Place publique


 

D’usage fréquent dans le discours commun, la notion de place publique a fait l’objet – certes de manière encore mesurée, plus particulièrement depuis le courant des années 2010 – de travaux de la part de chercheurs de différentes disciplines, soit par une appréhension directe (Baudoux-Rousseau, Carbonnier, Bragard, 2007 ; Lussault, 2017 ; Göle, 2018 ; Zask, 2018), soit indirecte via l’exploration de celle d’espace public (Joseph, 1995 ; Azoulay, 2011 ; Boucheron, 2011). La place publique désigne couramment un « lieu public », un lieu de rassemblement ouvert à tous et toutes, un lieu de visibilité par coprésence, un lieu d’interaction physique, de contact et de rencontre. Entendue à l’aune d’une perspective urbaine, une telle conception sous-tend l’idée d’un espace tangible bien circonscrit, d’un périmètre, d’une délimitation spatiale.

Tout autant, elle peut renvoyer à un autre ordre de visibilité – en l’occurrence médiatique – quand on entend dire ou qu’on peut lire qu’une affaire est « sur la place publique ». En d’autres termes, ladite affaire donne lieu à présentation et discussion au su de tous et toutes, au « grand jour » dans l’« arène » publique. Il n’est pas ici question de coprésence, pas plus que de délimitation ou de périmètre spatial – sinon, peut-être celui de l’espace public national, mais de manière diffuse. Ainsi, quand la notion touche à la communication médiatique, qu’elle implique une visibilité tenant d’un dispositif de reproduction et de diffusion de l’information à grande échelle, elle relève de la métaphore. Elle emprunte au registre métaphorique quand elle devient une appellation pour un « Média et un Observatoire sur le futur et la citoyenneté » ou pour un « mouvement politique citoyen ». Cependant cette conception déterritorialisée de la place publique se distingue du domaine des lieux, prisme à partir duquel la notion est envisagée dans le cadre de cette notice.

Il n’empêche, l’analyse historique de la cité grecque révèle que dès son origine, la notion de place publique – appréhendée comme lieu public – agence dans une même préoccupation la question du lieu et celle du débat public (voir la notice Agora). Quant à l’analyse des formes de luttes contemporaines, elle rend compte de la persistance de cet agencement. Ainsi, comme l’ont souligné nombre d’auteurs – géographes (Ghorra-Gobin, 2001 ; Lussault, 2003), philosophes (El Murr, 2007 ; Paquot, 2009), historiens (Azoulay, 2011 ; Boucheron, 2011), sociologues (Joseph, 1995 ; Bacqué, Blanc, Hamel, Sintomer, 2005) ou chercheurs en sciences de l’information et de la communication (Miège, 2010 ; Gadras, Pailliart, 2013) – concernant la notion d’espace public, celle de place publique possède une signification à double face, articulant configuration spatiale et interaction physique et verbale. Une double face par laquelle la place publique a originellement partie liée avec la démocratie (Zask, 2018 : 23).

 

La place publique comme lieu de fondement du politique

La notion de place publique cristallise donc spatialement la tension qui travaille celle d’espace public, tenaillée entre une conception à fondement urbanistique et une autre à fondement communicationnel. Cette tension est pointée d’assez longue date par les historiens de l’Antiquité grecque. Dans les années 1960, Jean-Pierre Vernant (1914-2007) explique que l’avènement de la cité (la polis) dans la Grèce antique implique, entre autres éléments, « l’élaboration d’un nouvel espace social, centré sur l’agora, la place publique » (Vernant, 1962 : 4). C’est donc par le recours à une « image spatiale » (ibid.) que s’exprime la réorganisation de la chose politique, de sa visibilité aux yeux de tous : une place publique, autour de laquelle s’organise la ville, est érigée en lieu où la communauté (politique et sociale) se réalise. Mais cette réalisation ne s’opère que par la parole, laquelle « devient, dans son emploi profane, en tant que libre débat, discussion, argumentation contradictoire, l’arme politique par excellence » (ibid. ; Arendt, 1958). Constitutive du principe de « publicité », la parole, poursuit Vernant (1962 : 57), « suppose un public auquel elle s’adresse comme à un juge qui décide en dernier ressort, à mains levées, entre les deux partis qui lui sont présentés ». En somme, si dans la cité grecque la place publique symbolise l’alliance – à portée politique – du lieu et de la parole, on devine en quoi il y a ce que l’on pourrait appeler – métaphoriquement – une force du lieu, en ce sens que le lieu permet « la proximité physique de tous ceux qui composent le corps politique » (Chartier, 1990 : 39) et la visibilité : il faut pouvoir entendre, et voir (les mains qui se lèvent). Sous le régime de la parole, on retiendra que c’est en raison de son confinement spatial que le lieu public se situe ici au fondement même du principe de la démocratie.

