Genres oratoires dans l’Antiquité


 

La notion de genres oratoires, ancrée dans la rhétorique ancienne (Neveu, 2015), trouve son essence dans la relation entre l’orateur et son public, dont les caractéristiques influencent le ton, les arguments et les objectifs du discours. Chaque genre (judiciaire/délibératif/épidictique) est lié à une pratique oratoire spécifique, définie par son contexte, son auditoire (Bonhomme, 2015a), ainsi que par le statut et la réputation de l’orateur. Ce lien étroit à l’auditoire est notamment mis en évidence par Aristote (384-322 av. J.-C. ; 1932 : 4) :

« Il y a trois espèces de rhétorique ; autant que de classes d’auditeurs, et il y a trois choses à considérer dans un discours : l’orateur, ce dont il parle, l’auditoire. Le but final se rapporte précisément à ce dernier élément, je veux dire l’auditoire. »

Avant d’explorer ces éléments, il convient de revenir sur les origines de la théorisation des genres oratoires en mettant en lumière les travaux de plusieurs rhéteurs majeurs, notamment Aristote, puis près de trois siècles plus tard, Cicéron (106-43 av. J.-C.).

 

Les fondements de la rhétorique antique et la place centrale de l’auditoire

Née dans la Grèce antique durant l’époque classique (V-IVᵉ siècle av. J.-C.) et développée ensuite à Rome, à travers la période hellénistique (323-31 av. J.-C.) et l’époque impériale (31 av. J.-C. – VIᵉ siècle ap. J.-C.), la rhétorique a évolué à travers des figures marquantes comme Aristote, Cicéron, Quintilien (vers 30-après 95 ap. J.-C.), dont les traités de rhétorique ont traversé les siècles (Duteil, 2005), et par le biais d’orateurs célèbres comme Périclès (495-429 av. J.-C.), Démosthène (384-322 av. J.-C.), Eschine (390-314 av. J.-C.), restés dans l’histoire pour la qualité manifeste de leur éloquence. Parmi leurs discours les plus emblématiques, on peut citer le Contre Ctésiphon d’Eschine (1928) et le Sur la Couronne de Démosthène (2000).

Démosthène s'exerçant à la parole sur un bord de plage avec du vent

Démosthène s’exerçant à la parole (1870), peinture par Jean-Jules-Antoine Lecomte du Nouÿ. Source : Wikimedia (domaine public).

 

L’héritage de Cicéron dans la tradition occidentale est considérable, influençant également la philosophie, le droit et la politique. On lui doit notamment l’idée de l’orateur comme homme d’État et philosophe (vir bonus dicendi peritus [Un homme de bien qui sait parler]). Cicéron était à la fois théoricien (voir ses traités De Oratore, Brutus et Orator) et praticien accompli de l’art oratoire, maîtrisant aussi bien l’éloquence judiciaire que l’éloquence délibérative. On prendra pour exemple sa première grande plaidoirie le Pro Roscio Amerino où il défend Sextus Roscius, accusé de parricide :

« VII. Sextus Roscius, revenant de dîner, fut tué près des bains du mont Palatin. Ce jour-là son fils était dans Amérie ; Titus Roscius était à Rome. Le jeune Sextus ne quittait jamais ses champs, où, conformément à la volonté de son père, il se livrait à l’administration domestique et rurale. Titus, au contraire, vivait constamment à Rome. C’en est assez, je crois pour diriger le soupçon. Mais si l’exposition des faits ne change pas le soupçon en certitude, prononcez que le fils est l’auteur du meurtre. » (Cicéron, 1850)

Ou encore Les Catilinaires (63 av. J.C.), constitués de quatre discours politiques contre Catilina (108-62 av. J.-C.), accusé de complot contre la République :

« III. Eh ! que peux-tu espérer encore, si les ombres de la nuit ne cachent point à nos regards tes assemblées criminelles ; si, perçant les murailles où tu la crois enfermée, la voix de ta conjuration éclate et retentit au dehors ? Renonce, crois-moi, renonce à tes projets ; cesse de penser aux meurtres et à l’incendie ; tu es enveloppé de toutes parts ; tous tes desseins sont pour nous plus clairs que la lumière. » (Cicéron, 1850)

Dans Les Philippiques (44 et 43 av. J.C.), Cicéron (1848) énonce des diatribes virulentes contre Marc Antoine (83-30 av. J.-C.), appelant au soulèvement républicain :

