Une ethnographe pionnière des publics féminins de la romance
Professeure de littérature et d’histoire à l’université Duke (Durham, Caroline du Nord), Janice Radway est une figure majeure des études de réception, grâce notamment à la publication, en 1984, de Reading the Romance: Women, Patriarchy, and Popular Literature. Centré sur une ethnographie des lectrices de romans dits « à l’eau de rose », l’ouvrage a considérablement aidé à dépasser le paradigme des effets des médias de masse sur des publics jugés « passifs », au profit d’une approche compréhensive des enjeux identitaires et culturels de la consommation médiatique.
En effet, à une époque où le genre de la romance était méprisé par des populations aussi variées que les féministes, les critiques littéraires et les universitaires, J. Radway défend une approche multifocale, située à quatre niveaux : la revalorisation de cette culture populaire, la compréhension des significations des romans, la contextualisation des pratiques de lecture et l’écoute attentive des interprétations des lectrices. En donnant la parole aux publics féminins, traditionnellement jugés comme doublement aliénés puisque tombant sous la houlette des industries médiatiques et du patriarcat, l’objectif était de resituer les usages médiatiques dans leur environnement social et domestique (Radway, 1983 ; 1984a). Cette plongée dans la capacité des publics, en l’occurrence féminins, à négocier le sens (Hall, 1973) montrait à quel point les romans Harlequin étaient des ressources culturelles saisies par les femmes pour comprendre, voire critiquer, leur vie quotidienne dans un régime patriarcal. Ni structuraliste, ni postmoderniste, J. Radway évitait les deux écueils de l’interprétation sémiotique rigide et du textualisme éthéré : sa méthode, fondée sur une oscillation constante entre interprétations textuelles et ethnographie des lectures, concluait à la réversibilité politique des romans Harlequin.
L’articulation des études littéraires et des études de réception
Au tout début des années 1980, c’est une étude liminaire sur la teneur féministe des romans gothiques qui a encouragé J. Radway sur cette voie ethnographique. L’analyse de la structure narrative du conte gothique, doublée du codage des personnages principaux, permettait d’identifier dans ces romans populaires le succès d’héroïnes souvent orphelines, perçues comme dominées et promptes à l’autodépréciation… mais fortes, indépendantes et outrepassant les obstacles. Tout en refusant de se soumettre au héros, l’héroïne nourrissait à son égard une forte attirance émotionnelle, de sorte que le jeu était à la fois oppositionnel et complémentaire, dans la lignée des rôles sexués traditionnels : si l’héroïne était romantique, idéaliste et pauvre, le héros était pragmatique, prosaïque et riche (Radway, 1981).
Inspirée d’autres travaux (Papashvily, 1956 ; Baym, 1978), l’autrice montrait déjà la présence d’un dialogue à la fois contradictoire et complémentaire entre féminisme et tradition, qui se traduisait par une validation de la colère féminine individuelle à l’égard des idéologies patriarcales, en même temps que par un plaidoyer pour la reconduction de ladite structure patriarcale. En filigrane, l’adoption d’une vulgate antisexiste avait pour objectif de disqualifier les théories et les mouvements féministes, tant et si bien que la réaffirmation des structures patriarcales visait à être validée dans le monde social où l’acte de lecture avait lieu. Personnages féministes dans un univers fictif patriarcal, lui-même encastré dans une société patriarcale : J. Radway identifiait là la contradiction au fondement de ses travaux sur l’acte de lecture des romans Harlequin. Fallait-il qualifier les romans gothiques, puis « à l’eau de rose », de progressistes ou de conservateurs ? Reconduisaient-ils le statut quo patriarcal, ou ouvraient-ils des espaces protestataires ? Ces questions sous forme de paradoxes ne pouvaient être résolues qu’en déplaçant les focales d’analyse traditionnelle.
Justement, dès ses débuts, la carrière universitaire de J. Radway se révèle pétrie de rencontres complémentaires, qui forgeront un appareil méthodologique attentif à la mise en relation de différents niveaux. En 1977, à l’issue de sa thèse de doctorat, elle rejoint le département de civilisation américaine de l’Université de Pennsylvanie, auprès duquel elle trouve une approche hétérodoxe de la littérature, encline aux alliances entre littéraires et historiens. Formée sous la tutelle de Russell B. Nye (1913-1993) à l’analyse formelle et à l’exégèse textuelle en même temps qu’à l’étude des cultures populaires, elle est par ailleurs sensibilisée à l’enquête ethnographique par ses collègues pennsylvaniens. Cet assemblage déjà complexe tient pour le moment à l’écart l’analyse idéologique des textes littéraires, c’est-à-dire leur inscription dans les rapports de pouvoir sociaux. La faute en incombe à l’absence de diffusion de la tradition marxiste, qui s’épanouit en parallèle en Grande-Bretagne dans le champ des cultural studies, mais dont J. Radway (1984b) ignore encore les travaux. De fait, comme elle le relate elle-même, le tournant ethnographique du champ de la civilisation américaine renvoyait plutôt à la volonté d’étudier, d’un côté, les liens entre des sous-groupes sociaux dont les interprétations littéraires différaient, et, d’un autre côté, les liens entre comportements et systèmes de croyance. L’objectif était de saisir la variabilité de la lecture selon le temps et l’espace, dans un empiricisme qui permettrait enfin de valider la littérature comme pleinement « scientifique », en opposition avec les méthodes plus interprétatives des cultural studies d’alors.
