Un projet : désenchanter le monde des médias, étudier le journalisme
Max Weber, 1894. Source : Wikimedia (domaine public).
Image d’une vie : fils de bourgeois et « classique contesté »
Max Weber (1864-1920), « fondateur des sciences sociales modernes » (Lepsius, 2016 : 58), est le premier de huit enfants à naître à Erfurt dans un milieu de grands bourgeois protestants. Lorsqu’il a cinq ans, sa famille déménage à Berlin, car son père y est désormais conseiller municipal et député du parti national-libéral au Reichstag. Après son baccalauréat, M. Weber étudie le droit, l’économie nationale, la philosophie et l’histoire à Heidelberg et plus tard à Berlin, entre autres universités. En 1889, il obtient son doctorat en droit sur le Développement du principe de la responsabilité solidaire et de la fortune spéciale de la société commerciale ouverte à partir des communautés de ménage et de métier dans les villes italiennes, après avoir passé l’examen d’État en droit trois ans auparavant ; en 1892, il obtient son habilitation en droit romain et en droit commercial à Berlin. Après un bref passage en tant que professeur extraordinaire de droit commercial et de droit allemand à Berlin, M. Weber occupe une chaire d’économie nationale à l’université de Fribourg, avant d’être nommé en 1896 à la chaire d’économie nationale et de sciences financières à l’université de Heidelberg. Il quitte définitivement cette fonction en 1903, après avoir été mis en congé et déchargé de ses obligations académiques en 1899 pour des raisons de santé. Ce n’est qu’en 1918 qu’il reprend (à titre d’essai) un poste de professeur à l’université de Vienne, après des années de travail en tant que chercheur indépendant vivant de la fortune de sa femme, avant d’accepter l’année suivante un poste à l’université de Munich. En 1893, il épouse une parente, Marianne Schnitger (1870-1954), qui, après sa mort, agit en tant que « gestionnaire centrale et gardienne » de son « héritage spirituel » (Hanke, 2006 : 31).
Mais l’image de la vie que sa veuve peint six ans après sa disparition (Marianne Weber, 1926) ne permet pas plus de porter des jugements clairs sur la vie et l’œuvre du sociologue que les tentatives ultérieures, par exemple celles qui n’ont pas manqué de se manifester à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. Dans le sous-titre de l’étude biographique la plus complète, il apparaissait déjà comme une triade quelque peu énigmatique : « Prussien, penseur, fils à sa maman » (Kaesler, 2014). Et, parallèlement, sa « vie agitée, contradictoire, géniale » a été décrite de manière biographique, qui se serait déroulée « entre les époques » (Kaube, 2014). Quelques années auparavant, M. Weber avait été présenté, dans une grande description essentiellement « psychanalytique », comme un paquet de nerfs chroniquement malade et irritable, pathologiquement sensible et en proie à la sensibilité aux intempéries et à l’insomnie. (Radkau, 2005)
Qu’est-ce qui l’a vraiment rendu important, de sorte qu’il était plus et autre chose qu’un « intellectuel politique dans l’Empire allemand » (Mommsen, 1993) et qu’il a une importance jusqu’à aujourd’hui en tant que « l’un des penseurs les plus importants du XXe siècle » (Scaff, 2011 : 23) ? Les avis divergent aussi à ce sujet. L’un des jugements des historiens est qu’il a été « le plus grand théoricien allemand de la crise des temps modernes » (Nipperdey, 1993 [1992] : 896). Des hommes politiques comme Konrad Adenauer (1876-1967) et Theodor Heuss (1884-1963), qui ont marqué l’Allemagne d’après-guerre, l’ont considéré comme l’un des plus grands Allemands (Weischenberg, 2012 : 13).