« XXII. C’est vous, Antoine, oui, c’est vous qui, le premier, donnâtes à l’avide ambition de César un prétexte pour faire la guerre à la patrie. Que disait-il lui-même pour excuser son horrible attentat ? Il alléguait votre position méprisée, les droits du tribunat anéantis, l’autorité d’Antoine avilie par le sénat. Je ne dis point combien ces prétextes sont faux, combien ils sont futiles, d’autant plus que nulle cause ne peut jamais légitimer la guerre contre la patrie. Mais ne parlons pas de César. Vous ne pouvez du moins disconvenir que votre personne n’ait été la cause de cette guerre déplorable. »

Sa force en tant que théoricien repose sur son expérience pratique : il comprend que l’éloquence n’est pas seulement une science, mais un art vivant, façonné par le contexte et l’auditoire. C’est cette capacité d’adaptation au public qui mérite d’être soulignée, en mettant l’accent sur les pratiques oratoires à travers les trois genres retenus par la tradition. Avant d’entrer dans le détail de la tripartition judiciaire/délibératif/épidictique, il convient de rappeler la fonction de la rhétorique selon Aristote et les types de preuves. Cet éclairage permettra de mettre en exergue la notion de public, véritablement cruciale dans cet art, aussi bien dans le choix et la nature des arguments que dans le style des discours et leur énonciation.

 

L’auditoire au cœur de la rhétorique

Alors que l’art de persuader était ancré dans la tradition orale grecque, où les sophistes – Protagoras (485-env. 411 av. J.-C.) ; Gorgias de Leontium (483-376 av. J.-C.) – ont joué un rôle essentiel dans l’élaboration des techniques argumentatives, Aristote est considéré comme le premier théoricien majeur de cet art, même si un ouvrage présentant les grands principes de la rhétorique semble être antérieur d’au moins quelques années à la Rhétorique d’Aristote (il s’agit de la Rhétorique à Alexandre [340 av. J.-C.] attribuée par beaucoup d’auteurs à l’historien, rhéteur et logographe, Anaximène de Lampsaque [380-320 av. J.-C.]). Aristote définit ainsi la fonction de la rhétorique :

« La rhétorique est la faculté de découvrir spéculativement ce qui, dans chaque cas, peut être propre à persuader. Aucun autre art n’a cette fonction. » (Aristote, 1932 : 76)

Platon et Aristote discutant avec ardeur

Platon et Aristote. Panneau en marbre par Mica delle Robbia. Elle provient de la façade nord du campanile de Giotto de l’église Santa Maria del Fiore (cathédrale de Florence). Source : Jastrow, Wikimedia (domaine public).

 

L’art rhétorique est tout entier établi en relation avec l’auditoire : « Le persuasif est persuasif pour quelqu’un » (ibid. : 79). Cet auditoire n’est ni expert, ni savant, il renvoie aussi bien aux citoyens-décideurs dans une assemblée qu’aux citoyens-juges dans un tribunal ou même aux citoyens-spectateurs lors d’un éloge :

« La fonction de la rhétorique est de traiter des sujets dont nous devons délibérer et sur lesquels nous ne possédons point de techniques, devant des auditeurs qui n’ont pas la faculté d’inférer par de nombreux degrés et de suivre un raisonnement depuis un point éloigné. » (ibid. : 79)

La persuasion porte sur des points ouverts à la contradiction et au débat ; il s’agit pour l’orateur de trouver des arguments vraisemblables propres à rendre la cause convaincante. En effet, selon Aristote, la rhétorique ne vise ni la vérité universelle (comme les sciences), ni le bien moral en soi (comme l’éthique) ; elle opère dans le domaine du probable et du contingent. Elle sert à convaincre un auditoire en fonction de ses croyances et de ses expériences partagées, en s’appuyant ainsi sur des arguments plausibles, vraisemblables sans garantir une vérité absolue ni une finalité morale :

« Quand nous posséderions la science la plus exacte, il est certains hommes qu’il ne nous serait pas facile de persuader en puisant notre discours à cette seule source ; le discours selon la science appartient à l’enseignement, et il est impossible de l’employer ici, où les preuves et les discours doivent nécessairement en passer par les notions communes » (ibid. : 74)

Le vrai (alēthes) appartient au domaine de la science et de la démonstration logique (apodeixis). Il repose sur des principes universels et nécessaires, étudiés par la logique et la philosophie première (Métaphysique). Le vraisemblable (eikos) est ce qui semble vrai, ce qui est généralement admis comme vrai par une communauté, selon l’expérience commune. Il appartient au domaine de l’opinion, de la doxa (Trépos, 2015) et des discours persuasifs.

