Gusfield (Joseph R.)


Problèmes publics et croisades symboliques

 

Joseph R. Gusfield est un sociologue américain né dans une famille juive en 1923 à Chicago et il est mort en 2015 à Danville. Sans viser l’exhaustivité, cette notice porte sur l’éclairage procuré par ses travaux dans lesquels la notion de public est centrale, notamment en lien avec l’étude de problèmes publics. Héritier de la tradition sociologique de l’École de Chicago, J. Gusfield fait partie de l’élite des étudiants formés à l’université de Chicago après la Seconde Guerre mondiale. Revenant sur son parcours dans un ouvrage collectif composé de vingt autobiographies intellectuelles de sociologues américains (Berger, 1992), J. Gusfield détaille l’impact que la guerre a eu sur lui, mais surtout celui du milieu universitaire. En effet, il démarre ses études en sociologie en 1941, mais il les finalise en 1946 puisqu’il est mobilisé comme soldat entre 1943 et 1946. Lors de ses premières années à l’université, de nombreux auteurs nourrissent ses réflexions, dont Immanuel Kant (1724-1804), Karl Marx (1818-1883) ou encore John Dewey (1859-1952) – voir aussi à ce sujet les travaux de Daniel Cefaï, en particulier la postface rédigée lors de la traduction en français d’un des livres de référence de J. Gusfield (1981b).

Couverture de The culture of Public Problems: Drinking-Driving and the Symbolic Order.

Couverture de The culture of Public Problems: Drinking-Driving and the Symbolic Order de J. Gusfield (1981a).

 

Comme ce dernier le souligne lui-même,

« bien qu’il soit clair que je serai soldat dans un avenir proche, cette période a peut-être été l’une des plus riches sur le plan intellectuel que j’aie connues. L’université était le point central de mon existence et, bien que je sois très conscient de la guerre, il était possible de mener une vie cloîtrée dans laquelle Kant, Marx, John Dewey et Shakespeare étaient autant de compagnons qu’ils l’ont été pour d’autres personnes à d’autres moments et en d’autres lieux.

Despite […] the clear recognition that I would be a soldier in the near future, that period was perhaps among the richest intellectual times I have known. The university was the focal point of my existence, and although I was very much aware of the war, it was possible to lead a cloistered life in which Kant and Marx and John Dewey and Shakespeare were as much companions as they have been to others at other times and places.] » (Gusfield, 1992 : 110)

Démobilisé en 1946, il retourne aussitôt à l’université de Chicago où il poursuit ses études en sociologie, mais démarre également un master en droit en compagnie d’autres collègues vétérans. Il rejoint le département de sociologie de l’université de Chicago en 1947 et obtient son diplôme de doctorat en 1954, sous la direction de Herbert Blumer (1900-1987). Comme J. Gusfield l’explique lui-même :

« J’ai été particulièrement attiré par les conférences de Herbert Blumer. Il était peut-être le membre le plus théorique et le plus critique de la faculté. […] Les travaux de Blumer sur le comportement collectif et les mouvements sociaux m’avaient intéressé, et j’avais été frappé par le récit des croisades hivernales des femmes de 1873-74 dans le texte d’introduction à la sociologie de Park et Burgess. La théorie des mouvements sociaux était dominée par le modèle de l’histoire naturelle. Les écrits de Weber sur la routinisation du charisme et ceux de Michels sur la loi d’airain de l’oligarchie n’étaient traduits que récemment.

[I was especially drawn to the lectures of Herbert Blumer. He was perhaps the most theoretical and critical member of the faculty. […] Blumer’s work on collective behavior and social movements had interested me, and I had been struck by an account of the Women’s Winter Crusades of 1873–74 in Park and Burgess’s introductory sociology text. Social-movement theory was dominated by the model of the natural history. Weber’s writing on the routinization of charisma and Michels’s on the iron law of oligarchy had only recently been translated.] » (Gusfield, 1992 : 115)