En tout état de cause, M. Weber reste jusqu’à maintenant un « classique disputé » (Kaesler, 2003 : 263), non seulement entre les différentes disciplines mais aussi au sein de la sociologie et plus particulièrement de la « recherche sur Weber » ; il y a ici encore la « querelle entre les différentes communautés nationales d’interprétation sociologique » (ibid.). Outre la classification professionnelle, il s’agit par exemple de savoir « si M. Weber était un nietzschéen tragique et pessimiste ou un libéral qui voyait dans l’exemple anglais un modèle pour l’épanouissement libre de l’homme bourgeois » (ibid. : 263 sq.). Il est particulièrement controversé de savoir s’il était effectivement avant tout un « penseur de la liberté » (Marty, 2019), et aussi sur le fait de savoir si l’on peut réduire son œuvre à la formule « science de l’homme » (Hennis, 1996). Ne faut-il pas plutôt – ce qui représente sans doute l’opinion majoritaire dans la recherche sur M. Weber – avoir à l’esprit son concept de sociologie compréhensive, faisant qu’il faut penser ensemble les acteurs et les structures ? Il serait donc « réducteur de ne faire appel à Weber que pour une éthique d’action intrinsèque, car il aborde également les conséquences systémiques » (Averbeck-Lietz, 2015 : 28). Rien que pour cette raison, il pourrait être considéré comme « l’ancêtre d’une recherche sur le journalisme à la fois axée sur la théorie de l’action et sur la structure » (ibid. : 31).
La sociologie : entre l’individu et la société
Le constat central de M. Weber, selon lequel l’homme moderne est enfermé dans une « enveloppe dure comme l’acier de la servitude », indiquait déjà qu’il se préoccupait des conditions de vie dans cette société. Ce n’est donc pas la « liberté » en général qui est au centre de ses préoccupations, mais le « libre mouvement » (« Bewegungsfreiheit » dans le sens de la liberté à agir, il faut que l’homme agisse) ». Dans la perspective de M. Weber, elle est la condition d’une action qui peut s’orienter vers des normes et des valeurs ; cette condition constitue la base de son éthique de la responsabilité (Weischenberg, 2014 : 23). C’est dans cette perspective qu’un sociologue observe l’action humaine (conditionnée jusqu’à un certain point) et c’est pourquoi M. Weber, à juste titre, est reconnu en premier lieu comme un spécialiste des sciences sociales. Son importance dans ce domaine est aussi attestée par la fréquence des citations de ses œuvres. Dans le cadre d’une grande étude américaine, il est établi qu’il était, avec Émile Durkheim (1858-1917), le plus souvent mentionné dans les monographies et les revues spécialisées de premier plan parmi tous les spécialistes des sciences sociales – loin devant Michel Foucault (1926-1984) par exemple (Cronin et al., 1997 : 267 sq.).
L’ambiguïté, mais aussi le blocage de la réception des œuvres de M. Weber, préoccupe jusqu’à aujourd’hui, plus de cent ans après sa mort, un groupe pluridisciplinaire de chercheurs « The ever-expanding international Weber-Kreis » (Sica, 2004 : XIV). Les résultats contradictoires que leur exégèse intensive, pluridisciplinaire et internationale des textes a permis d’obtenir illustrent à eux seuls l’interprétation polyphonique de la doctrine scientifique de M. Weber. (Wagner et Zipprian, 1994).
Tous ces chercheurs sont préoccupés par une question : que voulait vraiment dire M. Weber ? Les réponses sont établies de manière très différente. Les publications qui tentent de décrypter et de classer l’ensemble de son œuvre au moyen d’une exégèse minutieuse des textes (e.g. Henrich, 1952 ; Bendix, 1960 ; Tenbruck, 1999 ; Schluchter, 2005, 2009) sont au centre de cette recherche. L’exposition des résultats porte principalement sur le grand thème de la théorie sociale de M. Weber : les chances de maîtriser le monde grâce aux calculs de la science et dans les conditions de la rationalisation et de la bureaucratisation à l’époque moderne – après que « la magie » a perdu son enchantement en tant que modèle d’explication. C’est dans ce contexte que se situe la formule historique universelle du « désenchantement du monde (« Entzauberung der Welt », en tant que « succès le plus général et le plus frappant de la rationalisation » (Löwith, 1932 : 33). En 1913, M. Weber l’introduitet la rapporte aussi bien à des contextes historiques religieux qu’à l’impact de la science dans la société moderne (Weischenberg, 2012 : 13 sq.).