« XV. Le vraisemblable est ce qui se produit d’ordinaire, non pas absolument parlant, comme le définissent quelques-uns, mais ce qui est, vis-à-vis des choses contingentes, dans le même rapport que le général est au particulier. » (Aristote, 1932 : 37)

C’est dans ce cadre que les lieux spécifiques (idioi topoi) interviennent ; ils sont à distinguer des lieux communs (koinoi topoi), à savoir des principes généraux que l’orateur peut utiliser pour structurer son raisonnement, quel que soit son sujet (le possible et l’impossible ; le plus et le moins ; les contraires ; les analogies temporelles…). Les lieux spécifiques permettent quant à eux de construire des arguments adaptés à une situation, un genre oratoire et à un auditoire donné, en mobilisant ce qui est généralement admis dans une communauté. Par exemple, dans le cadre d’une délibération politique, Aristote met l’accent sur les sujets à exploiter afin de mobiliser et convaincre l’auditoire :

« Presque tous les sujets de délibération, presque toutes les propositions que soutiennent les orateurs dans une assemblée délibérante, se réduisent à cinq chefs principaux ; ce sont les revenus, la guerre, la paix, la défense du pays, l’importation et l’exportation, enfin la législation. » (ibid. : 50)

La notion de lieux se retrouve également chez Cicéron (De Oratore, 1966a ; 1966b ; 1971 ; Topica, 1960), qui l’adapte au contexte romain, en insistant sur le decorum : l’orateur doit choisir les lieux du discours en fonction du public, du contexte et du moment. Par exemple, dans le Pro Caelio, Cicéron (1848) défend un jeune homme accusé d’immoralité en jouant sur le lieu de la jeunesse insouciante :

« XII. J’ai connu plusieurs de nos concitoyens, et l’on m’en a cité bien d’autres, qui après avoir, je ne dis pas trempé leurs lèvres dans la coupe du plaisir, mais livré leur jeunesse entière à la volupté, sont rentrés dans le bon chemin, et sont devenus des hommes essentiels et des personnages illustres. Tout le monde accorde quelques amusements à la jeunesse ; la nature elle-même donne à cet âge des passions impétueuses, et pourvu que dans leurs écarts elles n’attaquent ni la vie ni la fortune des citoyens, elles paraissent excusables et dignes d’indulgence. Mais il m’a semblé que vous vouliez faire un crime à Célius des désordres de toute la jeunesse. Si l’on vous a écouté en silence, c’est qu’à l’occasion d’un seul, nous pensions aux vices de beaucoup d’autres. Il est aisé de déclamer contre la dépravation. »

 

Les trois types de preuves techniques et l’adaptation aux circonstances et à l’auditoire

Soucieux de développer l’art rhétorique autour de l’adaptation à l’auditoire et de la force persuasive que revêt la crédibilité de l’orateur, Aristote distingue trois preuves techniques (ou intrinsèques) que l’orateur doit mobiliser lors de l’invention (l’élaboration et le choix des arguments). Il met également en lumière l’importance de la disposition (l’organisation du discours), du style, l’élocution (à travers l’usage des figures et des tropes) et de l’action oratoire, à savoir la maîtrise de la voix et des gestes de l’orateur.

Les preuves techniques font partie intégrante de l’art oratoire : ce sont les arguments qu’utilise l’orateur ; les preuves extra-techniques (ou extrinsèques), quant à elles, ne sont pas fournies par la technique (il s’agit des textes de lois, des témoignages, des aveux sous la torture par exemple). Le logos (Dainville, 2016) correspond aux arguments logiques, aux raisonnements inductifs (l’exemple et la maxime) et déductifs (l’enthymème). L’ethos discursif (Seoane, 2015), décrit par Aristote, correspond aux « mœurs oratoires » de l’orateur i.e. à l’image qu’il donne de lui à travers son discours, par la façon même dont il exerce son activité oratoire. Soulignons que les Romains adaptent cette notion à leur culture fortement marquée par la hiérarchie sociale et les normes civiques. Le terme persona renvoie au masque de théâtre, mais aussi au rôle social que l’orateur (persona amici) doit jouer en fonction des attentes de son public, à sa position dans le procès (persona iudicis), et à son identité oratoire (Guérin, 2011). L’ethos romain repose ainsi sur des valeurs collectives et traditionnelles, comme la dignitas, la gravitas et l’auctoritas. L’orateur ne construit pas son ethos uniquement dans le discours, mais s’appuie aussi sur son statut social, ses actions passées et sa réputation. Cicéron (1848) dans le Pro Archia défend le droit de cité de son client, le poète Archias, en mettant en avant sa propre autorité morale et son engagement pour les arts, plutôt qu’en se limitant aux faits juridiques :

