Voyage au centre de l’enquête
Philosophe de formation, Jean-Claude Passeron (né en 1930) est un sociologue de l’éducation, de l’art et de la culture dont le nom est souvent attaché à une autre figure majeure de la sociologie contemporaine, Pierre Bourdieu (1930-2002), avec lequel il a conduit et publié de nombreuses enquêtes de référence sur les pratiques scolaires et culturelles, des années 1960 à l’orée des années 1970, avant de prendre ses distances avec ce dernier au début des années 1980 et de poursuivre son propre chemin.
Deux grandes directions de recherche conduisent la longue carrière universitaire et académique de J.-Cl. Passeron, mises en évidence dans un entretien accordé par le sociologue à la revue Esprit en 2002 : d’une part, la sociologie culturelle, et d’autre part, une réflexion sur l’épistémologie de la discipline. Jalonnée de très nombreuses publications et de productions dans des registres variés (ouvrages en propre et directions d’ouvrages, articles, notes biographiques, nombreuses préfaces, interventions dans les médias…), la trajectoire professionnelle est marquée par le souci de mettre en public dans les cercles académiques et au-delà, des questions de recherche de fond au plan épistémologique et pratique. Cette volonté de médiation s’incarne de manière très significative dans l’attention portée à l’enquête, un des pivots de la recherche en sciences sociales (Dewey, 1938 ; Zask, 2004), et dont le sociologue entend reprendre à nouveaux frais l’examen d’abord en collaboration avec P. Bourdieu (Bourdieu, Passeron, 1963 ; 1964 ; 1970) puis dans le cadre de ses propres travaux. À travers directions d’études, séminaires et conférences, il va s’attacher à mettre au jour ce dont l’enquête en sciences sociales est le témoin et le vecteur privilégié : les tensions entre recherche et espace public à travers la relation enquêteur-enquêté, mais aussi l’éclairage du positionnement du chercheur dans l’espace académique et disciplinaire et, plus largement, de l’intellectuel dans l’espace social.
Un parcours académique d’excellence
Originaire de Nice, où il naît le 26 novembre 1930 dans une famille qu’il hésite lui-même à qualifier de populaire (Passeron, 2016 : épisode 1), J.-Cl. Passeron est l’exemple même du parcours d’ascension sociale réussi que peut représenter l’École dans l’entre-deux guerres. Fils unique d’une institutrice et d’un père employé de banque, son parcours scolaire est selon ses propres termes « le produit de la volonté maternelle mais aussi d’un couple de “coopérants dans la politique de l’enfant unique”, un choix familial partagé avec les classes populaires et petites bourgeoises de l’époque de travailler sur l’ascension sociale de l’enfant » (ibid.). Brillant élève, J.-Cl. Passeron poursuit ses études en classes préparatoires littéraires d’abord à Nice puis à Paris au Lycée Henri IV. Entré à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, il va parachever sa formation philosophique tout en s’ouvrant aux courants de la pensée structuraliste et de la psychanalyse. Il se liera d’amitié avec des camarades tels Gérard Genette (1930-2018), Christian Metz (1931-1993). Reçu premier à l’agrégation de philosophie en 1958, il va d’abord enseigner – notamment au Lycée Périer à Marseille – puis au retour de son service militaire effectué en Algérie, il va s’orienter vers la sociologie au contact de Michel Foucault (1926-1984) « à cause de sa virtuosité » (ibid. : épisode 3). À l’inverse de P. Bourdieu qualifiant d’« expérience de miraculé » son propre parcours académique, J.-Cl. Passeron considère le sien comme un « tapis roulant » qui va lui permettre d’entrer avec aisance dans le milieu universitaire de l’époque, et ce, malgré le manque de postes. En 1961, Raymond Aron (1905-1983), professeur de sociologie à la Sorbonne lui propose de devenir l’assistant de P. Bourdieu, poste qu’il accepte, désireux moins d’abandonner la philosophie que de creuser l’esprit scientifique que de nouveaux courants (structuralisme, psychanalyse, nouvelle histoire) peuvent selon lui contribuer à renouveler.