Dans la recherche sur M. Weber, on se dispute de manière presque « belliqueuse » (Marty, 2019 : 27) non seulement sur la place de sa sociologie entre l’individu et la société, mais encore sur la connotation de ses concepts et catégories centraux, ainsi que sur une édition satisfaisante de son œuvre dispersée. Dans les contextes les plus divers, on s’accuse mutuellement d’ignorance, de superficialité et de polémique dans la réception de l’œuvre du sociologue. M. Weber a donc surtout laissé une chose derrière lui : des querelles. C’est au moins en cela que l’on rend justice au modèle, car le juriste de formation et futur professeur d’économie nationale était un esprit querelleur qui mettait même en péril des projets scientifiques par ses disputes notoires devant les tribunaux, ainsi que par ses demandes de duels (Weischenberg, 2014 : 274 sq.). Avec rudesse, il s’est notamment battu pour l’éradication des jugements de valeur du travail scientifique, même si lui-même n’avait pas toujours cette objectif en tête.
Le fait que l’interprétation de l’œuvre de M. Weber soit entre les mains des sociologues semble indiscutable (Vahland, 2001 : 26 ; Rehberg, 2003 : 373). Mais la question de savoir quel type de sociologue était M. Weber fait toujours l’objet d’un débat intense dans la littérature : un théoricien de l’action et de la sociologie compréhensive ou même un théoricien des systèmes précoces (e.g. Nassehi, 2006). L’idée de Dirk Kaesler (2003 : 265) d’accoler à M. Weber l’image d’un « médiateur » qui, plus que ses successeurs et « héritiers », ne pensait pas en termes d’oppositions, mais de relations, semble évidente : c’était la base de sa sociologie. La spécificité sociologique réside dans sa médiation entre l’individu et la société Dans le cadre de la sociologie weberienne de la presse cela veut dire que c’est le journaliste qui est responsable de son agir envers un public. En même temps, le journaliste n’agit pas de façon complètement autonome, mais dans le cadre d’une rédaction. Son travail est structuré économiquement, politiquement, historiquement selon les paysages médiatiques nationaux (Weber, 1911, 1998).
Le patrimoine : œuvres clés et notions essentielles
La qualité de l’œuvre laissée par M. Weber est unique, surtout en ce qui concerne les multiples conclusions qu’elle offre. Pour ainsi dire, elle représente encore le point d’Archimède de la sociologie : « À partir du vaste programme de recherche de Weber, les sociologues […] se sont lancés dans de nombreuses directions et ont ramifié la discussion en fonction du domaine de recherche, des données disponibles, de l’intérêt théorique ou empirique » (Nollmann 2004 : 118). Dans la littérature secondaire, le théoricien domine nettement le chercheur en sciences sociales. Pendant longtemps, ses efforts pour établir durablement la recherche empirique n’ont guère été pris en compte (Oberschall, 1997 : 223). Ce n’est qu’avec la publication de ses Écrits et discours 1900-1912 dans le cadre de la Max Weber Gesamtausgabe (MWG) que le rôle du sociologue en tant qu’empiriste a été documenté et apprécié de manière plus approfondie dans le cadre de ses études menées d’abord au sein de l’Association pour la politique sociale (Verein für Social politik), puis de ses idées de projets présentées en 1910 lors du premier Congrès des sociologues allemands à Francfort-sur-le-Main.
L’image de M. Weber en tant que sociologue des médias et spécialiste de la communication est restée plutôt pâle pendant des décennies au regard de l’ampleur du discours des sciences sociales sur son œuvre. Les sciences de la communication et du journalisme, en tant que discipline compétente, ont certes fait référence à lui de temps à autre. Mais, pendant longtemps, on n’a guère pris connaissance du potentiel que recèle son projet d’« enquête sur la presse » (Weber 1998 ; Weber 1911) pour mesurer le monde des médias, avant qu’une série de scientifiques n’attirent plus fortement l’attention sur ce point.
Les remarques positives, mais plutôt incidentes, faites par M. Weber (1919a) dans sa célèbre conférence Politik als Beruf (La politique en tant que profession) sur le journalisme sont toutefois restées célèbres et souvent citées. Le discours est bien connu en raison de la définition de la politique comme étant « une forte et lente mise en œuvre de planches dures avec à la fois de la passion et de la mesure » (ibid. : 67). On cite aussi souvent, jusque de nos jours, le résumé formel de la distinction entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité (ibid. : 57 sq.) dans cet exposé.
