Un musée est un établissement à l’intérieur duquel sont rassemblées et classées des collections d’objets d’intérêt historique, technique, scientifique, artistique, esthétique, culturel en vue de leur conservation et de leur présentation au public (Ruby, 2020). Le sport est, quant à lui, un ensemble d’exercices et d’activités physiques qui met en jeu la motricité, dans un but de performance (Greco, 2018), de loisir, de santé, etc. dans un espace règlementé où fair-play et dépassement de soi sont les normes plus ou moins bien appliquées il est vrai.
Les musées de sport : combien de divisions ?
Le sport de haut niveau suscite un engouement médiatique et public toujours plus important. Tellement d’ailleurs, qu’il est impossible de chiffrer le nombre de musées de sport en France. Déjà, faut-il s’accorder sur ce qu’est le sport et quand bien même, parfois, on parle de musée, alors qu’il peut s’agir juste d’un espace ouvert irrégulièrement au public par un collectionneur privé. Nous dirons donc qu’il y a probablement entre 30 et 200 « musées » de sport dans l’hexagone, dont les plus connus sont : le musée national du sport, le musée des 24 heures du Mans, le tenniseum de Roland Garros, le musée auto moto vélo de Châtellerault, le musée de l’Olympique Lyonnais (OL), le musée des Verts (AS Saint-Étienne), le musée de la voile de Lorient, ASM Expérience à Clermont-Ferrand (rugby). Au plan international, c’est le musée olympique de Lausanne et les musées des grands clubs de football : Arsenal, Bayern Munich, Barcelone, Juventus Turin, Liverpool, Real Madrid qui sont les plus connus. La fréquentation va de quelques milliers à plus d’un million de visiteurs par an pour ceux qui sont extraordinairement prisés. La plupart du temps, ces musées attirent entre 20 000 et 200 000 visiteurs par an et connaissent des difficultés financières. Au plan scénographique, il existe de grandes disparités. Certains musées se dévoilent de façon chronologique, chaque salle symbolisant une période (musée des Verts à Saint-Étienne) avec l’accent mis sur les connaissances du club et les émotions autour du public notamment. D’autres sont plus thématiques. Ainsi au tenniseum, les trois axes sont : la terre battue, les raquettes et les grands joueurs du tournoi. Au musée des 24h du Mans, ce sont les voitures qui sont mises en avant avec des miniatures, mais aussi beaucoup de modèles authentiques. Au musée de l’OL, tout tourne autour des joueurs/joueuses qui ont été licenciés·es dans les équipes professionnelles. Au musée de la voile, on met en avant le caractère extrême de cette pratique en invitant le public à venir « barrer » un monocoque ou un multicoque dans une réalité en 3D qui simule les conditions de vent au Cap Horn notamment. Le musée olympique retrace les évolutions techniques et technologiques. Difficile dans tout cela de trouver une trame commune. La patrimonialisation du sport est récente et la plupart des conservateurs sont davantages des passionnés que véritables professionnels de la conservation et de la valorisation.