« VI. Cherche des preuves, si tu peux ; car jamais ni sa propre conduite personnelle, ni celle de ses amis à son égard, ne t’en fourniront contre lui. Tu me demanderas peut-être, Gratius, ce qui me fait trouver tant de charmes dans le commerce d’Archias ? C’est qu’il offre à mon esprit un agréable délassement après le tumulte du barreau, et un repos pour mes oreilles fatiguées des clameurs de nos débats judiciaires. Crois-tu que nous puissions être tous les jours en état de parler sur tant de sujets différents, si nous ne cultivions notre esprit par l’étude des lettres, ou qu’il pût supporter une si grande contention, si cette même étude ne nous procurait quelque repos ? Pour moi, j’avoue que je me livre avec empressement à ces nobles amusements. »

Le pathos (Bonhomme, 2015b) correspond aux passions à mobiliser ; Aristote les définit comme étant des agents de variation du jugement des auditeurs. Ici encore le public est au cœur du propos. Il convient de noter que pour Cicéron, la preuve pathétique l’emporte largement sur la preuve éthique ; elle répond à l’un des trois devoirs de l’orateur, le movere : l’orateur cherche à émouvoir l’auditoire, à le ravir. Les autres devoirs sont le docere : l’orateur instruit les juges, il les informe des éléments du dossier et argumente, en mobilisant le logos et le delectare ; l’orateur cherche à se concilier la bienveillance de l’auditoire, à lui plaire, à le charmer, en s’appuyant sur l’ethos. Pour Cicéron (1964, XXXVIII, 131 : 46), le pathos permet dans le movere d’obtenir que le juge « s’irrite ; s’apaise ; jalouse ; favorise ; méprise ; admire ; haïsse ; aime ; désire ; se dégoûte ; espère ; craigne ; se réjouisse ou s’afflige », grâce notamment à un style élevé, composé d’ornements abondants.

Le choix des preuves techniques, leur ordonnancement mais aussi le style du discours sont conditionnés aussi bien par la pratique oratoire dans laquelle s’inscrit l’orateur que par l’auditoire auquel il s’adresse ainsi que par le contexte situationnel. Cet ajustement est corrélé, chez Cicéron (1971, LV, 210-211 : 88), à la notion, primordiale, de convenance.

« Il est d’ailleurs bien évident que le même style ne sied pas à toutes les causes, à tous les auditeurs, à tous les orateurs, à toutes les circonstances. Un procès où il y va de la vie demande vraiment un autre ton qu’une cause civile de peu de conséquence, et les discours politiques, les panégyriques, les plaidoyers ne veulent pas le même style, non plus que les passages familiers ou soutenus, l’invective, l’exposé théorique, l’anecdote. Autres considérations importantes : les auditeurs, que sont-ils, le sénat, le peuple, des juges, une foule nombreuse, un petit groupe, une seule personne, et qui sont-ils ? Les orateurs mêmes doivent prendre en considération leur âge, leur rang, leur prestige personnel. Pour les circonstances, est-on en paix ou en guerre ? La décision est-elle urgente ou peut-elle attendre ? Aussi la seule règle, je crois, à donner ici est de choisir, parmi les genres d’éloquence, l’un plus ample, l’autre plus simple, le troisième tempéré, celui qui convient le mieux au sujet. »

Dans ce passage, Cicéron évoque les « plaidoyers », les « discours politiques » et les « panégyriques ». Il s’agit des trois genres oratoires qui structurent la pratique des orateurs et le rapport à l’auditoire.