Or, c’est précisément cette attention constante à l’empirie qui la guidera vers les problèmes idéologiques : ainsi qu’elle le relate, « les femmes répondaient à mes questions sur la signification des romans en basculant sur la signification de la lecture des romans, entendus comme une activité et comme un événement social dans un contexte familial. C’est à ce moment-là que l’étude a commencé à se connecter aux travaux produits en Grande-Bretagne » (ibid. : 7). Elle bascule alors de la construction du sens littéraire par les communautés interprétatives vers les usages médiatiques (en l’occurrence littéraires) comme actes protestataires. La réédition de son ouvrage en 1991 est augmentée d’une introduction dans laquelle elle explique avoir, entretemps, encore accéléré ce tournant par la lecture des travaux de Dorothy Hobson (1982) sur Crossroads, de David Morley (1980) sur Nationwide, de Charlotte Brunsdon (Brunsdon, Morley, 1978 ; 1999), ou encore d’Angela McRobbie (1978 ; 1980 ; 1984) sur les cultures des jeunes filles issues des milieux ouvriers.
De ses travaux ultérieurs, aux retombées moindres, on peut souligner la publication en 1997 de A Feeling for Books. The Book-of-the-Month Club, Literary Taste, and Middle-Class Desire (Radway, 1997 ; 1994) qui explore les pratiques littéraires rattachées au « Book-of-the-Month Club », une organisation qui, comme son nom l’indique, proposait à ses abonné·e·s une sélection mensuelle de romans. Revenant sur l’histoire culturelle du club, J. Radway produit une ethnographie des décisions éditoriales guidant les « livres du mois » et plaide pour le définir comme une véritable institution culturelle moderne, portail principal des classes moyennes et de la culture « middlebrow » vers une variété de littératures. En mêlant une fois encore les niveaux – « autobiographie, critique littéraire et idéologie critique » (Radway, 1997) –, elle relie le succès du club de lecture à la refonte profonde des organisations de travail dans les États-Unis des années 1980, où le rapport des classes moyennes à la consommation est reconfiguré. Depuis les années 2000, J. Radway se tourne vers la production amateur de magazines par des adolescentes (Radway, 2010 ; 2016). À partir d’enquêtes ethnographiques menées auprès de jeunes filles, de libraires de « zines », d’archivistes et de journalistes, elle montre comment cette forme littéraire populaire a nourri un art indépendant et une contre-culture. Elle défend l’idée selon laquelle les « zines » amateurs ont été une des premières formes de la communication en réseaux. En filigrane de ces redéploiements empiriques, elle reste une référence dans les études de réception, dont elle continue d’explorer les tenants et aboutissants théoriques et méthodologiques (Radway, 2008, 2018).
Repenser la lecture, repenser les publics
Reading the Romance: Women, Patriarchy, and Popular Literature (Radway, 1983) place deux objectifs en son cœur. D’un côté, produire une enquête ethnographique portant sur quarante-deux lectrices de romances interrogées entre juin 1980 et février 1981, et guidées dans leurs choix par Dorothy Evans, une employée de librairie spécialiste du genre. D’un autre côté, éclairer l’influence du contexte social et domestique sur les interprétations des textes. Celui-ci apparaît négocié par les lectrices, dans un rapport dialogique complexe entre l’acte de lecture et les textes choisis, interprétés et discutés entre femmes. Les publics étudiés dévoilent les multiples facettes de la vie des femmes, que l’on ne saurait réduire à leur simple activité domestique. J. Radway complexifie ainsi les « communautés interprétatives » développées par Stanley Fish (1980). Ce dernier restreignait la notion aux seules discussions académiques autour de la littérature, discussions nourries de désaccords mais dans lesquelles les participants étaient supposés dialoguer sur un pied d’égalité, compte tenu de leurs compétences respectives dans l’analyse des textes complexes. J. Radway, quant à elle, propose de démocratiser ces communautés en étendant le concept aux lectrices, qui sont elles aussi en désaccord, non seulement sur l’interprétation à donner aux textes, mais surtout sur la signification même de l’acte de lecture.
Ces communautés se forment sur la base du partage féminin de l’expérience de lecture et des interprétations, autonomisées de contenus sémiotiques à première vue patriarcaux. Là encore, le double mouvement de résistance/reconduction idéologique se produit. Pour comprendre ce paradoxe, J. Radway plaide pour l’abandon des paradigmes classiques de l’aliénation : à l’étude, les femmes se disent parfaitement conscientes des phénomènes de domination auxquelles elles sont exposées au quotidien. Aussi ne se réunissent-elles pas pour discuter de leurs insatisfactions (ingratitude des membres de la famille, manque d’épanouissement, ennui…), ni pour partager leurs contestations imaginaires, mais d’abord pour s’offrir un moment à elles et entre elles.