La création du mot éthique de responsabilité a ensuite fait carrière au XXe siècle dans différents contextes, même si les revendications qui y sont liées peuvent être qualifiées de désuètes (Jonas, 1984 [1979] : 398 sq. ; Radkau, 2005 : 789). Mais, d’un autre côté, on peut plaider aujourd’hui encore – dans les conditions de la société médiatique – pour une orientation vers le concept d’éthique de M. Weber, car il « peut favoriser une attitude de pondération indépendante en cas de conflit, dont les journalistes ont d’autant plus besoin que leur action professionnelle devient une condition structurelle de ce qui se passe dans le monde » (Pöttker, 2020 : 627).
Au cœur de l’œuvre de M. Weber se trouve Économie et société (1922 b), publié par Marianne Weber peu après la mort de son mari, bien que ce recueil de textes ne soit qu’un « torse » (Lepsius, 2016 : 288 sq.). L’histoire de l’édition de cette œuvre a fait partie des champs de bataille de la recherche sur M. Weber (Schluchter, 1998b : 11 sq. ; Tenbruck, 1999 : 123 sq.) avant qu’elle ne soit à nouveau divisée en sept volumes. Cela a été fait dans le cadre de la MWG, qui a enfin pu être achevé en 2020 – après 45 ans et exactement 100 ans après la mort de M. Weber – et qui est désormais disponible en 47 volumes. Auparavant, l’œuvre avait été comptée pendant de nombreuses années « parmi le bien commun international constitutif » de la sociologie (Käsler, 1979 : 171) et était considérée peut-être même comme sa publication la plus importante. Elle contient sur près de mille pages la théorie des catégories sociologiques, avec de nombreuses définitions encombrantes mais précises, qui ont marqué la discipline. La sociologie y est conçue comme « une science qui vise à comprendre l’action sociale en l’interprétant et à expliquer ainsi son déroulement et ses effets de manière causale » (Weber, 1922b : 1). Sa théorie de l’action avec la subdivision de l’action en idéaux types (!) rationnel en finalité, rationnel en valeur, affectif et traditionnel a été particulièrement influente (ibid. : 12 sq. ; Averbeck-Lietz, 2015 : 38 sq.).
Une grande partie de ce qui fait encore la « grandeur » de M. Weber n’a de toute façon été publiée qu’après sa mort, à l’âge de 56 ans, due à une inflammation du poumon. Même le travail légendaire L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme n’a d’abord été publié que sous forme d’essai. Ce que l’on a appelé la thèse de Weber et qui est toujours restée controversée (Lehmann, 2009 : 107 sq.), mais qui lui a assuré une attention durable, en particulier aux États-Unis, où il n’a voyagé que d’août à novembre 1904 juste après la rédaction du texte original de 50 pages (Scaff, 2011) : l’étroite relation entre le protestantisme et le capitalisme, voire son déchaînement (« Entfesselung ») par la force de la religion (Bendix, 1960 : 67). Selon le protestant M. Weber, c’est par la foi religieuse que le capitalisme a gagné au début sa durabilité. Mais, ensuite, le souci des biens extérieurs s’est avéré être une coquille d’acier (« stahlhartes Gehäuse », Weber 1922b : 203) ou : une cage glacée dans laquelle l’homme a été enfermé (Mitzman, 1970 ; Souza, 1991). Cette étude a marqué le « début d’un des grands récits de la sociologie, par lequel les hommes du monde entier […] tentent de donner un sens à leur histoire et à leur avenir » (Kaesler, 2004 : 7 sq.) Il a été paré de qualificatifs tels que « texte sacré » (Scaff, 2011 : 256) et « le livre le plus célèbre de la sociologie » (ibid. : 276).