Sa thèse de doctorat terminée en 1954 et intitulée The Woman’s Christian Temperance Union : Change and Continuity in an Organized Interest Group est publiée en 1963 sous le titre Symbolic Crusade. Status Politics and the American Temperance Movement . L’intérêt de J. Gusfield pour la question des problèmes publics s’est donc développé dès ses recherches doctorales, où la question principale visait à comprendre comment la lutte contre l’alcoolisme s’est définie comme un enjeu d’action collective et a conduit à la mise en place de solutions et de politiques publiques. Ces réflexions ont été reprises et poursuivies dans ses deux autres ouvrages sur la question de l’alcool, The culture of Public Problems : Drinking-Driving and the Symbolic Order, paru en 1981 et traduit en français en 2009 par D. Cefaï (Gusfield, 1981b), et dans l’ouvrage Contested Meanings. The Construction of Alcohol Problems (Gusfield, 1996). Si l’auteur observe lui-même d’un livre à l’autre que les données sont à actualiser, il précise aussi que ce qui peut être prolongé concerne notamment l’approche méthodologique. Dans un entretien mené par D. Cefaï et Danny Trom lors du passage de J. Gusfield à Paris en 2001 (Gusfield, 2003), ce dernier revient sur d’autres influences sur son cheminement intellectuel, comme les travaux de George H. Mead (1863-1931), l’un des précurseurs de l’interactionnisme, courant dont H. Blumer est aussi l’un des penseurs), l’influence de Everett Hughes (1897-1983) dont il suivait les cours en parallèle de ceux de H. Blumer, mais aussi sur les liens avec Kenneth Burke (1897-1993) et Erving Goffman (1922-1982) :

« [j]e me suis de plus en plus aligné sur une approche dramatiste, et plus tard rhétorique. Le dramatisme provenait plutôt de la lecture du critique littéraire Kenneth Burke et de Erving Goffman, qui était étudiant en même temps que moi à Chicago, et qui est resté un ami proche. Le livre de Goffman, The Presentation of Self in Everyday Life (1959), que j’ai connu sous la forme de manuscrit bien avant sa soutenance en 1954 m’avait fait grande impression. De Burke, je retenais que les événements renferment leur propre sens et ne peuvent être appréhendés comme de simples résultats ou produits de l’action. Le “drame” chez Burke résonnait avec l’approche dramaturgique de Goffman et ses notions de “présentation” et de “performance”. » (Gusfield, 2003 : 66)

Deux thèmes majeurs se croisent et deviennent structurants dans les travaux de l’auteur : d’une part, les luttes d’appropriation d’un problème entre les groupes d’acteurs qui se disputent la légitimité de définir les causes et les solutions d’un problème ; d’autre part, les significations morales et symboliques portant à la fois sur l’étude des réformes morales en tant que problèmes sociaux et politiques, ainsi que sur l’étude des significations culturelles – ce qu’il appelle les croisades symboliques, en renvoyant à la pluralité des manières de nommer et de désigner le problème, d’envisager et de construire des solutions, mais aussi à la pluralité de symboles et ressources pouvant être mobilisés dans ces processus. Par ses nombreuses affinités avec une pluralité de chercheurs et courants de recherche de son temps, ses travaux croisent des méthodes sociologiques et ethnographiques avec des perspectives historiques et anthropologiques. Ainsi ses recherches le conduisent-elles à souligner qu’un public « est constitué de personnes attentives à un problème, ou concernées par un problème, ayant une opinion sur un problème ou votant par référence à un problème, des gens qui s’engagent ou qui soutiennent un mouvement d’action collective. Le public fonctionne comme émergence d’une arène publique » (Gusfield, 2003 : 70).

En effet, le concept de public est un point central dans la réflexion et les travaux de J. Gusfield. Comme l’auteur l’explique, « le public représente les conflits culturels dans la société. En un sens, la société entendue comme un groupe organisé est modelée, formée et déformée, dans le processus public » (Gusfield, 2003 : 70). Dès son ouvrage publié en 1981, J. Gusfield (1981a : 175) souligne la dualité du mot public :

« le terme “public” a au moins deux usages communs. L’un d’eux est lié à la signification de l’expression “intérêts publics”. […] Les actions publiques renvoient aux intérêts et aux valeurs de l’ensemble du groupe. Elles sont énoncées par des personnes qui prétendent parler “pour” ou en qualité de représentant de la collectivité. […] Dans un autre usage, ce qui est public se distingue de ce qui est privé par son caractère observable. Les actes menés en privé ne sont visibles pour personne ; ils sont privilégiés et se déroulent dans les coulisses. Les actes publics se déroulent à l’extérieur, sur le devant de la scène, là où les acteurs n’ont aucun contrôle sur les personnes qui peuvent en être témoins et n’ont aucun moyen de filtrer le public. »

[The term public has at least two common usages. One is embedded in the meaning of ‘‘public interests’’. […] Public actions are attributed to the interests and values of the total group. They are enunciated by persons who claim to speak ‘‘for,’’ or in a capacity representative of, the collectivity. […]  In another usage what is public is distinguished from what is private by its observability. Acts conducted in private are not visible to anyone; they are privileged and backstage. Public acts are out front, conducted where the actors have no control over who may witness them and no means for screening the audience.] »