Arme politique, la parole le sera également dans la république de la Rome antique : « L’énonciation […] est tellement importante par rapport à l’écriture que, si les adversaires veulent tenter d’annuler une loi, ils essaient d’en perturber la lecture par des cris » (Achard, 1991 : 28). Là aussi, la rhétorique opère, quand bien même certains historiens spécialistes de l’Antiquité relèvent que « la parole était aristocratique » (Hiebel, 2012 : 80) et que « cette République n’était certes pas une démocratie » (Flaig, 2001 : 12). L’organisation politique de la cité romaine repose sur des réunions de citoyens associant la « classe dominante » et les « dominés » (ibid. : 16) dans des lieux précis : le comitium, puis, devant les limites de celui-ci, « eu égard à l’augmentation constante de la population » (Achard, 1991: 68), le forum. Par sa taille – « près de dix mille mètres carrés » –, cette « place » permet « à une plus large assistance » d’écouter les orateurs (ibid.). Une fois de plus, on devine l’importance de l’articulation entre « action oratoire » et configuration du lieu : la maîtrise de la parole est d’autant plus cruciale quand il s’agit de s’exprimer « dans des espaces immenses, pendant des heures, car les discours sont longs et fréquents » (ibid. : 99), sachant que les citoyens romains, à la différence des Grecs, « se devaient d’écouter debout et dans le silence, des heures durant, les harangues proférées par les Grands » (Hiebel, 2012 : 81), avant que l’atonie ou, à l’inverse, les cris ne soient conçus comme moyen d’expression des citoyens ordinaires et qu’il soit devenu possible de s’asseoir par la suite.

La notion de place publique témoigne donc originellement de l’imbrication entre l’urbain et le politique, entre la matière spatiale de la ville et l’activité socio-politique. On relèvera de manière plus particulière que la place publique telle qu’elle est étudiée par les historiens du monde grec reflète, pour reprendre une observation de Vincent Azoulay (2011 : 64), « le poids [chez ces historiens] d’une définition territorialisée de l’espace public ». En d’autres termes, une focalisation sur les « lieux publics » qui « fait immanquablement écran à l’appréhension plus abstraite du domaine public proposée par Habermas » (ibid. : 65). Avec une perspective historique plus générale, tout en relevant que « la place a suscité une abondante production historiographique », l’historien Patrick Boucheron acquiesce :

« Mais rares sont les auteurs qui dépassent l’équivoque entre lieux publics et espace public, et se demandent, par exemple, dans quelle mesure et sous quelles conditions les places publiques (comme celles du marché) accueillent et suscitent le déploiement de l’espace public – considéré dans son sens abstrait [celui, habermassien, d’une sphère publique d’information et de libre discussion des affaires publiques orientée notamment vers la critique des pouvoirs] » (Boucheron, 2011 : 112).

 

Un lieu où se constitue un public : l’enjeu de la coprésence

Par-delà la perspective historique, on rappellera que la place est publique – dans son principe – au sens où elle est accessible à tous et toutes. Considérant ce principe d’ouverture, elle pourra devenir un lieu où se réunit – ou se constitue – un public, autour d’un spectacle, d’une cérémonie, d’un orateur, d’une scène de débat, par exemple. Ce qui implique une multiplicité d’individus qui, par ce principe de réunion, font unité danset par le lieu : l’unicité par-delà la multitude. Cela dit, une telle propriété ne constitue en rien un attribut de la seule place publique. En fait, c’est bien plus banalement qu’apparaît la part de publicité et de visibilité (aux yeux de tous et toutes) que recèle la place publique comme « lieu public ». Ainsi, par le seul fait d’être présentes sur une place en même temps, les personnes qui s’y trouvent se feront le public de la place en ce sens qu’elles seront – pourront être – les témoins de ce qui s’y déroule sur le moment ; elles pourront attester de ce qui y est visible et audible publiquement, selon le degré d’attention que comporte l’« expérience ordinaire » des pratiques spatiales de la ville.