Formé au contact de différents types de public (élèves, étudiants, collègues et confrères du milieu académique et universitaire), le parcours intellectuel de J.-Cl. Passeron est marqué par un échange continu au sein de la communauté intellectuelle et politique qui n’exclut ni le débat ni la rupture s’il le faut (celle d’avec P. Bourdieu en fournit l’exemple le plus manifeste), mais aussi du dialogue avec les publics en formation ou profanes. De fait, les acteurs du milieu universitaire et académique, les cercles intellectuels et politiques mais aussi artistiques sont très présents dans ses travaux : qu’ils soient pris tour à tour comme objets et médiateurs de l’enquête, ils lui offrent le terrain d’observation et les conditions de la distanciation critique.
Le rôle émancipateur de l’enquête
Les premiers travaux du sociologue sont clairement marqués par le compagnonnage avec P. Bourdieu avec lequel il partage l’héritage bachelardien (Fabiani, 2015 : 36) et la volonté de trouver le paradigme dans lequel inscrire leurs travaux et se dégager définitivement de la philosophie. Pendant une dizaine d’années, de 1961 à 1970, leur objectif commun est de faire des enquêtes pour avoir une sociologie plus riche, P. Bourdieu venant de l’anthropologie, J.-Cl. Passeron de la philosophie.
Les enquêtes collectives menées sur les étudiants en tant que publics de formation (Bourdieu P., Passeron, 1964a) et de l’offre culturelle (Bourdieu P., Passeron, 1964b) en constituent le terrain cardinal et vont former le creuset d’une littérature abondante en sociologie de la culture comme en sociologie de l’éducation. S’intéressant à l’échec scolaire dans une autre étude mais restée relativement à l’ombre des grandes enquêtes déjà citées, les deux sociologues vont montrer que le problème de la distance culturelle entre l’école et les élèves est en partie un problème de communication, de malentendus, de codes de communication non partagés (Bourdieu, Passeron, Saint-Martin, 1965). À travers l’école, les pratiques estudiantines, il s’agit d’étudier les mécanismes de reproduction sociale et de domination symbolique et de mettre en évidence le rôle décisif de la socialisation primaire dans la construction de l’habitus de chaque individu, concept central de la sociologie de la domination qu’illustre La Reproduction paru en 1970, un ouvrage devenu un classique de la sociologie culturelle.
Ce travail d’enquête sur les pratiques culturelles d’une catégorie de publics (étudiants principalement) s’accompagne très vite du besoin de produire une réflexion d’ensemble, d’ordre méthodologique et plus largement épistémologique sur les conditions et les manières de faire de la sociologie. Le Métier de sociologue, ouvrage codirigé avec P. Bourdieu et Jean-Claude Chamboredon (1938-2020) et paru en 1968, a pour ambition de montrer que la sociologie, l’anthropologie et l’histoire partagent une seule et même épistémologie, les auteurs s’inscrivant en cela dans la suite de la sociologie wéberienne. Si elles ont en commun un certain nombre de procédures interprétatives, de paradigmes et les modalités de construction de leur objet, leur manière de produire des données diffère néanmoins selon les champs disciplinaires ; et c’est le travail et la responsabilité du sociologue que de réfléchir à cet « espace logique » fondé sur le discours, qu’il soit argumentatif ou narratif. Souhaitant approfondir la réflexion sur le statut épistémologique de la sociologie, en développant une critique interne de la discipline et des difficultés d’ordre historique auxquelles elle se voit confrontée, J.-Cl. Passeron s’éloigne progressivement de P. Bourdieu.