Au demeurant, peu de musées, de monuments, d’objets, d’infrastructures, de faits culturels, de pratiques liés au sport sont recensés officiellement en tant que patrimoine local, régional, national ou international. Ainsi, seulement 1 % des infrastructures sportives figurent-elles dans la base Mérimée recensant le patrimoine immobilier (https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Bases-de-donnees/Fiches-bases-de-donnees/Merimee-une-base-de-donnees-du-patrimoine-monumental-francais-de-la-Prehistoire-a-nos-jours/). Le seul musée labellisé « Musée de France » est celui du sport à Nice, créé en 1963, à la demande de Maurice Herzog (1919-2012). À l’échelon international, la labellisation se fait au compte-gouttes. On peut tout de même citer le musée olympique de Lausanne, inauguré en 1993. Nous savons que, aujourd’hui, l’Unesco a davantage tendance à privilégier le local, afin qu’il ne périclite pas. L’universel, lui, est moins en danger de disparaître.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation de non-reconnaissance publique et mémorielle du sport, mais nous n’avons pas l’espace, ici, pour tous les recenser. On peut cependant mentionner que, pendant des décennies, le sport a été nié par la sphère culturelle et l’intelligentsia, par manque de caractère distinctif pour reprendre Pierre Bourdieu (1930-2002 ; 1979) : parce-que le sport a une histoire récente (fin XIXe siècle) et qu’il a été « utilisé » de façon saturée par les champs militaire, médical, politique, économique, laissant peu de place au champ culturel et artistique ; parce que, la plupart du temps, il n’a pas d’intérêt esthétique. Puis, lorsque le sport a été considéré par certains intellectuels comme un fait social légitime, un « fait social total » (Mauss, 1872-1950 ; 1925), il a surtout été investi par les scientifiques : d’abord ceux des sciences de la vie dès les années 1920, puis ceux des sciences humaines et sociales dès les années 1960. Ces derniers ont cherché à l’expliquer, sans pour autant le valoriser, avant d’être enfin en esquisse de patrimonialisation. Pourtant, le sport commence à se donner à voir au public, par le biais d’espaces mémoriels, en dehors de son exécution en direct immédiate, volatile, insaisissable, comme on va le constater.
Le sport, un objet mémoriel pour un certain public
En tant que tel et quel que soit son patrimoine (immobilier, mobilier, traditionnel, naturel ou/et culturel, donc matériel et/ou immatériel), le sport ne présente, en général, pas de qualités esthétiques et/ou artistiques particulières. Les infrastructures, le matériel, les vêtements doivent répondre aux injonctions fédérales qui sont axées essentiellement sur l’équité, la sécurité, les mesures, la performance, sans prendre en compte son caractère potentiellement historique. Par exemple, lorsque l’on choisit de construire un stade, celui-ci doit répondre à deux logiques : accueillir le plus de spectateurs dans des conditions de sécurité et de visibilité maximum et standardiser l’espace de pratique en fonction des normes fédérales. Dès lors, le maître d’œuvre ne porte que peu d’intérêt aux critères de patrimonialisation : esthétique, identités particulière, progression technologiques, style architectural, etc. La possible mise en patrimoine du sport n’est que rarement intégrée, même si sa durabilité est de plus en plus scrutée pour des raisons écologiques, mais non mémorielles, notamment à l’occasion des Jeux olympiques (JO) et de la coupe du Monde de football. De plus, le sport se vit, se « transpire », mais ne se contemple pas. Il s’agit d’un drame agonistique en direct et en action, pour paraphraser le psychosociologue Michel Bouet (1921-1995 ; 1968), alors que les autres spectacles et concentrations de foules (concerts, pièces de théâtre, cinéma, meetings politiques, etc.) sont soit des drames en représentation, en différé, soit des rassemblements qui n’ont pas de caractère agonistique, à la différence du spectacle sportif.
De fait, la mise en patrimoine du sport est absente ou au mieux, discutée. Sans doute, ceci explique aussi que le public des musées de sport est différent du public des musées d’art. La dimension distinctive mentionnée par P. Bourdieu (1979) qui s’inscrit dans un style de vie selecte réservé aux professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) à fort capital culturel et économique ne rend pas compte de la réalité des visiteurs de musées de sport. Tout ceci pour dire que l’essentiel des individus qui fréquentent ces derniers sont, avant tout, des supporters, des passionnés, loin de l’image que l’on se fait du public des musées décrits par P. Bourdieu (Bromberger, 2006). Le portrait type du visiteur de musée de sport est un grand-père qui socialise son petit-fils en le sensibilisant à l’histoire d’un club, d’un sport, d’un athlète. Si nous avons employé le masculin, ce n’est pas de façon générique et neutre, mais bien dans une démarche genrée. La réalité atteste que le sport et tout ce qui l’entoure, restent majoritairement l’apanage des hommes, des garçons, des pères, des grands-pères et pas des grand-mères, ni des mères, des femmes ou des filles. Comment alors transformer des supporters en visiteurs de musées et, inversement, comment convertir le public des musées « classiques » en fans de sport (Segré, 2015), si bien sûr, ces deux alternatives sont souhaitables ? Comment accroître la féminisation du public des musées de sport, alors même que la naissance et la diffusion de ce dernier ont été souhaitées par des hommes ?