On retrouve là l’un des traits sociologiques caractéristiques de « la rue » telle qu’en rend compte Isaac Joseph (1943-2004). En reprenant la perspective proposée par ce sociologue, intéressé, notamment, par l’étude des interactions situées, la place publique peut être aussi envisagée « comme espace de la rencontre et comme cadre dans lequel s’accomplit l’événement de la rencontre », sachant que, dans le droit fil d’une conception simmelienne de la ville (Simmel, 1903), « la rencontre se fait entre étrangers et que la rue institue un droit de regard spécifique sur ce qui s’y déroule » (Joseph, 1995 : 32). Se devinent dans toute leur acuité l’enjeu de l’accessibilité et, de là, celui de la libre circulation ; un double enjeu qui fonde le caractère « inaliénable» du « domaine public » (ibid. : 34) et qui constitue, toujours selon Joseph, la condition même, non du vivre ensemble, mais de l’articulation entre « l’idée régulatrice des civilités » et « l’expérience du dissentiment » (ibid. : 35). Sous cet angle, la « place publique » participe de la question du politique, non pas en termes de critique et d’élaboration par la discussion de ce qui concerne l’organisation de la société et de son devenir, mais plutôt en termes de pratiques (de circulation, de rencontres, de visibilité…) : « Parce qu’il n’est de démocratie vivable et durable que par la rue, comme espace de rencontre avec l’étranger, comme espace de coprésence non seulement avec autrui, mais avec tout un chacun, témoin et juge de la vulnérabilité du lien social » (ibid. : 34).

Dans une sorte de prolongement distancié d’une telle lecture microsociologique de l’urbain, on soulignera que la place publique contemporaine, par-delà le fait d’être un lieu physique de rencontre, peut faire se télescoper – sous une forme nouvelle – géographie (urbaine) et communication (numérique). Ainsi, prenant l’exemple de Times Square à New York, le géographe Michel Lussault (2017 : 56) explique-t-il que la dimension communicationnelle de la place publique – en l’espèce particulièrement investie, en ce qui concerne son aménagement, sa gestion commerciale et touristique et son animation, par de grandes firmes privées, notamment du domaine des loisirs – tient tant des interactions interindividuelles qu’elle permet « sur place », ou qu’elle suscite, que des messages que « bombardent » des « murs d’images impressionnants » (qui recouvrent les bâtiments de la place) et de « la mise en tension entre espace-temps du vécu concret et “outre-espace-temps” du réseau numérique ». La place publique, ici « muée en micro-parc de loisirs », apparaît comme un univers de signes où s’interpénètrent le local – et la coprésence qu’il permet – et le mondial – par l’entremise du potentiel de connexion des technologies numériques. Lieu de marchandisation et de consommation du virtuel à ciel ouvert en même temps que lieu de visualisation publique et partagée d’images-monde, une telle place participe de ces « hyper-lieux », et de ces « nouvelles géographies de la mondialisation » (ibid.).

 

Du lieu de rencontre au lieu de rassemblement : de l’ambiguïté politique de la place publique

Lieu de rencontre, la place est aussi en certaines circonstances, un lieu de rassemblement voire de « démonstration de rue » (Favre, 1999). On sait que si « la place est noire de monde », images à l’appui, il y a événement, au sens médiatique et, fréquemment, au sens politique (Champagne, 1984). On touche ici à un autre aspect de la dimension politique de la place publique : pour les organisateurs d’une manifestation, l’enjeu est moins de faire passer le message par l’argumentation et la confrontation verbale que de se compter et de montrer son nombre comme attestant de sa force politique. Par sa configuration spatiale, son design, « sa physique » (Zask, 2018 : 11), la place publique est alors, en quelque sorte, la « matière première » du rassemblement, une condition essentielle par laquelle peut prendre forme et s’exprimer une telle force. Il s’agit de « faire masse », si ce n’est, parfois, de « faire peuple ».