L’acte de lecture est donc simultanément une lutte et une compensation. Une lutte d’abord, car il leur permet de « refuser le rôle social qui leur est prescrit par l’institution du mariage » (Radway, 1984b). La lecture est une activité à elles, individuelle et individualisante : la bulle qu’elles s’octroient consiste à temporairement couper les intempestives demandes familiales qui leur échoient. Une compensation ensuite, car la lecture couvre des besoins que le foyer familial n’assouvit pas, pour elles qui sont « perçues comme une “ressource publique” dans laquelle toute la famille puise à volonté » (ibid.). Cette plongée dans les communautés interprétatives de lectrices fut notamment critiquée par Tania Modleski (1986), qui voyait dans l’ethnographie des groupes sous-culturels le piège d’une « collusion entre la critique de la culture de masse et la société de consommation », due à l’incapacité de préserver une distance critique. D’autres, à l’instar de Ien Ang (1988), soulignaient l’importance de l’empirie pour, précisément, observer les « contradictions et ambivalences abordées dans la culture de masse ».
« Nous lisons des livres pour ne pas pleurer »
En parallèle de cette ethnographie, la focale sur les contenus révèle des récits patriarcaux, qui vont de la domination symbolique à la maltraitance psychologique, voire physique et sexuelle. L’amour éternel s’offre à l’héroïne qui accepte finalement la domination masculine, ce que J. Radway interprète, du point de vue des lectrices, non comme un souhait ou un objectif mais comme une manière de retrouver un sentiment de pouvoir et de contrôle sur leurs peurs de la domination. In fine, l’échappatoire compensatoire offrirait une valeur thérapeutique, quasi préœdipienne dans sa prise en charge totale de femmes habituées à s’occuper d’autrui.
La structure narrative est relativement inchangée au fil des romans, qui racontent la rencontre avec un séducteur grossier que l’héroïne s’attache à transformer en amoureux protecteur, en vue d’obtenir une plénitude affective et sexuelle. Attention et attachement féminins versus argent et pouvoir masculins constituent l’essentiel du monde des personnages. Le travail relationnel y est lourd et fatigant : les héroïnes doivent faire comprendre aux personnages masculins qu’ils sont opaques aux émotions et qu’ils épuisent leurs forces dans une superficielle réussite sociale et économique. Si les récits semblent caricaturaux dans leur construction de deux mondes hermétiques, scindés sur l’axe du genre, les interprétations rapportées par les lectrices viennent atténuer leur valeur patriarcale.
Car ce que les femmes de Smithton – c’est-à-dire ces femmes de la ville de Smithton qui se réunissent pour discuter des romances lues – retiennent avant tout, c’est le dur labeur émotionnel de l’héroïne qui, sur le plan de la structure narrative, leur apparaît comme l’actrice principale de la transformation du masculin. Selon elles, la morale des romans déclare systématiquement supérieures les valeurs féminines de l’amour, de l’attention et du soin aux autres, et la domesticité devient le lieu de l’affection, de la sincérité et de l’honnêteté conjugales. Autrement dit, ces romans revalorisent sur le plan des représentations une sphère privée autrement dépréciée, dans un acte de lecture qui est lui-même souvent moqué par le reste de la famille.
Cependant, la distinction public-masculin/privé-féminin reste souveraine et l’institution du mariage n’est jamais renversée. L’échappatoire que représente l’acte de lecture reste limité par les contenus, qui reconfirment précisément l’idéologie patriarcale. Les femmes restent confortées dans la « voie traditionnelle de la gratification émotionnelle », c’est-à-dire en « leur offrant, par procuration, une attention et des soins dont elles manquent dans la vie quotidienne » (Radway, 1984b). En effet, jamais ces romans ne s’interrogent sur la possibilité de transposer ces valeurs dans la sphère publique, ni n’abordent la possibilité de redistribuer les tâches domestiques de façon plus égalitaire.
Comment comprendre les liens entre ces contenus patriarcaux et l’acte de lecture exprimé comme émancipateur pour les lectrices, sans disqualifier les premiers comme vulgaires, et les secondes comme aliénées ? En 1984, J. Radway conclut que la lecture de romans à l’eau de rose peut être perçue comme une activité qui « désarme » les mouvements d’émancipation féminine. Pendant que les femmes au foyer pratiquent des lectures compensatoires, elles ne travaillent pas activement à la subversion réelle de l’organisation du foyer patriarcal. L’imaginaire permet certes de corriger les insatisfactions de la vie réelle mais « malgré la force utopique de la projection, celle-ci laisse intact le système même des relations sociales » (Radway, 1984a). Quelques années plus tard, elle tempèrera cette conclusion critique à l’aune des lectures de l’école de Birmingham (Radway, 1984b), accentuant la capacité de l’imaginaire à opérer des transformations, même minimes, sur le monde vécu de la conjugalité, de la maternité et de la domesticité. Comme le résumait bien I. Ang (1988) avant elle, l’ethnographie des pratiques éclaire en réalité la tension entre le « désir féministe et le plaisir féminin ».
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