui touche à l’intime et à la vie privée dont la célèbre Histoire de la vie privée en cinq volumes sous la direction de Philippe Ariès (1914-1984) et Georges Duby (1919-1996 ; 1985-1987). De même, l’héritage de N. Elias a permis de défricher de nouveaux objets historiques comme le sensible qu’illustrent notamment les travaux d’Alain Corbin (1992). Cette attention aux affects et à leur contrôle, constitutifs d’un vivre-ensemble dans un espace à partager (public) inspire également les réflexions sur l’urbanisme et les façons d’habiter du philosophe Thierry Paquot (2009). Du côté des SHS, l’apport de la sociologie de N. Elias à la question de l’espace public semble parfois rester dans l’ombre d’une vision quelque peu appauvrie de la dialectique de l’engagement et de la distanciation que propose N. Elias (1983). Levier incontournable de la réflexivité et de l’éclaircissement d’une posture méthodologique, la proposition mérite néanmoins une attention plus grande à sa dimension opératoire pour comprendre et interpréter le réglage de l’individu en société à l’espace public qu’il construit et qui, en retour, le constitue.
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