La doctrine scientifique de M. Weber comprend des études sur l’économie nationale historique ainsi que, en particulier, l’Essai sur l’objectivité de 1904, dans lequel il est dit que « la science sociale que nous voulons pratiquer est une science de la réalité » (Weber, 1922a : 170). Pour la première fois, M. Weber y explique sa construction ambiguë d’« idéaltype », qui indique la voie à suivre : par ce biais, il s’agit de conceptualiser des formes de manifestations que l’on trouve empiriquement, en tenant compte de leurs points communs (ibid. : 190 sq.) On y trouve également, entre autres contenus, les réflexions de M. Weber sur le thème récurrent de la liberté de jugement de valeur – le postulat consistant à formuler des déclarations (scientifiques) en renonçant à toute détermination normative et, dans un sens plus spécifique, à toute évaluation morale. Il voulait aussi que le charisme soit compris sans aucune valeur. Il a découvert ce « concept universel » (Radkau, 2005 : 601) tardivement, au cours de la dernière décennie de sa vie, et l’a ensuite utilisé sans relâche en même temps que charismatique bien plus de mille fois.
M. Weber est surtout resté dans les mémoires pour ses deux discours Wissenschaft als Beruf et Politik als Beruf, datant respectivement de 1917 et 1919, qui ont ensuite été imprimés sous forme de brochures, mais qui n’ont trouvé un écho plus important que plusieurs années après sa mort et qui ont été publiés dans de nombreuses éditions. Leur intérêt réside notamment dans le fait qu’elles condensent ses idées et ses concepts sur l’État, la société, la religion, la science et (en marge) le journalisme, et qu’elles les présentent de manière accessible et apte à être citées.
Le sociologue s’est consacré au thème de la personnalité dans sa conférence Wissenschaft als Beruf avec toute sa fougue et son pathos (Lepsius, 2016 : 97 sq.) : il s’agit d’un texte de « désenchantement », ce qui devient clair plus tard lorsque M. Weber (1919 b : 33) postule que la science « est aujourd’hui une “profession” pratiquée de manière professionnelle, au service de l’introspection et de la connaissance des rapports réels, et non pas un don de la grâce de voyants, de prophètes, donnant des biens de salut et des révélations, ou un élément de la réflexion des savants et des philosophes sur le sens du monde ».
Le projet de désenchantement du monde des médias, ses acteurs et publics
Dix ans plus tôt, M. Weber avait démontré de manière exemplaire ce que la « découverte de relations effectives » devait signifier sur le plan scientifique et méthodologique en s’intéressant aux nouveaux médias de masse et à leur journalisme. Lors du premier congrès allemand des sociologues en octobre 1910, il présenta à ses collègues un projet de recherche ambitieux dont il décrivit le contexte de découverte et de justification par la phrase clé suivante : « Imaginez ce que serait la vie moderne sans le type de publicité que la presse crée » (Weber, 1911 : 43). Les médias de masse sont ainsi apparus comme le premier et le plus important sujet de recherche lors de la première réunion de l’Association des sociologues nouvellement créée (Lepsius, 2016 : 79 sq.).
De manière générale, le projet peut être considéré comme faisant partie du programme de recherche de M. Weber sur le « désenchantement du monde ». Le concept ambigu de désenchantement s’est avéré être à long terme l’une des créations les plus populaires du sociologue, bien qu’il n’apparaisse que neuf fois dans son œuvre. L’historien et sociologue a d’abord fait référence aux processus universels de l’histoire des religions ; plus tard, il s’est tourné vers les processus spirituels en dehors du domaine religieux et a également utilisé le concept pour décrire l’approche scientifique de la modernité et ses manifestations et effets ambivalents. « Désenchantement » était étroitement lié au processus de rationalisation, central pour lui, qu’il concrétisa notamment sous l’angle de la bureaucratisation, ses observations et descriptions présentant ici des parallèles évidents avec l’œuvre de son contemporain Franz Kafka (1883-1924). Lau demeurant, le frère de Max, le sociologue de la culture Alfred Weber (1868-1958), s’était occupé de la thèse de F. Kafka.