 

Le genre judiciaire

Le genre judiciaire, relatif à la défense ou à l’accusation d’un individu, est pratiqué dans les tribunaux populaires de la démocratie athénienne, en particulier lors des procès, instruits par des magistrats. Le principal lieu de ces procédures est l’Héliée, le Tribunal du peuple, une vaste assemblée de 6 000 citoyens masculins de plus de 30 ans tirés au sort pour 1 an (les Héliastes). Dans ces procès publics, la maîtrise de la rhétorique est cruciale pour persuader l’assemblée du bien-fondé d’un argument tout en mobilisant ses passions.

À Rome, le magistrat (le préteur) et le juge, qui tous deux appartiennent aux milieux aristocratiques, officient dans les procès. Ces derniers sont publics, et les citoyens y participent activement ; l’auditoire peut ainsi influencer le déroulement par ses réactions. L’orateur romain doit non seulement exceller dans l’art de la persuasion, mais aussi maîtriser les techniques juridiques et les traditions du droit romain. Les plaidoyers de Cicéron reflètent la pression populaire dans l’acte de jugement. C’est ce que l’on relève par exemple, dans son Pro Roscio Amerino :

« XLVIII. […] Que votre jugement soit équitable et conforme aux lois, chacun applaudira. Lorsque la nécessité et les circonstances l’exigeaient, un seul homme réunissait tous les pouvoirs : depuis qu’il a créé des magistrats et rétabli les lois, chaque citoyen est rentré dans l’exercice de ses fonctions et de ses droits. Ceux qui les ont recouvrés sont maîtres de les conserver toujours. Mais s’ils commettent ou s’ils approuvent ces meurtres, ces brigandages et ces profusions scandaleuses, je ne veux point annoncer de sinistres présages ; je ne dirai qu’un mot : Si les nobles manquent de vigilance, de probité, de courage et d’humanité, ils se verront forcés de céder leurs prérogatives à ceux qui posséderont ces vertus. » (Cicéron, 1850)

 

Le genre délibératif

Le genre délibératif concerne les discours prononcés dans le cadre de délibérations sur des affaires publiques (politiques, militaires, économiques, etc.) ; il occupe une place centrale dans le système démocratique athénien. L’Assemblée des citoyens, ou Ecclésia, est le lieu principal où se tiennent les débats délibératifs. Tous les citoyens athéniens (hommes libres) peuvent participer, proposer des lois, discuter des affaires publiques et voter sur des questions cruciales comme la guerre, la paix, les finances ou la politique étrangère. L’orateur dans ce contexte a pour but de convaincre l’assemblée de prendre une décision sur une question importante ; il se réfère souvent aux valeurs collectives partagées par la cité, aux traditions, aux conséquences possibles de leurs propositions, et à l’intérêt général. L’orateur utilise des arguments rationnels et des exemples historiques pour soutenir son point de vue et convaincre le public. Dans sa première Olynthienne, Démosthène cherche ainsi à mobiliser les citoyens contre la menace macédonienne, en s’appuyant sur l’histoire passée et en exhortant à agir pour l’avenir. Son style confère une dimension emphatique et dramatique au discours ; l’emploi du parallélisme, de l’antithèse et de l’analogie structure et marque le raisonnement ; l’anaphore et la gradation visent l’insistance ; la présence de nombreuses questions rhétoriques et de l’apostrophe permet d’interpeller l’auditoire et de l’invectiver directement (« ô Athéniens »).

« Profitons, ô Athéniens ! des contretemps de notre ennemi ; agissons vivement et sans délai ; envoyons des députés partout où il est nécessaire ; animons les autres et marchons nous-mêmes. Ah ! si une occasion pareille s’offrait au monarque et que la guerre fût sur les confins de l’Attique, avec quelle ardeur ne viendrait-il pas nous attaquer ? Et vous ne rougiriez pas de n’oser faire quand vous en avez l’occasion ce qu’il ferait bien volontiers, s’il le pouvait ! » (Démosthène, Eschine, 1842)

À Rome, le Sénat et les Comices sont les deux principales institutions politiques où se pratique le genre délibératif. Constituées de citoyens romains (plébéiens et patriciens), les Comices ont le pouvoir de voter les lois, élire les magistrats et juger certaines affaires criminelles. Les orateurs s’y expriment pour défendre une loi ou mobiliser l’opinion publique. Cicéron (1850) prononce par exemple le Pro Lege Manilia devant les Comices pour convaincre le peuple d’accorder à Pompée (106-48 av. J.C.) le commandement contre Mithridate VI (entre 135 et 132-63 av. J.-C.).