De fait, pour J. Gusfield, la notion de public est indissociable des notions d’activités publiques, d’arène publique, ainsi que de la notion de problèmes publics. Ces notions s’imbriquent dans la réflexion du sociologue autour du processus de définition de problèmes, tout en mettant l’accent sur l’étude des significations, des symboles, des cadres narratifs. Selon lui, « si vous considérez les actes publics autrement que comme des simples moyens en vue d’une fin, ils deviennent des espèces de rituels artistiques qui définissent quelles sont les normes dominantes. L’enjeu est constitué ici par les significations d’actes et d’événements publics reconnus » (Gusfield, 2003 : 70). L’auteur explique ceci en prenant comme exemple la procédure d’impeachement du président Bill Clinton reposant sur une condamnation morale de l’adultère, et son acquittement final le 12 février 1999. En raison du fait que « le président représente une figure rituelle, le fait que ses actes soient sanctionnés, ignorés ou punis est significatif. Cela ne veut pas dire que les comportements sont uniformes, mais que la signification morale publique de l’adultère demeure plurielle. L’adultère demeure un péché dans un monde de pécheurs où la définition du vice et de la vertu est nécessaire » (Gusfield, 2003 : 70).

Ici, deux éléments ayant structuré progressivement les travaux de J. Gusfield sont approfondis : les problèmes publics comme processus et les problèmes publics comme croisades symboliques, sans néanmoins les opposer, puisqu’il s’agit bien de réflexions qui s’imbriquent et se poursuivent, tout en montrant de nombreuses connexions.

 

Les problèmes publics comme processus

Pour J. Gusfield, la notion de public va de pair avec le processus de constitution de problèmes publics. Comme le souligne Jocelyne Arquembourg (2016a), mais aussi D. Cefaï, le sociologue américain est aussi celui qui a opéré la distinction problème social et problème public : « [u]n “problème public” est un problème social porteur de caractéristiques supplémentaires. Il concerne directement (par ses conséquences pratiques) ou indirectement (par les voies de l’opinion) un collectif de personnes, qui se rapportent à lui en mettant en avant des “biens communs”, dont elles partagent la propriété où la jouissance exclusive, mais aussi des “biens publics” qui appartiennent à tous et à personne » (Gusfield, 1981b : 233). En effet, dans The Culture of Public Problems. Drinking – Driving and the Symbolic Order, l’auteur analyse les aspects symboliques du processus à travers lequel l’alcool au volant est devenu un problème public aux États-Unis. Visant à comprendre comment les situations deviennent des problèmes publics, l’ouvrage met en évidence l’un de grands apports de l’auteur : la dés-objectivation de problèmes publics : c’est-à-dire la considération que les problèmes publics ne sont pas donnés en nature, mais qu’ils se constituent au long d’un processus dont ils seront le résultat. Ainsi, en partant du constat que les problèmes ne préexistent pas dans la réalité, et de l’observation selon laquelle la reconnaissance même d’une situation comme douloureuse nécessite l’existence d’un système de catégorisation et de définition des situations, la réflexion du sociologue permet de noter deux critères qui distinguent les problèmes sociaux des problèmes publics. Le premier concerne le fait que les problèmes publics font l’objet d’attention et d’action publique. Le second implique le fait que les problèmes publics font aussi l’objet de conflits et de controverses dans les arènes publiques en vue de leur trouver des solutions. Il est alors question d’un processus de longue durée, au cours duquel des problèmes se publicisent, par des demandes d’action publique, entre autres, mais aussi en faisant l’objet de débats, pour finir par atteindre le statut de « problèmes publics ». Comme il l’affirme,

« les problèmes humains ne surgissent pas, de plein fouet et annoncés, dans la conscience des spectateurs. Le simple fait de reconnaître une situation comme douloureuse nécessite un système de catégorisation et de définition des événements. Toutes les situations vécues par les personnes comme douloureuses ne deviennent pas des sujets d’activités publiques et des cibles de l’action publique. Elles n’ont pas non plus la même signification à tout moment et pour tout le monde. […] Il est utile de distinguer les problèmes publics des problèmes privés. C’est pourquoi je préfère le terme de “problèmes publics” à celui de “problèmes sociaux”. Tous les problèmes sociaux ne deviennent pas nécessairement des problèmes publics. Ils ne deviennent pas des sujets de conflit ou de controverse dans les arènes de l’action publique. Ils n’aboutissent pas à l’apparition d’agencements à résoudre ou de mouvements qui participent et induisent la nécessité de chercher de solutions.