Au cours des années 1960-1980, les activités de recherche du sociologue s’accompagnent d’un travail d’institutionnalisation de la discipline : après avoir dirigé le département de sociologie de l’université de Nantes dans les années 1960, il contribue en 1968 à la fondation du Centre universitaire expérimental de Vincennes devenu l’Université Paris 8 (aujourd’hui université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis). Après l’expérience de Vincennes, il quitte Paris au début des années 1980 pour Marseille où il est élu sur un poste à l’antenne de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) nouvellement créée au Centre de la Vieille Charité. Le sociologue y anime un séminaire et fonde en avril 1985 la revue Enquête dont les huit premières livraisons seront publiées sous le titre Enquête. Cahiers du Cercom (1985-1993) par le Centre d’enquêtes et de recherches sur la culture, la communication, les modes de vie et la socialisation (Cercom) de Marseille. La période est marquée par des enquêtes dans le domaine de la sociologie de la culture et des arts. Ainsi dirige-t-il, entre autres ouvrages, L’Œil à la page avec Michel Grumbach (1985). Il s’agit de la publication d’un travail d’enquête collective sur la place des images dans les bibliothèques, à une époque où celles-ci (diaporamas et vidéos notamment) font une entrée remarquée dans les collections. Menée pour la Direction du Livre en 1979, l’ouvrage cherche à identifier les variations culturelles du rapport à l’image des publics à travers les usages qu’ils font de l’image en bibliothèque.
La sociologie culturelle, un terrain fécond pour refonder le raisonnement sociologique
À l’EHESS de Marseille, le séminaire est l’occasion d’engager un travail de réflexion avec les publics chercheurs et étudiants sur la notion de populaire, une catégorie qui fait alors débat au sein des sciences sociales et historiques. Avec son homologue Claude Grignon, J.-Cl. Passeron entreprend une discussion sur la falsification que représente la coupure sémiotique et épistémologique entre savant et populaire opérée par une interprétation erronée, selon eux, du concept de domination en sciences sociales. Sous le titre Le Savant et le populaire (Grignon, Passeron, 1989), les auteurs font paraître un ouvrage composite issu du séminaire donné à l’EHESS en 1982, fait d’entretiens et d’une sélection de textes cherchant à étayer leur point de vue. Dans leur avant-propos, ils se défendent de proposer une nouvelle théorie, mais entendent plutôt « désigner et expliquer un embarras que nous avons-nous-mêmes ressenti, tant dans nos enquêtes que dans nos lectures, chaque fois que le Peuple apparaît dans la littérature, qu’elle soit sociologique ou romanesque » (ibid. : 9), un embarras qu’ils ne comptent pas pour autant surmonter (ibid. : 10). Néanmoins, malgré ces précautions oratoires, l’objectif déclaré ne laisse aucun doute sur sa portée critique :
« en décrivant les conditions qui produisent cet embarras – qu’elles soient inhérentes à l’objet ou attachées à la position sociale de ceux qui en traitent-, en isolant et en nommant les principales figures du parcours – dérives, oscillations, retournements, subterfuges – où s’engagent les chercheurs qui prennent le risque de parler des cultures populaires, on se propose de réduire l’imprécision qui autorise aussi bien les discours flottants des observateurs naïfs que les imbroglios qui se nouent à la faveur d’une pénombre savante ».
En refusant les approximations des discours, les auteurs renvoient dos-à-dos populisme et misérabilisme auxquels s’exposent les chercheurs, historiens et sociologues, notamment lorsque leur penchant pour des formes de « neutralité éthique » les conduisent à penser qu’un « oubli de la domination assorti de l’intention de réhabilitation serait pour le chercheur la voie directe, obligée et facile pour rendre justice aux cultures populaires » (ibid. : 11). Pour sa part, J.-Cl. Passeron met l’accent sur les ressorts linguistiques et langagiers des modes d’opposition, en sociologie, entre culture savante et culture populaire, que la notion de style vient incarner. Se référant aux travaux de Pierre Fontanier (1765-1844 ; 1821-1830) sur les figures de discours et sur leur dimension substitutive, le sociologue entreprend de requalifier la catégorie de populaire, en la tenant à distance des dérives populistes comme légitimistes. Bien que non dégagé de son caractère polémique – clairement assumé dans l’avant-propos – l’ouvrage va marquer une étape décisive dans le débat sur la culture populaire qui anime les sciences sociales et la littérature au cours des années 1970-1980. Si J.-Cl. Passeron privilégie une approche globale du populaire que désigne le terme de culture, dans le sillage des travaux de Richard Hoggart (1918-2014 ; voir Piponnier, 2015) sur les pratiques populaires, la notion de public populaire y est sous-jacente. Les travaux ultérieurs sur ceux-ci (Dakhlia, Le Nozach, Ségur, 2017 ; Masclet, 2021) vont en tirer parti pour penser une composante du monde social que, selon les auteurs, la sociologie de la culture a sous-estimée ou malmenée.