Aux yeux de M. Weber, les médias de masse – à l’époque sous forme de produits de presse – représentaient notamment un mécanisme central de rationalisation des relations sociales dans la société moderne. L’étude ambitieuse qu’il avait préparée avec beaucoup d’engagement et la compétence d’un observateur attentif des médias devait ici apporter des éclaircissements sur leurs caractéristiques et leurs effets et prouver en même temps la compétence des sociologues dans le domaine de la recherche empirique. Si elle ne se réalisait pas, l’ami des mots clairs que M. Weber était considérait catégoriquement cela comme « un aveu d’impuissance de la sociologie » (Weischenberg, 2012 : 104). Mais le projet échoua dès la phase initiale ; et ce, principalement parce que le sociologue avait lui-même détruit les bases d’une collaboration avec le secteur de la presse, qui aurait été nécessaire à sa réussite. En 1912, il fut impliqué dans des procès qui servirent sa réputation de combattant pour l’honneur de sa femme qui – comme lui – était un personnage public très actif dans le mouvement pour la libération de la femme et le droit de voter de celle-ci en Allemagne. Il s’agissait d’un rapport au contenu dénigrant Marianne Weber publié anonymement dans un journal de Dresde. Par des moyens juridiques, M. Weber obligea le journal à révéler non seulement le nom de l’auteur, mais aussi sa source – un professeur de journalisme à l’université de Heidelberg – et donc à violer la protection des informateurs, fondamentale pour une presse libre (ibid. : 142-148) La cabale attira l’attention du public sous le nom de « Heidelberger Professorenstreit » (Obst, 1987).
Max et Marianne Weber, 1894. Source : Wikimedia (domaine public).
Finalement, le projet a échoué « à cause du tempérament de Weber […] dans les questions d’honneur (masculin) » (Sica, 2004 : 180). De ce projet ambitieux, il ne resta qu’une petite enquête auprès des rédacteurs, mais les questionnaires remplis disparurent. Le sujet lui-même disparut ensuite de l’agenda de la discipline. La science de la presse, institutionnalisée peu de temps après (1916) – en Allemagne avant même la sociologie –, n’a longtemps montré que peu d’ambitions dans ce domaine, tant sur le plan théorique qu’empirique. Néanmoins, au cours des 100 années qui ont suivi, diverses suggestions de M. Weber ont été reprises et mises en œuvre, même si c’est avec un retard considérable. Cela vaut premièrement pour les questions de l’étude prévue, deuxièmement pour une partie des catégories et des concepts clés et, troisièmement, pour l’influence de trois scientifiques qui se réfèrent particulièrement à M. Weber et qui sont eux-mêmes devenus des théoriciens des médias ou au moins des critiques des médias : Jürgen Habermas, Niklas Luhmann (1927-1998) et Pierre Bourdieu (1930-2002).
Idées de recherche et impact : une mise en perspective
Les propositions que M. Weber présente alors à Francfort (1911 : 44- 51 ; voir aussi Bastin, 2001) peuvent être résumées en exactement 20 questions de recherche, chacune se référant à l’un des quatre contextes de la recherche sur les médias et le journalisme : normes (systèmes médiatiques), structures (institutions médiatiques), fonctions (contenus médiatiques) et rôles (acteurs médiatiques). Au centre de ses idées de recherche se trouvait la détermination des différences et des similitudes entre les médias et le journalisme en Allemagne et dans d’autres pays, par le biais d’un comparatisme international. Il s’est aussi penché sur l’organisation économique de la presse et plus particulièrement sur le problème de la concentration de la presse, qui reste central aujourd’hui. M. Weber formulait ainsi des questions sur la constitution de l’opinion publique, qui lui tenaient manifestement à cœur et qui visaient à étudier les conséquences du développement économique sur la fonction de la presse et la formation d’une opinion publique. Mais il avait déjà en tête les différentes formes de reportages dans différents pays et leur qualité.
En ce qui concerne le contenu des médias, il a posé des questions précises sur les sources d’information et notamment sur la situation des agences de presse internationales et leurs relations, ainsi que sur les résultats de la sélection des informations pour le public. Dans ce contexte, il voulait – comme les sciences de la communication jusqu’à maintenant – déterminer les sujets auxquels les médias accordent ou non leur attention – et pourquoi il en est ainsi. Enfin, il s’intéressait encore – bien que de manière moins explicite – aux changements dans l’utilisation des médias et aux effets spécifiques des médias sur le public et la société moderne dans son ensemble. Ses idées sur la communication en tant qu’action sociale ont été reprises plus tard par les chercheurs qui se sont engagés dans l’approche Uses-and-Gratifications (Renckstorf, 1989 ; Göttlich, 2006). M. Weber s’était déjà intéressé au thème de l’« usages des médias », surtout le livre et la presse quotidienne, lorsqu’il avait mené des recherches empiriques sur les conditions de vie et de travail des ouvriers agricoles à la fin du XIXe siècle (Mehling, 2001 ; Averbeck-Lietz, 2015 : 46 sq.).