[human problems do not spring-up, full-blown and announced, into the consciousness of bystanders. Even to recognize a situation as painful requires a system for categorizing and defining events. All situations that are experienced by people as painful do not become matters of public activities and targets for public action. Neither are they given the same meaning at all times and by all people. […] It is useful to distinguish public problems from private ones. That is why I prefer the term ‘‘public problems’’ to that of ‘‘social problems’’. All social problems do not necessarily become public ones. They do not become matters of conflict or controversy in the arenas of public action. They do not eventuate in agencies to secure or in movements to work for their resolution.] » (Gusfield, 1981a : 3-5).

Durant ce processus de problématisation, de publicisation et de constitution des problèmes publics, différentes catégories et/ou groupes d’acteurs peuvent se mobiliser et s’emparer du problème. Mais il est tout aussi possible que des groupes d’acteurs et des publics se constituent autour du problème en train d’émerger. Si les problèmes publics ne sont pas donnés par nature, il en est de même pour les publics qui portent ces mêmes problèmes. De même que les publics font advenir les problèmes, les problèmes font advenir les publics. Comme J. Arquembourg (2016a : 8) l’observe, la constitution même de publics est un autre critère qui permet de distinguer les problèmes publics de problèmes sociaux, « l’émergence de publics engagés dans la dénonciation de certaines conduites », « de publics dont l’engagement transforme un problème en cause » (ibid. : 30).

Ces publics participent alors avec les autres groupes d’acteurs qui s’approprient le problème, à le façonner, le nommer, lui chercher des solutions. Toujours dans cette perspective selon laquelle les problèmes publics sont des processus, J. Gusfield a aussi défini trois concepts qui expliquent la structure d’un problème public : la propriété, la responsabilité causale et la responsabilité politique (Badau, Fortané, Arquembourg, 2022). La première notion met l’accent sur « qui » porte le problème et implicitement sur des aspects liés aux caractéristiques du public qui s’approprie le problème. Ici, entre autres enjeux, il est question de celui de la légitimité́ d’appropriation du problème. C’est-à-dire que des publics peuvent se constituer et revendiquer la légitimité de porter le problème, de la même façon que des groupes d’acteurs existants peuvent revendiquer cette légitimité. Les ressources dont disposent ces publics et/ou groupes d’acteurs sont aussi à prendre en considération, de même que les compétences ou encore le réseau d’acteurs et de connaissances auquel ils auraient accès. Comme le traduit également D. Cefaï, « [l] » arène publique n’est pas un champ dans lequel tous peuvent jouer à conditions égales : certains acteurs y ont un accès plus facile que les autres, et disposent d’une puissance plus élevée et d’une capacité plus grande de configuration des enjeux publics » (Gusfield, 1981b : 9). Les deux autres notions (la responsabilité causale et la responsabilité politique) montrent en quoi consiste le problème, comment il est défini et quelles sont les solutions envisagées. D’une part, la responsabilité́ causale concerne l’explication des liens de cause à effet entre les conséquences et les activités humaines. D’autre part, la responsabilité politique, désigne les personnes, les agences ou les institutions considérées responsables de prendre en charge la situation et de résoudre le problème (Badau, Fortané, Arquembourg, 2022). Dans cette perspective, le processus de constitution d’un problème public se caractérise par l’apparition de groupes d’acteurs ouet de publics qui s’approprient et revendiquent la légitimité de la définition du problème et ses solutions. Ce processus pouvant mener à des luttes concurrentielles entre ces acteurs où chaque groupe cherche à imposer une certaine définition/solution au problème (ibid.).

 

Les problèmes publics comme croisades symboliques

Puisqu’ils font l’objet d’appropriations par différents groupes d’acteurs, qui peuvent précéder les problèmes mais aussi advenir et se constituer en même temps que les problèmes se constituent et se publicisent, les problèmes publics sont également des « croisades symboliques », pour reprendre le vocabulaire de J. Gusfield. En effet, la pluralité de groupes d’acteurs impliqués dans la problématisation, la publicisation et la constitution d’un problème rime avec pluralité de cadres narratifs : pluralité dans les manières de désigner, de nommer et de définir le problème, d’envisager et de construire des solutions. Ce processus peut dévoiler des phases de requalification du problème en question (par exemple, en lien avec l’évolution des savoirs et des connaissances scientifiques). Le sociologue américain met aussi en évidence le fait que le processus de constitution d’un problème public implique plus que la reconnaissance d’une situation, tout en étant un processus de désignation qui est influencé par les interprétations et les symboles d’une société :