Façonnée par l’enquête dès le début de sa carrière, la trajectoire intellectuelle de J.-Cl. Passeron recoupe à plusieurs titres la question des publics. La notion est sous-jacente dans les premières études statistiques sur les pratiques culturelles des étudiants, des élèves et sur leurs relations à une offre culturelle ou à une offre pédagogique en fonction de leur habitus. En ce sens, la notion d’héritiers désignerait une catégorie de public – celui qui, détenant les codes de l’offre, peut ainsi y accéder et se l’approprier –, à travers laquelle les ruptures sociales ne peuvent se manifester. Or, c’est précisément en s’éloignant de cette tradition nomologique d’abord partagée avec P. Bourdieu (Berthoud, Giovanni, 2000) que va se situer l’apport du sociologue : ses activités à l’EHESS lui permettent de nourrir son investigation de ce qui fait selon lui le propre de la sociologie et la rattache à ce qu’il désigne sous le terme de sciences historiques. En 1991, la publication de son ouvrage majeur, Le Raisonnement sociologique, vient couronner ce programme, auquel l’auteur ajoutera une nouvelle édition en 2006 pour en affiner le propos.
À la suite de ce travail de refondation de la discipline, J.-Cl. Passeron publie un article séminal « L’Espace mental de l’enquête » paru en deux volets dans les numéros un et trois de la revue Enquête (1995 ; 1996) dans lequel il décrit comment le raisonnement sociologique construit les preuves et les interprétations qui caractérisent toutes les sciences sociales considérées comme des sciences historiques :
« Pour décrire “matériellement” les opérations cognitives propres au sociologue, à l’historien, à l’anthropologue, etc., il n’est pas d’autre chemin que de caractériser dans leurs interdépendances les opérations argumentatives qu’il utilise dans ses démarches d’observation, directe ou indirecte comme les raisonnements qu’il construit sur elles lorsqu’il met par écrit, en les argumentant, ses interprétations de l’observable, ses descriptions de “faits” et ses administrations de preuve. » (ibid. : 1995).
Au début des années 2000, une nouvelle étape dans la réflexion sur le raisonnement sociologique voit le jour : défendre la possibilité en sociologie de raisonner à partir de singularités, tout en prenant la mesure des différentes casuistiques produites dans l’espace savant au cours de l’histoire. Dans l’ouvrage qu’il codirige avec l’historien Jacques Revel (2005) et dont ils signent ensemble la préface, Penser par cas, les auteurs veulent réhabiliter la dimension méthodologique et heuristique d’un raisonnement pertinent qui « pour fonder, une description, une explication, une interprétation, une évaluation, choisit de procéder par l’exploration et l’approfondissement d’une singularité accessible à l’observation » (ibid. : 9).
Ainsi, en cherchant à articuler les volets théoriques et empiriques de la recherche, J.-Cl. Passeron se livre-t-il à une réflexion sur les conditions de l’enquête comme espace de coproduction des savoirs et, dans cet espace, sur la possibilité par l’argumentation d’une montée en généralité. L’enquête, dotée d’une large portée heuristique et méthodologique, est alors propice à déconstruire les formes de représentation du public comme catégorie homogène pour en proposer une approche plurielle. Plus largement, elle entend fonder une épistémologie pratique, laquelle prend place dans un projet plus vaste d’épistémologie des sciences sociales.