Toutefois, affleure ici l’ambiguïté politique de la place publique qu’éclaire l’analyse historique. Si, dans sa fonction de lieu de sociabilité informelle, la place publique au XIXe siècle se révèle un « relais idéal à la transmission [des] rumeurs » (Beck, 2007 : 126), elle apparaît aussi régulièrement, explique l’historien Robert Beck, comme un lieu d’affirmation d’une volonté d’émancipation ou de contestation politique – et, de manière plus particulière dans les capitales, une scène de visibilité des conflits politiques – aussi bien que, a contrario, comme lieu de parade et de mise en scène du pouvoir. Ainsi en est-il en Italie sous le régime fasciste, relève la spécialiste de l’histoire et de la culture architecturale Liliane Dufour (2007 : 141), lequel régime « va réinvestir la place publique en modifiant certaines fonctions traditionnelles, et en incorporant de nouvelles significations dans l’architecture monumentale des édifices qui vont dessiner et composer ces nouvelles places ». La nouvelle architecture, inspirée de l’époque impériale romaine, vise, tout comme du reste dans l’Allemagne nazie à la même époque, à l’édification d’esplanades gigantesques destinées à accueillir les foules lors de grands rassemblements et de rituels politiques. L’enjeu : « L’homme nouveau qu’ambitionne de créer Mussolini doit se forger sur la place publique, comme son ancêtre romain s’était formé sur le forum autour de la tribune des harangues » (ibid. : 142).

La place peut donc être un lieu de rassemblement à fondement démocratique et critique à l’adresse du pouvoir tout autant qu’elle peut être érigée en « podium du pouvoir et instrument d’ostentation » (Zask, 2018 : 9), dans le cadre d’un régime autoritaire ou non – par exemple les défilés militaires à l’occasion des fêtes nationales –, la force de la foule présente, symbole du « peuple », constituant un appui légitimant. Il importe donc de distinguer quand la place convoque la « masse » et quand elle fait appel à des « publics » (ibid.).

 

Actualité de la place publique : un lieu d’une nouvelle forme du politique ?

La double face évoquée précédemment demeure de pleine actualité. Aujourd’hui, explique ainsi Joëlle Zask en 2018, c’est vers les places publiques que les citoyens se tournent « pour “réinventer la société” » (ibid.). La place publique est ici explicitement revendiquée comme lieu de réaffirmation du politique, d’une nouvelle forme de mobilisation militante et d’expression citoyenne. Du reste, en observant combien les places publiques ont été érigées en lieux d’« expérimentation démocratique inédite » dans de nombreux pays depuis la fin des années 2000, certains en sont aujourd’hui à se demander si cette « vague mondiale » de « retour à la place publique » (Göle, 2018 : 5) ne relève pas d’un « moment historique » porteur d’un « nouveau “sujet” politique » (Göle, Cohen, 2018). Que l’on songe par exemple à Puerta del Sol à Madrid (2011), à la place Tahrir au Caire (2011), à Maïdan à Kiev (hiver 2013-2014 ) et dans une mesure autre à la Place de la République à Paris lors du mouvement Nuit debout (2016) ; autant de noms de places publiques à forte consonance politique qui viennent en contrepoint de ceux d’autres places, Venceslas à Prague (1968, 1989) ou Tienanmen à Pékin (1989), véritables emblèmes de mouvements de contestation contre des régimes autoritaires. Dans tous ces cas, la notion de place publique fonctionne de manière métonymique, le nom du lieu étant alors porteur de valeurs libératrices et émancipatrices. Il est ainsi question d’une « démocratie de la place publique », pour reprendre le titre d’un dossier de la revue Politika (2018).