« la morale n’est pas contenue dans une phrase récapitulative, mais est un plaidoyer pour rapprocher l’étude des problèmes sociaux de l’étude qui s’intéresse à la manière à travers laquelle les mouvements sociaux et les institutions affectent et sont affectés par les interprétations, le langage et les symboles qui permettent de considérer une situation comme un problème social. Il s’agit d’un appel à considérer les “problèmes sociaux” comme un processus de désignation et pas seulement comme la reconnaissance d’une situation donnée. En même temps, nous devons veiller à ne pas séparer l’étude des significations de l’étude de leur cadre historique et institutionnel d’apparition et usage.

[the moral is not contained in any summative sentence, but is a plea to move the study of social problems closer to the study of how social movements and institutions affect and are affected by the interpretations, the language, and the symbols that constitute seeing a situation as a social problem. It is a plea to see ‘social problems’ as a process of designation and not only a recognition of a given situation. At the same time, we need to take care not to separate the study of meanings from the study of their historical and institutional settings.] » (Gusfield, 1996 : 30)

La notion de public prend souvent la place d’adjectif dans les travaux de J. Gusfield. Des syntagmes tels que public concern, public attention, public action, public responsability, public interest, public response, public response, public arena, public discourse, sont récurrents dans ses écrits et explicitent le processus de constitution de problèmes publics. Ceci est fortement lié à ce second grand apport de J. Gusfield : l’importance accordée aux symboles et aux interprétations des situations et des activités humaines qui sont partie prenante du processus de constitution de problèmes publics. Comme il le souligne, « les interprétations qui sont dominantes et qui sont à l’origine de réponses publiques ne sont pas données par la nature des choses mais font partie d’un processus qui peut impliquer un travail de consensus, de même qu’un conflit intense [Which interpretations are dominant and are sources of public response is not given by the nature of things but is part of a process which may involve a working consensus or intense conflict] » (Gusfield, 1996 : 9).

À propos de l’étude du mouvement de la Tempérance, mouvement qui renvoie aux associations et ligues religieuses luttant contre la consommation d’alcool, et qui a eu une place centrale dans ses recherches doctorales, J. Gusfield (1986 : 3) note que « les questions de réforme morale sont analysées comme l’un des moyens par lesquels un groupe culturel agit pour préserver, défendre ou renforcer la domination de son propre style de vie au sein de la société dans son ensemble [issues of moral reform are analyzed as one way through which a cultural group acts to preserve, defend, or enhance the dominance of its own style of living within the total society] ». Comme l’auteur l’observe ailleurs,

« [e]n interrogeant les membres de la Women’s Christian Temperance Union, ou WCTU, en rassemblant et en analysant les journaux et les rapports de congrès de la WCTU au cours de ses soixante-quinze années d’histoire, et en faisant des lectures de fond dans des sources secondaires, j’étais devenu fasciné par l’histoire du mouvement. […] Ces dernières années, les historiens sont allés bien plus loin que moi dans l’étude de la Tempérance. J’éprouve une grande satisfaction à constater que mon travail est devenu à la fois un stimulant pour ces études et l’étalon auquel la plupart d’entre eux doivent mesurer leur travail et leurs arguments. En écrivant Symbolic Crusade, je commençais à me méfier de la théorie en tant que source d’érudition, à rechercher les anomalies et, surtout, à considérer ce que Veblen appelait la curiosité oisive comme une partie vitale et précieuse du métier d’érudit. »

[Interviewing the members of the Women’s Christian Temperance Union, or WCTU, gathering and analyzing WCTU journals and convention reports over seventy-five years of its history, and doing background reading in secondary sources, I had become fascinated by the history of the movement. […] In recent years historians have gone well beyond me in the study of temperance. I get much satisfaction seeing how my work has become both a stimulant to those studies and the foil against which most must measure their work and their arguments. In writing Symbolic Crusade, I was beginning to be wary of theory as a source of scholarship, to search for anomalies, and, above all, to see what Veblen called idle curiosity as a vital and prized part of being a scholar.] » (Gusfield, 1992 : 116)

Ainsi son attention envers les significations de certaines activités en tant que symbole d’appartenance à un groupe est-elle directement liée à l’intérêt qu’il a porté aux significations qui émergent avec l’évolution d’un mouvement social. Comme il le détaille plus tard, lors du processus par lequel un problème social devient public, les significations jouent un rôle important car