« Puissiez-vous, Romains, compter parmi vous tant d’hommes courageux et de mœurs pures, qu’il vous soit difficile de décider lequel mérite le plus l’honneur d’une si grande, d’une si glorieuse responsabilité ! Mais puisque Pompée est le seul qui ait effacé, par son illustration, et la gloire des généraux contemporains, et la renommée des généraux de l’antiquité, quelle raison pourrait encore prolonger votre incertitude ? »

Le Sénat romain débat des grandes décisions d’État : guerre, diplomatie, administration des provinces, finances publiques. Les orateurs s’adressent aux sénateurs pour défendre ou s’opposer à des propositions. Dans Les Catilinaires, Cicéron utilise la rhétorique délibérative pour convaincre le Sénat d’agir contre Catilina. Il dramatise le danger, exalte la grandeur de Rome et joue sur l’indignation collective pour obtenir une action décisive.

« 0 temps ! ô mœurs ! tous ces complots, le Sénat les connaît, le consul les voit, et Catilina vit encore ! Il vit ; que dis-je ? il vient au sénat ; il est admis aux conseils de la république ; il choisit parmi nous et marque de l’œil ceux qu’il veut immoler. Et nous, hommes pleins de courage, nous croyons faire assez pour la patrie, si nous évitons sa fureur et ses poignards ! Depuis longtemps, Catilina, le consul aurait dû t’envoyer à la mort, et faire tomber ta tête sous le glaive dont tu veux tous nous frapper. […] Pères conscrits, je voudrais être clément ; je voudrais aussi que la patrie, menacée de périr, ne m’accusât point de faiblesse. Mais déjà je m’en accuse moi-même ; je condamne ma propre lâcheté. » (Cicéron, 1850)

Cicéron dénonce Catilina devant le Sénat romain

Cicéron dénonce Catilina (1889), peinture par Cesare Maccari. Source : Wikimedia (domaine public).

 

Dans ce discours, Cicéron ne se contente pas d’inciter à une décision politique ; il accuse Catilina, empruntant ainsi au réquisitoire judiciaire. Il utilise des procédés d’accusation et établit la culpabilité de son adversaire en dressant un portrait criminel :

« Si j’ordonnais en ce moment, Catilina, que tu fusses saisi, livré à la mort, qui pourrait trouver ma justice trop sévère ! Ah ! je craindrais plutôt que tous les bons citoyens ne la jugeassent trop tardive. Mais ce que j’aurais dû faire depuis longtemps, des motifs puissants me décident à ne pas le faire encore. Tu recevras la mort, Catilina, lorsqu’on ne pourra plus trouver un homme assez méchant, assez pervers, assez semblable à toi, pour ne pas convenir que ton supplice fut juste. Tant qu’il en restera un seul qui ose te défendre, tu vivras, mais tu vivras comme tu vis maintenant, entouré de surveillants et de gardes. Je t’en assiégerai tellement, que ton bras, armé contre la république, sera contraint de rester immobile. » (Cicéron, 1850)

À cet égard, ce discours témoigne d’une porosité des genres oratoires : bien que de nature délibérative, appelant à l’exil de Catilina, il intègre également des éléments du judiciaire et du blâme épidictique en dénonçant la gravité de ses actes et en exposant son infamie. Dans ce second extrait des Catilinaires, la prosopopée (figure de style qui consiste à faire parler une personne absente ou morte, ou une entité abstraite, personnifiée) contribue à cette dimension épidictique du discours en amplifiant le blâme porté contre Catilina, et en renforçant l’effet dramatique et l’indignation collective. Cicéron fait entendre la voix de la Patrie, qu’il introduit en disant : « Je crois l’entendre en ce moment t’adresser la parole », ce qui crée une illusion d’oralité et rend la scène plus vivante, comme si la Patrie était réellement présente et apostrophait Catilina devant le Sénat (utilisation du discours direct : « Catilina, semble-t-elle te dire »). Cicéron ne se contente pas de dénoncer les crimes de Catilina, il les fait condamner par une entité sacrée et incontestable, ce qui accentue l’indignité de l’accusé (qui devient alors le traître absolu) et la nécessité de son exclusion.