Attractivité publique de la mémoire du sport
De ce point de vue, l’espace muséal sportif a pour objectif de socialiser le public, d’éduquer, dès le jeune âge, à la « partisanerie », comme l’écrit Christian Bromberger (Hayot, Mariottini, 1987). Cette question est d’autant plus prégnante que, à la différence des musées d’art considérés comme prestigieux qui vivent, pour l’essentiel, de subventions publiques, les espaces mémoriels liés au sport sont des structures privées qui ont comme unique recette les entrées. Le musée de sport est donc un musée de société et non d’art, cette catégorie a connu une période faste mais, pour l’heure, elle est en difficulté en matière de fréquentation, comme le révèle la muséologue Noémie Drouguet (2015). Sans doute, son message est-il trop protéiforme pour satisfaire la curiosité du public : message folklorique, dimension commémorative, logiques identitaires disparates, référentiels scientifiques multiples…
Tour du musée du Liverpool FC qui se termine par une projection de l’hymne emblématique « You’ll Never Walk Alone ». Source : VF Football, Youtube.
En tout cas, c’est principalement, la raison économique qui guide la politique des conservateurs de musées de sport et de société en général. Le public devient rien moins que le juge de paix qui va rendre rentable ou non un musée de sport à plus ou moins long terme, sachant que la notoriété d’un sport, d’un club, d’un athlète est, par essence, éphémère et liée aux résultats. De plus, là où la fréquentation est la plus élevée se situe le jour d’un match, d’une compétition, d’une rencontre. Dans ces conditions, difficile de pérenniser, de fidéliser les visiteurs en dehors des moments « chauds ». Chaque compétition est l’occasion d’une remise en jeu d’un titre, d’une place ou d’un classement. Comment perpétuer une pratique qui n’est attractive pour le public que parce qu’elle est justement éphémère et s’appuie sur l’éternelle remise en jeu, en question ? On se rend ainsi compte que la fréquentation des musées de sport est étroitement liée aux performances dont les objets ne sont que les dépositaires, mais pas les acteurs, même si, parfois, la création d’un musée peut être un supplétif à l’absence de résultats sur le terrain (Charroin, Szerdahelyi, 2010). En effet, lorsque la performance n’est plus là, on continue d’en faire vivre une, issue du passé, pour continuer à occuper le champ médiatique.
Interactivité entre objets et public
Par ailleurs, le sport n’est que fort peu un espace de contemplation. Il se doit d’être interactif, c’est-à-dire donner la possibilité au public de se mettre en situation du/de la sportif/sportive ou du supporter, dans l’émotion, ici et maintenant. L’espace muséal doit aménager des lieux à l’intérieur desquels les visiteurs vont pouvoir se mettre « à la place » du sportif ou du supporter « au moment où » il a vécu cette situation, sans quoi les musées ne sont que des espaces d’exposition, de représentation, pire de conservation, comme l’écrit N. Drouguet (2015), bref des « débarras », des « musées de sabots » ouverts au public. Nous savons aussi que fort peu de visiteurs lisent les textes accompagnant les œuvres. Il semble que cette réalité soit encore plus particulièrement présente en ce qui concerne les publics de musées de sport. Sans tomber dans la stigmatisation du sportif musculaire non cultivé, nous avons pu mesurer, dans certains musées comme celui des Verts à Saint-Étienne (équipe de football des « seventies »), que l’action, l’interaction ou la vidéo captivaient bien plus que les textes, dont la valeur informationnelle est pourtant incontestable (Charroin, Polycarpe, 2017). Ainsi les espaces de réalité virtuelle ou les structures donnant la possibilité de tirer des buts aux gardiens de l’équipe sont-ils prisés et la file d’attente longue, alors que le public passe rapidement devant les écrits (textes d’accompagnement, extraits de presse, licences de joueurs, etc.).