Il est également remarquable de constater à quel point les questions de M. Weber dans le domaine de la recherche sur le journalisme au sens strict étaient déjà précises dans son ébauche de projet : sur les caractéristiques des journalistes travaillant pour les médias, leur recrutement et leur formation (académique), les exigences professionnelles et les conditions de travail, ainsi que sur les perspectives professionnelles et les changements de la situation des journalistes professionnels dans différents pays (Weischenberg, 2014 : 248 sq.). La recherche empirique sur le journalisme avait ainsi trouvé une voie vers la connaissance.
Le projet de M. Weber visait à « désenchanter le monde des médias » à un stade très précoce de son développement ; il signifiait « une étude empirique monumentale et globale de la presse » (Lang, 1996 : 13). D’un point de vue actuel, c’est surtout la force méthodologique du projet de M. Weber qui impressionne, comparable à des études sur le journalisme qui n’ont été menées que des décennies plus tard (Hardt, 1979 : 184) et peut-être même avec une vision plus holistique de la communication publique que les formules et modèles ultérieurs (Pöttker, 2020 : 617). Des « traces théoriques » peuvent notamment être trouvées dans les œuvres des trois sociologues J. Habermas, N. Luhmann et P. Bourdieu, qui se sont souvent référés à M. Weber. (Weischenberg, 2012 : 246 sq.).
Le cas de P. Bourdieu est très intéressant à cet égard. Le sociologue français mentionne régulièrement les œuvres du sociologue allemand, mais ne se donne généralement pas la peine de faire des citations exactes et encore moins des références précises aux sources, mais il utilise volontiers l’expression « en substance » – peut-être parce qu’il pense qu’il faut « connaître son Weber » (Bourdieu, 1984 : 41, 60, 167). « Avec Weber contre Weber » était le titre d’un entretien avec P. Bourdieu. Il y exprime à plusieurs reprises son admiration pour M. Weber, derrière lequel on sent toute la grandeur de la philosophie allemande. Mais dans les années 1960, M. Weber était considéré plutôt comme un « homme de droite » en France, notamment parce que Raymond Aron (1905-1983 ; 1959, 1967) – ancien professeur de P. Bourdieu avec lequel ce dernier s’est ensuite brouillé – l’y avait introduit : « Je me suis dit, je ne suis quand même pas de droite, Weber, c’est juste bien… » (Bourdieu, 2000 : 115).
Les catégories et concepts centraux de M. Weber se retrouvent encore, en particulier en Allemagne, dans de nombreuses études en sciences de la communication (Weischenberg, 2014 : 248 sq.). Cela vaut en particulier pour l’utilisation du concept très efficace d’idéal-type. Dans les publications pertinentes, on voit aussi souvent apparaître les concepts d’éthique de conviction dans la tradition kantienne et d’éthique de responsabilité dans la tradition utilitariste, que M. Weber a utilisés comme base de ses réflexions sur le comportement moral et qu’il a popularisés dans sa conférence Politik als Beruf. Les thèmes principaux pour lesquels la recherche en sciences de la communication se réfère à chaque fois à M. Weber sont la sociologie de la domination, qu’il avait présentée avant tout dans Économie et société (Weber, 1922b), puis la doctrine des sciences, ainsi que la sociologie des professions.
Partie du manuscrit d’Économie et société [Wirtschaft und Gesellschaft] de Max Weber. Révisé plusieurs fois jusqu’à peu avant sa mort. Source : Wikimedia, Akademie Aktuell (domaine public).