« considérer une situation comme un problème social, c’est mettre en place une forme particulière de discours et orienter les politiques dans une direction particulière. Utiliser la formulation “maltraitance des enfants”, revient à mettre l’accent sur le rôle actif et abusif des parents et des tuteurs vis-à-vis de l’enfant. Parler de “négligence à l’égard des enfants”, c’est mettre l’accent sur les institutions plutôt que sur les actes spécifiques de la famille, sur la pauvreté et sur l’indifférence. L’image de la première signification est celle d’un parent battant ou agressant sexuellement un enfant. L’image de la seconde est celle d’enfants sans-abri, vivant dans la rue.

[to see a situation as a social problem is to set in motion a particular form of discourse and to channel policies in a particular direction. To speak of “child abuse” is to focus on the active abusive role of parents and guardians vis-à-vis the child. To speak of “child neglect” is to focus on institutions as well as instead of specific acts of family, on poverty and on indifference. The image of the first one is a parent beating or sexually molesting a child. The image of the second one is of homeless children, living on the streets.] » (Gusfield, 1996 : 23)

L’accent sur l’importance de significations renvoie aussi au rôle de publics et de catégories d’acteurs qui peuvent se constituer autour d’un problème, puisqu’il est question d’une pluralité des significations qui peuvent émerger. L’existence d’une pluralité des points de vue portés par différents groupes des personnes est primordiale dans la prise en compte des différentes ficelles et ramifications d’un problème dans le développement des solutions. Ainsi l’existence des publics est-elle une condition intrinsèque d’un problème public qui va de pair avec le statut public de problèmes sociaux. D’une part, le statut public est lié à la mise en place des politiques publiques qui se fondent sur les ressources publiques. D’autre part, il est dépendant de la mobilisation des groupes de personnes qui participent au processus de définition du consensus autour d’une solution envisagée. Toutefois, le consensus, le problème public ainsi que le public, ne sont pas à envisager comme des matérialités présentes en nature, mais comme des processus et des résultats qui participent également au développement de concepts :

« le statut de consensus n’est pas une caractéristique de la situation ou de la question. C’est le résultat d’actions et de processus humains, qui réussissent ou échouent dans leurs efforts. La manière dont une situation est définie et dont cette définition arrive à domine ou pas les arènes publiques n’est pas préétablie.

[The status of consensus is not a characteristic of the condition or issue. It is a result of human actions and processes, which succeed or fail in their efforts. How a condition is defined and how that definition comes to dominate or fails to dominate public arenas is not preset.] » (Gusfield, 1996 : 25)

Comme J. Gusfield l’observe à un autre endroit, les concepts sont parties prenantes des activités humaines, employés dans des situations d’incertitude, de conflit ou d’espoir :

« Ils sont utilisés […] comme des moyens de sélectionner de l’amalgame et de la multiplicité des événements, les caractéristiques et les éléments qui sont liés aux objectifs et aux intérêts de leurs utilisateurs.

[They are utilized […] as means to select out of the confusion and multiplicity of events characteristics and elements which are related to the purposes and interests of their users.] » (Gusfield, 1975 : xv)

Néanmoins, ils jouent un rôle important dans le processus de constitution d’un problème public en raison du fait qu’ils représentent des instruments dont les publics s’emparent ou que les publics peuvent produire :

« Les concepts […] se développent en relation avec les problèmes de morale, de politique, d’éthique et de choix humains et nous permettent de sélectionner et d’évaluer les activités qui ont un rapport avec nos intérêts, nos objectifs et nos sentiments.

[Concepts […] develop in connection with problems of morals, politics, ethics and human choice and enable us to pick out and assess those activities which have relevance for our interests, purposes and sentiments.] » (Gusfield, 1975 : vii).

 

Lectures et prolongements en France

En France, les travaux de J. Gusfield ont fait l’objet de prolongements dans différentes disciplines et traditions de recherche en sciences humaines et sociales (sociologie, science politique, sciences de l’information et de la communication). Notons d’abord les travaux de D. Cefaï, traducteur et passeur de Gusfield en France. C’est en effet lui qui a traduit en français l’ouvrage publié en 1981 par J. Gusfield sous le titre The Culture of Public Problems. Drinking – Driving and the Symbolic Order. La traduction française, La Culture de problèmes publics. L’alcool au volant : la production d’un ordre symbolique, est accompagnée d’une postface très détaillée dans laquelle D. Cefaï revient dans un premier temps sur l’héritage et le cheminement intellectuel de J. Gusfield, mais aussi sur les apports de son ouvrage. Dans un second temps, il Cefaï apporte aussi un grand nombre d’explications, d’interprétations de concepts et de contextualisation, tout en poursuivant les réflexions de J. Gusfield. Comme il le souligne :