En fixant le regard « sur la dimension spatiale de ces rassemblements », il s’agit alors, explique Nilüfer Göle (2018 : 6) dans ce dossier, de s’intéresser à « la rencontre du lieu et du mouvement » : « L’expérience du politique commence par le rassemblement, sur la place, en interaction les uns avec les autres » (ibid. : 22). Si l’acte d’occupation « fait l’événement » (ibid. : 14), c’est l’occupation durable de la place qui le fait pleinement acte politique. Quand bien même des parallèles historiques sont possibles, la sociologue n’en discerne pas moins une nouvelle forme de reconnaissance de l’individu engagé dans le mouvement de rassemblement : « En partant de la personne et de son expressivité, en mettant en avant la “personne” dans les affaires du “public”, [ces mouvements] inventent un mode d’engagement et d’agir public qui se distingue des formes précédentes de l’action collective » (ibid. : 8). La place publique est ainsi devenue le lieu de réalisation d’un agir collectif de la « multitude » dans ce que celle-ci sous-tend de singularités plurielles (Robins, 2001). En d’autres termes, la place subsume les individus qui l’occupent pour incarner le collectif (politique) qui s’y constitue. Göle (2018 : 46) va alors jusqu’à ériger le lieu en « protagoniste » de l’Histoire en train de se faire. Lieu politique, la place reste aussi le lieu par lequel la rencontre se fait, en même temps qu’elle devient, par la durée de l’événement, un lieu de « vie collective » et « de création du commun “par le bas” ». C’est alors un lieu d’où se dégage une « atmosphère » (liée aux actions et animations qui s’y déroulent) d’ordre sensoriel, visuel, sonore, olfactif, tactile, un lieu où se partage le sensible et où le politique prend aussi forme esthétique : « Les conjugaisons créatives entre le personnel et le public constituent le répertoire d’actions performatives de la démocratie de la place ». Ainsi, tandis que l’événement s’entend comme moment au cours duquel les occupants, « en ôtant le contrôle de l’espace au pouvoir étatique, […] confisquent le temps imposé par les règles du marché du travail et de la société de consommation », le lieu permet une forme de réappropriation de « la scène (aussi bien celle de la place que de l’histoire) » pour envisager des « formes alternatives d’être en société » (ibid. : 56).

Lieu public physique archéologiquement identifié comme lieu de fondement de la démocratie (l’agora), la place publique a donc acquis ses lettres de noblesse politique au moment de l’émergence de la cité grecque. Si, par la suite, en différents lieux et à différentes périodes, le pouvoir a su également tirer parti de sa configuration spatiale et de son architecture pour s’y exposer comme puissance, physiquement (l’aménagement, la répression) et symboliquement (l’architecture, les défilés), elle a bien souvent été érigée en lieu de rassemblement politique, de contestation, voire d’expérimentation démocratique. Parfois rattrapée aujourd’hui par la dynamique de la numérisation et de la marchandisation, lieu de signes-monde au cœur des métropoles globales, elle s’offre alors autant en spectacle qu’elle demeure un lieu de spectacle. C’est donc sous le sceau de l’ambiguïté qu’il convient – encore et toujours – d’en appréhender le caractère « public », en considérant le dispositif de « publicité » qu’elle sous-tend dans ce qu’il contient de tension, à l’instar de l’espace public (Habermas, 1962), entre sa fonction démocratique et sa fonction d’ostentation et d’instrumentation par le pouvoir (politique et économique).


Bibliographie

Achard G., 1991, La Communication à Rome, Paris, Les Belles Lettres, 2006.

Arendt H., 1958, Condition de l’homme moderne, trad. de l’anglais par G. Fradier, Paris, Éd. Pocket, 1988.

Azoulay V., 2011, « L’Espace public et la cité grecque : d’un malentendu structurel à une clarification conceptuelle », pp. 63-76, in : Boucheron P., Offenstadt N., dirs, L’Espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, Presses universitaires de France. Accès : https://www.cairn.info/l-espace-public-au-moyen-age–9782130573579-page-63.htm.

Bacqué M.-H., Blanc M., Hamel P., Sintomer Y., 2005, « Éditorial », Espaces et sociétés, 123, pp. 7-19. Accès : https://www.cairn.info/revue-espaces-et-societes-2005-4.htm.

Baudoux-Rousseau L., Carbonnier Y., Bragard P., éds, 2007, La Place publique urbaine du Moyen Âge à nos jours, Arras, Artois presses université.

Beck R., 2007, « La place publique dans les villes, lieu de conflits, XIXe siècle », pp. 123-131, in : Baudoux-Rousseau L., Carbonnier Y., Bragard P., éds, La Place publique urbaine du Moyen Âge à nos jours, Arras, Artois presses université.

Boucheron P., 2011, « Espace public et lieux publics : approches en histoire urbaine », pp. 99-117, in : Boucheron P., Offenstadt N., dirs, L’Espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, Presses universitaires de France. Accès : https://www.cairn.info/l-espace-public-au-moyen-age–9782130573579-page-99.htm.

Champagne P., 1984, « La manifestation. La production de l’événement politique », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 52-53, pp. 19-41.