Pour attirer le public, si tous les musées sont également contraints d’organiser des expositions temporaires, cette obligation est encore plus prégnante en ce qui concerne les musées de sport, ce dernier étant une pratique du moment. Cependant, le sport a ceci d’attractif qu’il mathématise les faits et donne ainsi des repères dans une société postmoderne qui n’en a guère. Dans le sport, tout est soigneusement, scrupuleusement compté, gardé, mis en statistiques ; ce qui permet de « lire », au travers de l’amélioration des performances, les évolutions, d’où nous sommes partis et où nous arrivons. Devant des infrastructures sportives maintes fois rénovées, on peut retrouver des couches de temps, un peu comme le géologue date un massif grâce aux plis hercyniens. Plutôt que de fixer une réalité intangible, le sport donne à voir des processus, par essence évolutifs, qu’il est donc bien difficile de conserver, de figer.
Trop c’est trop !
Compte tenu du caractère répétitif, non pérenne, provisoire, éphémère du sport, les conservateurs des musées lui rendant hommage sont un peu contraints de densifier toujours plus les expositions. Ainsi la salle des trophées devient-elle tellement prolifique que le public ne sait plus très bien évaluer l’importance respective au plan sportif, symbolique, artistique des coupes, comme on peut le voir dans les musées espagnols du FC Barcelone et du Real Madrid. Celui du Bayern Munich est encore plus rempli. Les visiteurs disent qu’il n’y a plus un centimètre carré de libre. Il faut rendre hommage aux anciens joueurs, mais aussi à tous ceux qui leur succèdent et « font le job » aujourd’hui. Le tri serait souhaitable, mais rarement réalisé, trop fastidieux ; alors, chacun tente de « pousser les murs » au détriment du bien-être du public et de la valorisation des objets.
Lors d’une conversation avec les responsables de l’Atelier des Charrons qui a scénographié le musée des Verts à Saint-Étienne, les protagonistes ont confié que, pour le confort du public, il fallait aménager des temps de pause avec des espaces dans lesquels rien n’était exposé. Le seul objectif est ainsi d’entretenir un minimum d’implication sans saturer l’espace. C’est un peu comme en musique où, parfois, bien jouer consiste à ne pas jouer, afin de ne pas surajouter de l’instrumentalisation brouillonne. Or, les musées du sport saturent les expositions permanentes. Le plus spectaculaire étant le musée olympique de Lausanne. Au troisième étage se trouve un mur d’écrans vidéo de plusieurs mètres carrés repassant en boucle le saut en longueur de Bob Beamon, celui en hauteur de Dick Fosbury (1947-2023), le fameux podium avec Tommie Smith et John Carlos après le 200 mètres aux JO de Mexico en 1968. Un peu plus tard, ce sont Michael Phelps ou Mark Spitz, les nageurs, qui sont à l’honneur, Nadia Comaneci et son mouvement à la poutre de Montréal en 1976, etc. Ces images ne sont pas commentées. En revanche, le volume sonore est très présent avec le son de l’époque ou des musiques rapportées, au point que l’on sort du musée en en ayant plein yeux et oreilles. Le sport est spectaculaire en direct, il se doit de l’être lorsqu’on le remémore, sans que l’on n’apprenne grand-chose sur les techniques, les tactiques, les entraînements, les structures, en somme les conditions de réalisation des exploits. Dès lors, le musée du sport devient une sorte de fête foraine, sans grand intérêt heuristique, à moins que…
La coulisse : les historiens du sport au musée
Si un musée tire son fondement et sa légitimité de ses expositions, il est aussi un lieu où des archives sont conservées en arrière-salle. Comme si, en quelque sorte pour reprendre les termes d’Erving Goffman (1922-1982 ; 1956), il y avait la scène (le lieu du « spectacle ») et la coulisse (là où il se prépare). Or, les historiens universitaires, voire les collectionneurs, ont une entrée privilégiée pour dépouiller les différents corpus à des fins de publication. Ces derniers sont plus ou moins bien répertoriés et classés. Lorsqu’il s’agit de musées publics, cette tâche est incontournable. De ce point de vue, le musée olympique de Lausanne est remarquable. Il « ouvre ses entrailles » aux historiens et répertorie très officiellement, régulièrement et scrupuleusement l’ensemble des fonds ; ce qui n’est pas le cas des musées privés, largement majoritaires pour ce qui concerne le sport. Donc pas facile pour les chercheurs de trouver dans ce qui s’apparente à un labyrinthe. Nous pensons notamment à l’ancien musée du vélo situé chez un particulier à Pomeys, commune rhodanienne située en liseré du département de la Loire. Mais un autre problème intervient : parfois, y compris dans les musées publics du sport, certains conservateurs s’arrogent les fonds et n’en font pas profiter la communauté scientifique universitaire et le public. Ainsi, lorsqu’il était installé sur plusieurs étages en contrebas du Parc des Princes, lieu où le Paris Saint-Germain joue ses matches à domicile, le musée national du sport, pourtant labellisé « Musée de France », seul encore aujourd’hui dans l’Hexagone à « détenir ce titre », était une citadelle imprenable. Preuve qu’il est parfois difficile de rendre public des objets, des documents qui le sont pourtant juridiquement. Depuis son déménagement près de l’Allianz Riviera (stade de l’Olympique gymnaste club de Nice) à Nice, les choses ont changé dans le bon sens.