« La patrie, qui est notre mère commune, te hait ; elle te craint ; depuis longtemps elle a jugé les desseins parricides qui t’occupent tout entier. Eh quoi ! tu mépriseras son autorité sacrée ! tu te révolteras contre son jugement ! tu braveras sa puissance ! Je crois l’entendre en ce moment t’adresser la parole. « Catilina, » semble-t-elle te dire, « depuis quelques années il ne s’est pas commis un forfait dont tu ne sois l’auteur, pas un scandale où tu n’aies pris part. Toi seul as eu le privilège d’égorger impunément les citoyens, de tyranniser et de piller les alliés. Contre toi les lois sont muettes, et les tribunaux, impuissants ; ou plutôt tu les as renversés, anéantis. Tant d’outrages méritaient toute ma colère ; je les ai dévorés en silence. Mais être condamnée à de perpétuelles alarmes à cause de toi seul ; ne voir jamais mon repos menacé que ce ne soit par Catilina ; ne redouter aucun complot qui ne soit lié à ta détestable conspiration, c’est un sort auquel je ne peux me soumettre. Pars donc, et délivre-moi des terreurs qui m’obsèdent si elles sont fondées, afin que je ne périsse point ; si elles sont chimériques, afin que je cesse de craindre. » (Cicéron, 1850)

En personnifiant la Patrie, Cicéron lui confère une autorité transcendante qui juge et condamne, cherchant ainsi à provoquer une réaction morale et émotionnelle chez son auditoire. L’accumulation de reproches et le ton solennel participent à l’exaltation des valeurs civiques et à la stigmatisation de l’ennemi de la République. L’orateur contraint ainsi les membres du Sénat à se positionner : ignorer cette dénonciation reviendrait à trahir la Patrie elle-même. La double dimension de supplication et d’ordre dans l’expression « Pars donc, et délivre-moi des terreurs qui m’obsèdent » met en lumière non seulement la sollicitation de la Patrie, mais aussi l’imposition d’un impératif catégorique. Cela renforce l’idée que l’action contre Catilina est non seulement urgente mais aussi inévitable.

 

Le genre épidictique

Le genre épidictique (ou démonstratif) est souvent pratiqué dans les cérémonies publiques, comme les fêtes religieuses, les jeux olympiques ou d’autres événements de grande envergure. Ce genre est étroitement lié également aux discours funéraires, aux éloges des héros et aux hommages rendus aux dieux ou aux fondateurs de la cité. Dans certains discours funèbres, l’orateur ne se contente pas de louer le défunt, mais en profite aussi pour blâmer ses adversaires ou dénoncer les fautes de son époque, soulignant ainsi, par contraste, ses qualités. Un discours épidictique n’est donc pas forcément axé sur des faits stricts ou des arguments logiques, mais plutôt sur la valorisation ou la dévalorisation. Un des exemples les plus célèbres du genre épidictique en Grèce antique est le Discours funèbre de Périclès – rapporté par Thucydide (env. 460-env. 400 av. J.-C.) dans son Histoire de la guerre du Péloponnèse. Ce discours a été prononcé par Périclès lors des funérailles des soldats tombés lors de la première année de la guerre du Péloponnèse. Périclès vante les qualités de la cité d’Athènes et rend hommage aux soldats morts pour la patrie, mais en même temps, il blâme indirectement ceux qui ne s’engagent pas pour la cité, et qui ne sont pas à la hauteur de l’idéal athénien.

« XXXVI. Les exploits guerriers qui nous ont permis d’acquérir ces avantages, l’ardeur avec laquelle nous-mêmes ou nos pères nous avons repoussé les attaques des Barbares ou des Grecs, je ne veux pas m’y attarder ; vous les connaissez tous, aussi je les passerai sous silence. Mais la formation qui nous a permis d’arriver à ce résultat, la nature des institutions politiques et des mœurs qui nous ont valu ces avantages, voilà ce que je vous montrerai d’abord ; je continuerai par l’éloge de nos morts, car j’estime que dans les circonstances présentes un pareil sujet est d’actualité et que la foule entière des citoyens et des étrangers peut en tirer un grand profit. » (Thucydide, 1936)

À Rome, le genre épidictique occupe une place centrale dans de nombreuses cérémonies publiques, notamment lors des victoires militaires, des anniversaires impériaux ou des funérailles de grandes figures. Les orateurs y célèbrent des événements marquants et des personnalités éminentes, telles que des généraux victorieux, des empereurs ou des sénateurs distingués. Ces discours exaltent les valeurs fondamentales de Rome – la vertu, la fidélité à la patrie, la bravoure militaire – et contribuent à renforcer l’identité collective du peuple romain.