S’il existe dans la littérature des réponses aux questions de recherche de M. Weber, deux thèmes, que le sociologue semblait trouver très intéressants, dominent : la sélection des nouvelles, ainsi que les caractéristiques et les conditions de travail des journalistes. En ce qui concerne les nouvelles – leur genèse et leur sélection –, l’analyse de contenu est d’une importance capitale d’un point de vue méthodologique ; c’est là, comme l’avertissait M. Weber (1911 : 52) à l’époque à Francfort, qu’il faudra « commencer de manière tout à fait banale à mesurer, avec les ciseaux et le compas ». L’une des premières études empiriques fondées sur cette méthode fut la thèse du journaliste et spécialiste de la presse Otto Groth (1875-1965 ; 1915), qui aurait été inspirée par M. Weber.
Max Weber et son observation du journalisme
Après l’échec du projet en 1912, M. Weber ne revint jamais sur son idée de mesurer la situation des médias et du journalisme par la recherche empirique et en particulier par l’utilisation de nouvelles méthodes comme l’analyse quantitative du contenu et les interviews. Ce n’est que des années plus tard qu’il s’est à nouveau référé au journalisme pour des raisons d’actualité, dans le cadre de la conférence Politik als Beruf. Ses explications de l’époque, notamment sur la classification de la position sociale des journalistes et sur le fonctionnement du journalisme moderne (Bastin, 2013), ont depuis été citées à de nombreuses reprises – même si, en raison des circonstances, elles ne pouvaient pas se fonder sur des observations empiriques systématiques, mais ne représentaient qu’une sorte de « sagesse conventionnelle ». Elles étaient en tout cas très éloignées de son postulat de la liberté de valeur.
Le journaliste appartient, selon M. Weber, « à une sorte de caste paria » qui n’est jugée socialement que par ses représentants les plus bas sur le plan éthique. Manifestement, beaucoup ne sont pas conscients du fait qu’« une prestation journalistique vraiment bonne exige au moins autant “d’esprit” que n’importe quelle prestation de chercheur » ; et ce, en raison de la contrainte « d’être produit immédiatement, sur commande, et de devoir agir immédiatement […] ». Et il a ensuite établi un lien avec ses remarques sur le comportement éthique, qui constituaient un point fort de l’exposé : « Que la responsabilité est bien plus grande, et que le sentiment de responsabilité de chaque honorable journaliste n’est pas en moyenne au moins plus bas que celui du savant, […] n’est presque jamais apprécié […] » (Weber, 1968 [1911] : 29).
Peu après la fin de la Première Guerre mondiale, M. Weber était préoccupé par la responsabilité pour l’avenir de la nation, un postulat qui s’adressait aussi bien aux hommes politiques qu’aux journalistes. À cette occasion, il a appliqué sa distinction entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité au comportement des hommes politiques. Entre-temps, ces deux catégories sont aussi utilisées pour décrire les contours d’une éthique des médias et font donc partie des traces laissées par M. Weber dans le domaine de l’observation scientifique de la communication médiatique dans la société moderne (Weischenberg, 2014 : 22 sq.) C’est sans doute pour cela que l’on peut effectivement dire « même cent ans après la mort de Max Weber, les sciences de la communication et le journalisme peuvent encore apprendre de lui » (Pöttker, 2020 : 617).
La recherche empirique sur le journalisme n’avait commencé qu’un quart de siècle après l’échec du projet de M. Weber, avec une étude de cas pionnière sur « The Washington Correspondents » (Rosten, 1937) ; elle a ensuite atteint son apogée à partir des années 1970 avec de nombreuses études sur la sélection des nouvelles et la production éditoriale. Parallèlement, la première étude représentative sur « The News People » (Johnstone, Slawski, Bowan, 1976) a été lancée aux États-Unis. Aujourd’hui, l’internet et en particulier le Web 2.0 ne sont pas seulement à l’origine d’un changement révolutionnaire dans le monde des médias, mais aussi d’une durée de vie de plus en plus courte des connaissances issues des études correspondantes. La seule chose qui semble sûre est que le concept classique des médias de masse (à l’époque : la presse) et du journalisme, qui a « déclenché » les questions de M. Weber, est en train d’être remis en question.
Traduction de l’allemand : Jacques Walter
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