« [le sociologie américain] s’inscrit en premier lieu, dans un héritage pragmatiste, plus particulièrement celui de The Public and Its Problems de John Dewey. […] Un premier héritage de Gusfield est sans doute celui du pragmatisme – une réflexion sur cette intrication singulière du pouvoir, du savoir et de la loi qui se met en place avec l’activité collective des “publics” ou, vu autrement, une réflexion sur les formes d’action publique, qui peuvent être impulsées par l’État, mais aussi par des mouvements d’action collective, qui engendrent des “problèmes publics” » (Gusfield, 1981b : 226, postface de D. Cefaï).

De nombreux travaux ont ainsi saisi et poursuivi cet héritage pragmatiste relatif à la constitution de problèmes publics, approche qui s’intéresse aussi au rôle de l’expérience et des significations des activités qui participent à la constitution de problèmes publics, à la manière dont des situations problématiques sont vécues en privé, ainsi qu’aux processus de publicisation (Cefaï, 1996 ; 2016 ; Cefaï, Trom, 2001 ; Cefaï, Pasquier, 2003 ; Cefaï et Terzi, 2012 ; Arquembourg, 2016a ; 2016b). Plus particulièrement, les travaux de J. Arquembourg, inscrits en sciences de l’information et de la communication, prolongent les développements issus de l’approche pragmatiste des problèmes publics, tout en soulignant des nouvelles caractéristiques qui permettent de distinguer les problèmes publics de problèmes sociaux (Arquembourg, 2016a). Le croisement et l’application de ces approches à l’étude d’un problème actuel tel que l’antibiorésistance a permis d’éclaircir les nombreux enjeux de ce cas spécifique : les étapes de constitution et de publicisation du problème (Arquembourg, 2016b), l’importance et les implications des désignations et des dénominations du problème (Badau, 2019), ou encore la constitution des publics, ainsi que les concurrences et les luttes de définition qui peuvent émerger entre les groupes d’acteurs se revendiquant la légitimité de porter le problème (Fortané, 2016).

Les réflexions de J. Gusfield ont aussi inspiré des travaux s’inscrivant dans l’héritage sociologique de construction de problèmes publics et les approches déployées en science politique. Notons d’abord les travaux d’Érik Neveu (2015 : 32) et son ouvrage, Sociologie politique des problèmes publics, dans lequel il souligne que « l’apport de Gusfield est aussi d’inviter à comprendre les logiques d’action des entrepreneurs de morale ». D’autres travaux comme ceux de Claude Gilbert, Emmanuel Henri et Nicolas Fortané s’intéressent aux luttes d’appropriation/désappropriation d’un problème entre différents groupes d’acteurs qui se disputent la légitimité de définir les causes et les solutions d’un problème, aux processus de mise à l’agenda (Gilbert, Henry, 2009 ; Fortané, 2014 ; 2016).

En outre, un colloque international a été organisé en 2015 à l’université Paris-Dauphine sur l’héritage sociologique de J. Gusfield et un ouvrage collectif a été publié sous la direction de Stève Bernardin. Ce dernier a réalisé sa thèse de doctorat sur l’œuvre de J. Gusfield, en travaillant par la suite sur deux axes majeurs de l’œuvre du sociologue centrés sur « la place de la science et celle du droit dans la définition, la légitimation ou l’occultation des problèmes publics » (Bernardin, 2022 : 11). Le colloque de 2015 a permis, entre autres apports, d’établir de nombreux ponts de réflexion et des collaborations autour de l’héritage du sociologue américain. Les prolongements auxquels ils ont donné lieu s’intéressent notamment au caractère collectif et institutionnel des problèmes publics, au processus de dramatisation, à la propriété des problèmes publics, mais encore à l’engagement du chercheur et en particulier à l’impératif de distanciation dans l’analyse des croisades symboliques. Comme l’explique S. Bernardin (2022 : 2 0), en suivant la traduction de D. Cefaï (Gusfield, 1981b : 210), « chaque perspective est une façon de ne pas voir, autant qu’une façon de voir ».

En somme, ces nombreuses lectures des ouvrages et des travaux de J. Gusfield exemplifient et poursuivent les réflexions sur les problèmes publics tout en ouvrant de nouvelles perspectives et pistes de recherche.