« Boutique » à souvenirs ?
Qu’ils soient musées de société ou musées d’art, qu’il soit musées de sport ou musées d’autres thématiques, se pose toujours l’opportunité intellectuelle de la présence de la « boutique » en fin de visite. On comprendra qu’il faille garder un souvenir, que la vente a un intérêt économique, qu’elle peut parfois révéler des artistes ou plus modestement remercier des contributeurs universitaires ou des collectionneurs. Dans le cas des musées de sport, la boutique est, de toute façon, présente, ne serait-ce que par obligation économique. Mais le plus souvent, il s’agit d’une activité de merchandising qui ne vise qu’à vendre des produits qui, du fait de leur jeunesse, n’ont pas vocation à être patrimonialisés. Il ne s’agit pas, par exemple, de reproduire un ancien maillot, des chaussures d’époque, etc. Ce sont les derniers gadgets ou la toute dernière collection de sweaterie qui sont vendus par un club, un comité, une ligue, une fédération qui font produire de façon industrielle des objets « à la gloire de ».
Dès lors, le public se sont un peu floué, dépossédé, tout en étant potentiellement acquéreur. En effet, c’est la standardisation et la production de masse des objets qui conduisent à leur dépréciation. Durant les « seventies », les « fabricants » d’écharpes, de maillots, de casquettes, de shorts, d’affiches, de chaussures confectionnaient, de façon artisanale et « bricolée », tout ce qui pouvait être à l’effigie de leur club ou de leur sport. Aujourd’hui, nous sommes passés sur un process industriel qui déshumanise, « décharne », refroidit la passion. On ne porte pas le maillot, mais un maillot identique à tous les autres dans une période donnée. C’est même le maillot de la saison en cours qui est le « must ». Même les objets que l’on peut manipuler, les jeux et les jouets par exemple, sont médiés par le process industriel qui conduit à une standardisation, mais non à une appropriation individualisée d’une passion sportive et d’un objet censé la symboliser. Ainsi, au musée des Verts de Saint-Étienne, point d’écharpes tricotées mains par des femmes de supporters des années 1970 ou de groupes Ultra actuels. Dans la « Boutique », tout ce qui est vendu ou presque est estampillé « ASSE Promotion » (Association sportive de Saint-Étienne ; Charroin, Polycarpe, 2017).
Future or not
On peut imaginer que dans un futur proche le nombre de musées de sport augmentera sensiblement, compte tenu de la patrimonialisation frénétique qui s’empare des sociétés postmodernes (Debray, 1999). Toutefois, la préférence va vers des musées virtuels, moins lucratifs, mais bien plus faciles à gérer. En témoigne, par exemple, le musée du basket, créé en 1991, situé à Paris et géré par la Fédération française de basketball, qui n’ouvre pas réellement ses portes au public, mais bien virtuellement. Sans doute, peut-on penser, que les objets du sport se dévoileront au public majoritairement par le biais de la Toile.
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