Chartier R., 1990, Les Origines culturelles de la Révolution française, Paris, Éd. Le Seuil.

Dufour L., 2007, « Formes et fonctions de la place publique italienne pendant le fascisme. L’exemple de la Sicile », pp. 141-148, in : Baudoux-Rousseau L., Carbonnier Y., Bragard P., éds, La Place publique urbaine du Moyen Âge à nos jours, Arras, Artois Presses Université.

El Murr D., 2007, « Raison et politique : Jean-Pierre Vernant et la polis grecque », Cahiers philosophiques, 112, pp. 66-90. Accès : https://www.cairn.info/revue-cahiers-philosophiques1-2007-4-page-66.htm.

Favre P., 1999, « Les manifestations de rue entre espace privé et espaces publics », pp. 135-152, in : François B., Neveu É., dirs, Espaces publics mosaïques. Acteurs, arènes et rhétoriques des débats publics contemporains, Rennes, Presses Universitaires de Rennes.

Flaig E., 2001, « L’assemblée du peuple à Rome comme rituel de consensus. Hiérarchie politique et intensité de la volonté populaire », Actes de la recherche en sciences sociales, 140, pp. 12-20. Accès :https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_2001_num_140_1_2832.

Gadras S., Pailliart I., 2013, « Les territoires et les médias dans la construction de l’espace public », pp. 23-38, in : Noyer J., Raoul B., Pailliart I., dirs, Médias et Territoires. L’espace public entre communication et imaginaire territorial, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion.

Ghorra-Gobin C., dir., 2001, Réinventer le sens de la ville : les espaces publics à l’heure globale, Paris/Montréal/Budapest, Éd. L’Harmattan.

Göle N., 2018, « Maidan : nouveau protagoniste du politique », Politika. Accès : https://www.politika.io/fr/notice/maidan-nouveau-protagoniste-du-politique. Consulté le 23 juillet 2019.

Göle N., Cohen Y., 2018, « La démocratie de la place publique », Politika. Accès : https://www.politika.io/fr/atelier/democratie-place-publique. Consulté le 23 juillet 2019.

Habermas J., 1962, L’Espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, trad. de l’allemand par M. Buhot de Launay, Paris, Payot, 1978.

Hiebel D., 2012, « Délibération et participation sous la République romaine : une oligarchie parée d’atours démocratiques », Participations. Revue des sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, 3, pp. 71-91. Accès : https://www.cairn.info/revue-participations-2012-2-page-71.htm.

Joseph I., 1995, « Reprendre la rue », pp. 11-35 in : Joseph I., éd., Prendre place. Espace public et culture dramatique, Paris, Éd. Recherches/Plan Urbain.

Lussault M., 2003, « Espace public (II) », pp. 339-340, in : Lévy J., Lussault M., dirs, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin.

Lussault M., 2017, Hyper-lieux. Les nouvelles géographies de la mondialisation, Paris, Éd. Le Seuil.

Miège B., 2010, L’Espace public contemporain, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble.

Paquot T., 2009, L’Espace public, Paris, Éd. La Découverte.

Robins K., 2001, « Endnote. To London: The City beyond the Nation », pp. 473-493, in : Morley D., Robins K., éds, British Cultural Studies. Geography, Nationality, and Idendity, Oxford/New York, Oxford University Press.

Simmel G., 1903, « Métropoles et mentalités », pp. 61-77, in : L’École de Chicago. Naissance de l’écologie urbaine, trad. de l’allemand et présenté par I. Joseph et Y. Grafmeyer, Paris, Flammarion, 2004.

Vernant J.P., 1962, Les Origines de la pensée grecque, Paris, Presses universitaires de France.

Zask J., 2018, Quand la place devient publique, Lormont, Éd. Le Bord de L’eau.

Auteur·e·s

Raoul Bruno

Groupe d'études et de recherche interdisciplinaire en information et communication Université de Lille

Citer la notice

Raoul Bruno, « Place publique » Publictionnaire. Dictionnaire encyclopédique et critique des publics. Mis en ligne le 07 novembre 2019. Dernière modification le 19 janvier 2023. Accès : https://publictionnaire.huma-num.fr/notice/place-publique.

footer

Copyright © 2025 Publictionnaire - Tous droits réservés - ISSN 2609-6404