 

Conclusion

Les travaux de J. Gusfield constituent une ressource importante dans l’analyse de problèmes publics et de mobilisations collectives. D’une part, ils mettent l’accent sur le rôle et la place de différents groupes d’acteurs collectifs qui se disputent la légitimité de définir un problème et ses solutions. En ce sens, des publics en tant que collectifs des individus réunis autour d’un objet d’intérêt commun peuvent se constituer. Par la suite, ces publics sont parties prenantes dans l’arène des luttes définitionnelles qui émergent autour d’un problème. D’autre part, les recherches de J. Gusfield mettent en évidence l’importance des cadrages d’un problème, selon les différents publics qui s’approprient le problème. Autrement dit, des significations qui sont accentuées dans la définition du problème, de ses causes et des solutions à mettre en place. Du processus de constitution de problèmes publics aux croisades symboliques, les apports des travaux de J. Gusfield (2003 : 67) soulignent la nécessité de la prise en compte d’une réflexion sociologique des actions publiques qui sont « moins à expliquer et à comprendre “du point de vue de leurs stratégies, de leurs moyens, de leurs objectifs et de leurs conséquences que du point de vue du sens qu’elles possèdent pour les acteurs et qui se laisse lire dans leur configuration sensible’ ». Les significations que les actions comportent pour les acteurs et les usages qu’ils en font, demeurent primordiales et permettent de faire évoluer l’étude des problèmes publics et de mettre l’accent sur les publics qui émergent en raison d’une situation problématique, se constituent autour d’un problème, portent et façonnent le problème, le problématisent et le publicisent, de la même manière que le problème fait advenir des publics.

Les aspects processuels de problèmes publics, de même que l’émergence des publics restent des éléments importants dans l’étude et la compréhension de ces mêmes problèmes. Si l’on part de l’hypothèse que rien n’est défini d’avance, le cadre d’analyse ouvre de nombreuses perspectives. S’il y a un travail d’appropriation et de revendication de légitimité de s’approprier un problème, de le porter au nom d’une « cause commune » (Dewey, 2005) et/ou d’un intérêt public, il y a aussi des événements imprévus, des retournements de situations, de reconfigurations des arènes et de requalifications des problèmes. Le public et les problèmes se constituent progressivement dans une forme d’interdépendance et d’influence réciproque. Dans l’enchaînement de phases d’interpellation par les publics de pouvoirs publics afin d’apporter de réponses à un problème et face aux manquements de ces derniers, les publics peuvent se réorienter, trouver des stratégies inédites et créatives, interpeller d’autres acteurs et des structures privées, voir des industriels (Badau, 2019), trouver des nouveaux alliés et ressources, etc. Ces aspects soulignent la nécessité d’adaptation permanente dont doivent faire preuve les publics, encore plus dans un contexte de transformation numérique. L’impact de ce dernier est à étudier dans toutes ses formes, puisqu’il est notamment question d’une panoplie de ressources nouvelles qui semblent s’ouvrir aux publics : qu’il s’agisse de formes de mobilisation en ligne, de scènes de mises en visibilité, de débats, les reconfigurations et les transformations numériques ne sont pas à négliger. Des technologies aux espaces numériques, les problèmes publics sont à saisir dans la complexité des environnements dans lesquels ils sont problématisés et publicisés. Par leur proximité et lien avec l’étude des significations, parmi d’autres disciplines, les sciences de l’information et de la communication restent une entrée féconde pour comprendre les enjeux de croisades symboliques et de cadrages discursifs des problèmes publics, que cela concerne des perspectives portant sur la production, la réception ou encore la circulation de discours de groupes d’acteurs et/ou publics. Face aux formes de reconfiguration et aux transformations actuelles du monde où les événements font advenir les sujets et les problèmes, par exemple ceux en lien avec les mouvements écologiques, les travaux de J. Gusfield sont de précieux outils pour saisir et comprendre les phénomènes qui émergent et les évolutions du monde.

 

Remerciements : l’autrice remercie Jocelyne Arquembourg pour les précieux échanges autour de travaux de Joseph Gusfield, qui ont nourri la rédaction de cette notice. Sont aussi remerciés les membres du comité éditorial pour leurs relectures et retours.

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Auteur·e·s

Badau Estera

Communications, informations, médiations, organisations, savoirs Université de Bourgogne

Citer la notice

Badau Estera, « Gusfield (Joseph R.) » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 04 juin 2024. Dernière modification le 03 octobre 2024. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/gusfield-joseph-r.

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