L’un des aspects distinctifs du genre épidictique à Rome est son usage politique. Les panégyriques impériaux servent à légitimer le pouvoir des empereurs en glorifiant leurs exploits et leur sagesse. De même, les magistrats et généraux utilisent l’éloge pour mettre en valeur leurs succès militaires ou administratifs, cherchant ainsi à s’assurer le soutien du peuple et des élites. Enfin, les laudationes funebres, prononcées lors des funérailles de grandes figures politiques, retracent les hauts faits du défunt tout en affirmant la continuité des valeurs romaines et la grandeur de la cité. Ainsi, à travers l’éloge des héros, des dirigeants et des événements majeurs, le genre épidictique joue un rôle clé dans la construction du prestige des individus et la consolidation de l’unité politique et sociale de Rome.

Tacite (env. 55-env. 120 ap. J.-C.) interprète à son tour le genre épidictique dans une perspective historique et politique. Il en fait un outil teinté d’ironie et de critique voilée contre le pouvoir impérial.  Par exemple, dans le Dialogue des orateurs, Tacite met en scène un débat sur la grandeur passée de l’éloquence républicaine et sa supposée décadence. Il oppose les orateurs de la République (vibrants, engagés, authentiques) qu’il loue, à ceux de l’Empire (dévoyés, superficiels et trop attachés à la forme), qu’il blâme.

« XXVI. Du reste si, laissant le genre d’éloquence le meilleur et le plus parfait, il en fallait choisir un autre, certes je préférerais la fougue de C. Gracchus ou la maturité de L. Crassus, aux ornements coquets de Mécène et aux glapissements de Gallion. Ne vaut-il pas mieux revêtir l’orateur de la toge la plus rude que de le présenter avec le fard et la toilette d’une courtisane ? Et en effet, grands dieux ! est-ce à un orateur, est-ce même à un homme que convient cette parure de la plupart des avocats d’aujourd’hui, qui, par leurs expressions capricieuses, leurs sentences légères, leurs compositions libres, nous rappellent une musique d’histrions ? Et ce que l’on ne devrait ouïr qu’avec honte, est pour eux une louange, une gloire et une preuve de génie : ils se vantent qu’on chante, qu’on danse leurs plaidoyers. De là est venue cette exclamation si ignoble, si déplacée, et toutefois trop fréquente : Quelle volupté dans le style de cet orateur ! quelle éloquence dans les pas de cet histrion ! » (Tacite, 1833)

 

Le public comme juge

Comme indiqué précédemment, les genres oratoires exigent une adaptation constante de l’orateur à son public. Comprendre les attentes, les valeurs et les émotions de l’auditoire est la clé pour faire de la parole un outil puissant et efficace, qu’il s’agisse de persuader dans un tribunal, d’orienter une décision politique, ou de célébrer des idéaux communs. Le public est ainsi au cœur même de l’élaboration des discours, il est le juge qui statue sur la qualité persuasive du message et sur les qualités de l’orateur. C’est bien ce que souligne Aristote (1938 : 59) :

« Puisque la rhétorique a pour objet un jugement (en effet, l’on juge les conseils, et la sentence d’un tribunal est un jugement), il est nécessaire non seulement de considérer l’argumentation et les moyens de la rendre démonstrative et convaincante, mais encore de se montrer soi-même sous certaines couleurs et de mettre le juge en certaine disposition car il y a grand avantage pour la persuasion, principalement dans les délibérations, mais aussi dans les procès, à se montrer soi-même sous un certain jour et à faire supposer aux auditeurs que l’on est à leur endroit en une certaine disposition, en outre à ce qu’ils se trouvent eux-mêmes en telle ou telle disposition envers l’orateur. Le jour sous lequel se montre l’orateur est plus utile pour les délibérations ; la disposition de l’auditeur importe davantage pour les procès »

Cet aspect est caractéristique de la rhétorique grecque et latine, qui se définit par son enracinement dans la vie publique et son rôle central dans la persuasion.


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Auteur·e·s

Duteil Carine

Centre de recherches sémiotiques Université de Limoges

Citer la notice

Duteil Carine, « Genres oratoires dans l’Antiquité » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 26 février 2025. Dernière modification le 26 février 2025. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/genres-oratoires-dans-lantiquite.

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