De l’enquêteur au passeur : le travail de médiation des auteurs et des textes.
Travailler les fondements du raisonnement sociologique permet au sociologue de repenser les catégories d’objets et leurs oppositions – savant/populaire, public/individu – ou de concepts – cas/régularité, singularités/universel – tout en les replaçant dans les conditions historiques de leurs formulations et de leurs argumentaires. Pour le sociologue, ce programme constitue une condition de l’existence et du devenir de la discipline au sein des sciences sociales.
Ainsi le travail épistémologique ne se borne-t-il pas à la production et direction d’enquêtes de première main, principalement menées sur les publics de la culture et dans le monde de l’art (Passeron, Pedler, 1991 ; Menger, Passeron, 1994 ; Passeron, 2003). L’attention particulière du sociologue aux conditions de l’enquête se double du regard aigu, souvent ironique, d’un épistémologue désireux d’expliquer son propos, de publiciser sa pensée, voire de ferrailler avec ses pairs, non seulement dans ses articles, mais aussi dans les multiples entretiens qu’il a accordés à des confrères pour des revues savantes ou des émissions de radio. Il témoigne d’une époque où la recherche se raconte, s’expose et se construit dans le tracé, voire la revendication des sociabilités intellectuelles, au sein d’espaces de débat nourris par les revues intellectuelles comme Esprit, Le Débat ou encore Raison présente (Passeron, 1993a). Mais le sociologue a su également rendre hommage à certains de ses prédécesseurs et souvent à contre-courant des tendances du moment. Introducteur et traducteur en France de l’ouvrage majeur de R. Hoggart The Uses of Literacy, (1970, traduction française), il s’est attaché à défendre une sociologie de la culture populaire, hétérodoxe par rapport à la sociologie quantitativiste de l’époque et à ses propres positions. Un paradoxe que lui fait remarquer la sociologue Raymonde Moulin (1924-2019) et qu’il n’hésite pas à citer, non sans humour, dans la dédicace qu’il lui offre en introduction de son « Portait de R. Hoggart en sociologue » paru dans la revue Enquête en 1993 : « Pour Raymonde Moulin, qui mettait le doigt, dès les années 60, sur la contradiction entre mon goût personnel pour la lecture romanesque et ma prédication professorale de l’ascèse quantitativiste en sociologie ».
Le travail de philologie et de traduction des travaux de R. Hoggart est d’abord une rencontre (Passeron, 1999a, 1999b). Et c’est du caractère irréductible de cette rencontre – intellectuelle et personnelle – que part cette mise à distance progressive de ce qui fut la première sociologie de J.-Cl. Passeron, cette singularité de voix et d’activités qui vont irriguer les travaux ultérieurs. Le sociologue aurait trouvé dans cette plongée dans la culture populaire que lui offre la lecture de R. Hoggart, l’occasion propre à un déplacement de regard. En cela, il rejoint les conditions qui ont amené M. Foucault (1971, chap. « Je perçois l’intolérable » : 1071-1073) à inventer le terme d’intellectuel spécifique :
« En raison de circonstances et d’événements particuliers, mon intérêt s’est déplacé sur le problème des prisons, et cette nouvelle préoccupation s’est offerte à moi comme une véritable issue au regard de la lassitude que j’éprouvais face à la chose littéraire. »
Si la sociologie est une science de l’enquête, J.-Cl. Passeron en est un des éminents représentants dans sa recherche inlassable de l’explicitation des conditions de possibilité d’une pratique qui sans cesse doit remettre sur le métier les objets et les cadres de pensée. Il montre la nécessité d’une attention continue et distanciée aux formulations que génèrent les situations temporelles, économiques et idéologiques dans lesquelles les chercheurs se trouvent nécessairement pris.
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